Jean-François Delfraissy : l’épidémie «n’avait probablement pas été suffisamment anticipée»
« On a raté quelque chose, probablement en février, en n’ayant pas la capacité suffisante de tests » affirme au Sénat le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy. C’est pourquoi « le confinement était la seule mesure ou la moins mauvaise des mesures » au début de l’épidémie.

Jean-François Delfraissy : l’épidémie «n’avait probablement pas été suffisamment anticipée»

« On a raté quelque chose, probablement en février, en n’ayant pas la capacité suffisante de tests » affirme au Sénat le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy. C’est pourquoi « le confinement était la seule mesure ou la moins mauvaise des mesures » au début de l’épidémie.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Tout n’est pas encore tout à fait prêt pour le déconfinement. Et tout n’a pas été fait au mieux, avant la crise. On le sait, mais aujourd’hui, c’est le président du Conseil scientifique qui le dit. Auditionné par la commission des affaires sociales du Sénat ce jeudi 30 avril, Jean-François Delfraissy « alerte sur l’organisation des brigades », qui devront remonter les contacts d’un malade, et « le défi » du déconfinement.

« Si on n’arrive pas à avoir les tests et la brigade, ça ne va pas le faire le 11 mai » avertit le professeur, qui évoque le risque d’une « deuxième vague » en septembre ou octobre (voir la vidéo). Dès aujourd’hui, « l’ensemble de la population française doit porter des masques » dans les lieux publics, selon Jean-François Delfraissy (lire notre article sur l’ensemble de son audition).

S’il parle ici du futur, le passé récent n’était pas absent. En filigrane, la question des retards, lacunes ou erreurs constatés au début d’épidémie, est apparue par touches, tout au long de l’audition.

« Le 6-7 mars on a vraiment senti que la situation devenait critique »

« Le 6-7 mars on a vraiment senti que la situation devenait critique dans les hôpitaux du Grand Est et d’Ile-de-France », souligne Arnaud Fontanet, en retraçant les premiers moments. Constat confirmé au regard de la situation en « Italie », qui avait plusieurs jours d’avance. Autrement dit, les autorités savaient parfaitement ce qui était en train de se passer, avant les municipales. Ce qui repose la question de savoir pourquoi a été maintenu le premier tour, où 20 millions de Français se sont déplacés, entraînant forcément plus de contaminations, puis statistiquement des décès liés au Covid-19.

Par ailleurs, avec « un système de surveillance beaucoup plus large, avec des dépistages systématiques de personnes avec des symptômes respiratoires », le « foyer de l’Oise » aurait pu être « repéré plus tôt », selon le responsable de l’Institut Pasteur. Mais il tempère cette critique, car « on n’était pas en mesure » d’avoir « la prouesse technique », à ce moment-là, qui aurait « permis d’avoir assez de tests ».

« Ne pas se retrouver comme fin février/début mars »

Mais globalement, selon Jean-François Delfraissy, « on a raté quelque chose, probablement en février, en n’ayant pas la capacité suffisante de tests ». C’est pourquoi, comme il l’a déjà dit, « le confinement était la seule mesure ou la moins mauvaise des mesures, compte tenu du nombre de tests et la circulation du virus à ce moment-là ».

Pour le professeur de médecine, c’est clair : il faut pour l’avenir « anticiper et ne pas se retrouver comme fin février/début mars avec quelque chose qui n’avait probablement pas été suffisamment anticipé, mais de nous tous, je me mets dedans » (voir à la fin de la vidéo).

Pour le professeur, il y aura aussi « des leçons à tirer » de cette crise. Evoquant « le malaise hospitalier depuis plusieurs mois, qui ne relève pas que de ce gouvernement », Jean-François Delfraissy pointe « un problème de moyens ». Les leçons des dernières semaines laissent espérer, en cas de possible deuxième vague, une meilleure réponse, cette fois, face au choc de l’épidémie.

Partager cet article

Dans la même thématique

13-UNIS : la course en hommage aux 10 ans des attentats de novembre 2015
5min

Politique

Commémoration du 13 novembre : 10 ans après les attentats, la menace terroriste « s’accroît »

Alors que la France rend hommage aux victimes des attentats de Paris de 2015, le ministre de l’Intérieur a appelé les préfets à « renforcer les mesures de vigilance ». Le procureur national antiterroriste (Pnat) Olivier Christen, indique même que la menace terroriste, jihadiste, d’ultradroite ou émanant d’Etats étrangers « s’accroît ».

Le

France Paris Shooting
4min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015 : dix ans après, comment les lois antiterroristes ont évolué ?

Dix ans après le traumatisme des attentats du 13 novembre 2015, le cadre juridique permettant la prévention et la répression d’actes terroristes a largement évolué. Après les attaques du Bataclan, des terrasses parisiennes et du Stade de France ayant fait 131 morts et plus de 400 blessés, la France avait basculé dans l’état d’urgence, un régime juridique d’exception qui a influencé les évolutions législatives.

Le

Jean-François Delfraissy : l’épidémie «n’avait probablement pas été suffisamment anticipée»
4min

Politique

Immigration : Laurent Nunez a « bon espoir que le plan 3 000 places de centres de rétention administrative aboutisse en 2029 »

A l’approche de l’examen du budget, le ministre de l’Intérieur, Laurent Nunez était auditionné par commission des lois du Sénat a présenté des crédits en hausse pour la mission sécurité et immigration de son ministère. Il en a profité pour confirmer que l’objectif 3 000 places en des centres de rétention administrative, initialement prévu pour 2027, ne sera pas tenu, comme l’avait révélé un rapport du Sénat.

Le

5min

Politique

Budget : des sénateurs souhaitent assouplir le droit des successions pour favoriser les dons aux associations

Les sénateurs Bernard Jomier et Grégory Blanc (Place Publique) ont déposé un amendement au projet de loi de finances 2026, visant à élargir la liberté des légataires dans la transmission de leur patrimoine, pour favoriser les donations aux causes d’intérêt général. De quoi permettre un débat « le plus large possible » selon les élus, dans une séquence budgétaire intense.

Le