Alors qu’arrive le budget 2025 au Sénat, le président de la commission des finances, le socialiste Claude Raynal, « pose sur la table » l’idée d’une surtaxe temporaire qui viserait les 20 % les plus riches. De quoi rapporter 3 milliards d’euros par an.
Jean-François Delfraissy prédit des « conséquences sanitaires importantes à la mi-mars »
Par Pierre Maurer
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Cette semaine, beaucoup ont critiqué sa versatilité. « Alarmiste » un jour, beaucoup moins le lendemain, Jean-François Delfraissy s’est expliqué ce jeudi soir devant les parlementaires de l’OPECST qui l’auditionnaient sur la stratégie vaccinale. Le président du Conseil scientifique, qui éclaire l’exécutif dans sa gestion de la crise sanitaire, n’a pas dévié de sa ligne : oui l’heure est grave, mais une décision ne nécessite pas d’être prise dans la minute.
Le professeur d’immunologie a d’abord dressé le bilan de la propagation des différents variants, britannique en tête. « On est à 14 % à Paris, mais il y a une grande hétérogénéité entre les régions », a-t-il expliqué face aux sénateurs et députés. Fort heureusement, les vaccins obtiennent « une neutralisation de qualité » sur le variant anglais. Beaucoup moins sur son cousin sud-africain, avec une perte de sensibilité à 40 %. Mais le professeur se veut rassurant : « Moderna est en train de construire des vaccins capables de se diriger contre plusieurs variants. Vont-ils y arriver ? La technique, en tout cas, le permet ».
Sur la circulation de ces variants, il estime que la France est plutôt « bonne élève » même si elle fait face à une « double infection ». Le couvre-feu ne lui paraît pas suffisant. « Il y a une efficacité, pas majeure, sur la circulation du virus en général, mais aucune efficacité sur la circulation et la pénétration des variants », relève-t-il. Il ajoute : « L’arrivée du variant montre que l’on va se retrouver à la mi-mars dans une situation sanitaire avec des conséquences importantes pour les entrées en réanimation ».
« Prenons le temps de construire la moins mauvaise des réponses »
Alors que l’exécutif consulte depuis deux jours dans la perspective d’un reconfinement « serré » selon les mots du porte-parole du gouvernement, une décision aurait-elle dû être prise plus tôt ? « A nos yeux, l’arrivée de ces variants est en train de modifier la donne. Je crois que c’est l’histoire naturelle et qu’il y aura d’autres variants. Il faut une très grande souplesse dans la construction des vaccins », explique-t-il. Encore faut-il disposer de doses de vaccins dont les retards de production s’accumulent. « Je considère qu’on est dans quelque chose d’urgent. Ne confondons pas l’urgence et l’extrême urgence sur des décisions aussi complexes comme un reconfinement. On est dans un moment où il va falloir prendre des décisions. Mais prenons le temps de construire la moins mauvaise des réponses », abonde-t-il, martelant son rôle de « conseil du politique » et non de décisionnaire. Il reconnaît bien qu’il y a « parfois un décalage entre le signal donné par le Conseil scientifique et la décision politique », mais pas de friture sur la ligne. A chaque fois, le politique reste maître de ses choix. Et s’oppose parfois à raison aux médecins : « Le politique a souhaité rouvrir les écoles au mois de mai, nous ne voulions pas, et finalement il a eu raison », estime-t-il. La question qui se pose actuellement à l’exécutif lui semble cornélienne : « Faut-il continuer à préserver la santé des anciens peut être au détriment des plus jeunes ? » Selon BFMTV, Emmanuel Macron souhaite un reconfinement moins dur pour les jeunes, en raison de l’impact psychologique. Est-ce qu’une stratégie de territoires pourrait être mise en place ? « Oui et elle a été jusqu’ici peu appliquée », observe-t-il.
Une sortie de crise possible ? « Une fois qu’on aura vacciné l’ensemble des personnes les plus à risques »
Sur le cas des écoles, Jean-François Delfraissy prêche dans le sens du ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer : « Nous restons pour l’instant sur la position de garder les écoles ouvertes ». Les études anglaises ne l’ont pas convaincu et « les enfants sont un facteur de transmission, mais pas particulièrement impliqués dans la transmission des variants », argue-t-il. D’ailleurs au niveau européen « la moitié des pays ont fermé les écoles, l’autre moitié non ». Et pour cause, selon lui, « ce qui ressort : c’est qu’on se contamine lorsqu’on arrête de porter le masque et que l’on boit et mange en extérieur ou en intérieur ».
Quand espérer voir le bout du tunnel ? « On aura une sortie de crise possible une fois qu’on aura vacciné l’ensemble des personnes les plus à risques ». Il assure par ailleurs que les prochains mois seront décisifs dans la course aux traitements, en supplément des vaccins. Le signe d’un autre espoir : « Nous n’avons pas de médicaments spécifiques ayant fait la preuve de son efficacité. Mais on a des cocktails d’anticorps qui doivent être donnés très tôt, avec lesquels on peut bloquer la multiplication du virus ». Pour l’heure, « l’idée n’est pas de contrôler et d’éradiquer ce virus (mais) de le maintenir à un certain niveau qui permette de protéger contre la morbidité et la mortalité les personnes les plus anciennes et fragiles ». Emmanuel Macron pourrait annoncer ce week-end ou lundi des mesures plus strictes, qui feront l’objet d’un débat et d’un vote symbolique au Parlement la semaine prochaine.