« On a des quartiers où il y a plus de jeunes, plus de monoparentalité, plus d’éloignement…. Et il y a moins de moyens qu’ailleurs. Il y a quelque chose qui ne va pas. Ces quartiers sont indispensables à la République (…) La croissance et la puissance d’un pays dépendent de ses ressources humaines. Comment peut-on imaginer sérieusement qu’on gâche autant de talents, différents, fertilisants, pour la croissance de notre nation ? »
« Ça fait deux ans et demi qu’il n’y a plus une grue dans les quartiers »
L’ancien ministre de la Ville et de la Cohésion des territoires, fondateur et ancien président de l’UDI, Jean-Louis Borloo était l’invité phare de la conférence des territoires que le parti centriste organisait ce jeudi au Sénat. Au menu, plusieurs tables rondes, sur l’attractivité économique des territoires et des métropoles, l’écologie, le développement durable et enfin le moment fort de la matinée : la politique de ville. En effet, dans ce domaine, Jean-Louis Borloo peut apporter plus que son expertise passée. Il a été chargé récemment par le président de la République de travailler à une mission sur les quartiers populaires, dont le texte doit être rendu en mars. Le fondateur du Programme Nationale de Rénovation Urbaine (PNRU) s’est interrogé devant l’auditoire. « Comment une grande nation comme ça a pu laisser un programme de cette importance s’arrêter. C’est hallucinant. Ça fait deux ans et demi qu’il n’y a plus une grue dans les quartiers ». L’ancien ministre a plaidé pour un effort constant, même marginal, de tous les échelons (commune, département, région, État) en faveur de la rénovation urbaine, citant la création « de digitales académies, d’espace de coworking, de transports écologiques, de programmes contre l’illettrisme ». Il a aussi demandé à ce que l'on cesse d’opposer l’urbain et l’humain, « il n’y a que les crétins du quartier latin qui opposent les deux ».
« Que ce ne soit pas que de l’affichage »
Proche de Jean-Louis Borloo, la sénatrice du Nord, Valérie Létard, complète : « Nous avons affaire à des collectivités qui ont déjà beaucoup investi pour accompagner ces dynamiques et elles ont besoin aussi que l’État soit au rendez-vous, non pas seulement au travers de prêts, mais aussi de financements qui existaient dans le premier programme de rénovation urbaine pour aider les territoires les plus pauvres économiquement ». La sénatrice attend beaucoup « de ce tour de France », « de cette consultation des acteurs de la politique de ville » opéré par Jean-Louis Borloo afin de voir comment « les 10 milliards d’euros annoncés par le président de la République pour accompagner ce nouvel élan se traduisent concrètement et que ce ne soit pas que de l’affichage ».
« Êtes-vous capables d’écouter les territoires ? Nous, nous sommes capables de les faire parler »
Constructif et loin d’être opposé à un travail en collaboration avec le gouvernement, le président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, a bien entendu Emmanuel Macron accepter le principe de différenciation des territoires. « Et bien. Banco. Nous y sommes ouverts aussi. Seulement la différenciation, ça nécessite de l’écoute. La balle est dans le camp de l’État et du gouvernement. Êtes-vous capables d’écouter les territoires ? Nous, nous sommes capables de les faire parler ».
Éducation, urbanisation, écologie… Cette première conférence UDI des territoires était donc l’occasion pour les députés, sénateurs, élus locaux de faire remonter des propositions à l’exécutif. « La question des énergies renouvelables, de l’isolation de bâtiments publics et des logements, la question de la lutte contre les catastrophes naturelles. On a été victimes deux années de suite d’importantes inondations. Donc, il faut voir de quelle manière, on peut faire des propositions à l’État pour nous donner les moyens de mieux réagir à tous ces enjeux-là » explique Franck Riester, député de Seine-et-Marne et co-président du groupe UDI, Agir et Indépendants de l’Assemblée nationale.
Enfin, le président du groupe centriste du Sénat, Hervé Marseille en a profité pour rappeler l’une des lignes rouges de la Haute assemblée en vue de la prochaine révision constitutionnelle. « Il faut défendre les territoires ruraux. Il n’y a pas que des métropoles. Par exemple, nous sommes attachés à l’article 72-2 de la Constitution qui concerne les ressources propres des collectivités territoriales, qui les protège et qui les délimite ». Une manière pour les centristes de se faire entendre avant la prochaine conférence des territoires qui sera organisée, cette fois-ci, par l’exécutif.