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Jean-Louis Debré, l’ancien président du Conseil constitutionnel, est mort

Figure de la droite chiraquienne, ancien président du Conseil constitutionnel et de l’Assemblée nationale, Jean-Louis Debré est mort à l’âge de 80 ans dans la nuit de lundi à mardi.
Simon Barbarit

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C’est une figure marquante de la droite qui s’en est allée dans la nuit de lundi à mardi. Jean-Louis Debré est décédé à l’âge de 80 ans. Fils de Michel Debré, l’un des pères fondateurs de la Constitution de 1958, le nom Debré aura marqué de son empreinte la Ve République. Bernard Debré, frère jumeau de Jean-Louis, ancien député et ministre, est lui décédé en 2020.

Docteur en droit public et ancien élève de Sciences Po, Jean-Louis Debré commence son parcours politique aux côtés de Jacques Chirac, dont il restera l’un des plus fidèles lieutenants. Conseiller technique à son cabinet au ministère de l’Agriculture et du Développement rural, en 1974, il adhère au RPR dès sa création en 1976.

Meilleur ennemi de Nicolas Sarkozy

Elu député de l’Eure en 1986, réélu en 1988 et 1995, puis de 1997 à 2007, il est le porte-parole du candidat Chirac à la présidentielle en 1995. En cette période de division de la droite, Jean-Louis Debré ne cède pas aux sirènes balladuriennes et voit sa fidélité à l’égard de Jacques Chirac être récompensée. Il sera le ministre de l’Intérieur des gouvernements Juppé. A Beauvau, il mène une politique de fermeté contre l’immigration irrégulière, illustrée par l’évacuation de 300 immigrés clandestins réfugiés dans l’église Saint-Bernard, à Paris.

Au début des années 2000, Jean-Louis Debré ne cache pas son inimitié avec Nicolas Sarkozy. Interviewé en 2016 par Jean-Pierre Elkabbach, dans l’émission Bibliothèque Médicis sur Public Sénat, il déclare à propos de l’ancien chef d’Etat : « Nous n’avons jamais pu accorder nos violons. Ce que je lui reproche c’est d’avoir fait la guerre permanente pour saper l’autorité du président de la République ». Une référence au deuxième mandat de Jacques Chirac, au cours duquel Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur affichait, sans pudeur, ses ambitions présidentielles ».

Jean-Louis Debré ne revient pas au gouvernement après 2002. Soutenu officieusement par l’Elysée, il est élu à la présidence de l’Assemblée nationale, un poste convoité par Édouard Balladur. Il se révélera soucieux des droits de l’opposition. En 2006, lors de l’examen du projet de loi autorisant la privatisation de Gaz de France, le président de l’Assemblée nationale décidera, néanmoins, de marquer les esprits en montant les piles de papiers que représentaient les 137 500 amendements de l’opposition, symbole de l’obstruction parlementaire

« Le connard de service »

Sa nomination au Conseil constitutionnel par Jacques Chirac en 2007 coïncide avec l’arrivée à l’Elysée de Nicolas Sarkozy. La détestation entre les deux hommes s’entretiendra après l’invalidation par les neuf Sages des comptes de campagne de la présidentielle de 2012 de Nicolas Sarkozy. Avec la révision constitutionnelle de 2008 qui introduit la Question prioritaire de constitutionnalité, l’activité du Conseil se multiplie passant de 20 décisions par an à 200. A son départ de la rue Montpensier en 2016, son bilan est salué.

Il racontera les moments croustillants de son parcours politique dans son livre « Ce que je ne pouvais pas dire », (Ed. ‎Robert Laffon). Caricaturé en imbécile par sa marionnette des Guignols de l’Info, il se surnommait lui-même « le connard de service ». « J’ai fait mon boulot, ils se sont trompés, je les salue bien », se réjouissait-il en quittant le Conseil.

Fidèle visiteur du soir de Jacques Chirac jusqu’à sa mort, Jean-Louis Debré s’éloigne de son parti lors de la campagne présidentielle de 2017. Soutien d’Alain Juppé à la primaire, il n’est pas tendre avec François Fillon, dont il estime qu’il aurait dû renoncer à sa candidature, empêtré dans son affaire de détournement de fonds public. Il annonce à quelques jours du premier tour qu’il votera Emmanuel Macron.

Interviewé dans le journal le Point l’année dernière, Jean-Louis Debré ne porte pas moins un regard sévère sur le « bilan macronien ». « Il aura fait monter les populismes de droite et de gauche, et a cassé les républicains de droite et de gauche. Sans rien reconstruire à la place ».

Un hommage à Jean-Louis Debré sera rendu à l’Assemblée nationale ce mardi avant les questions d’actualité au gouvernement et également au Sénat avant le débat sur l’Ukraine.

 

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