À moins de six mois de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron, candidat très probable à sa propre succession, continue de dominer l’ensemble des sondages. Publié le 27 octobre, une enquête Elabe donne le président sortant largement en tête au premier tour, avec 23 à 26 % des intentions de vote, en fonction du candidat que Les Républicains se choisiront. « Le leadership d’Emmanuel Macron est fort, et il n’y a pas aujourd’hui sur la scène politique quelqu’un qui ait un leadership comparable au sien. En revanche, il y a un leadership territorial de la droite française. Je pense que nous sommes dans une perspective de cohabitation qu’il faut étudier », a commenté mercredi matin, au micro de « Bonjour chez vous » sur Public Sénat, Jean-Pierre Raffarin. En clair : l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac estime que le chef d’Etat a toutes les chances d’être réélu, mais ne pense pas, le cas échéant, que l’actuelle majorité présidentielle puisse être reconduite à l’issue des prochaines législatives.
« Chez Emmanuel Macron il y a un leader mais l’organisation politique est fragile, à droite il y a une implantation politique très importante, une force territoriale puissante, mais il y a aussi des questions pour le leadership », observe encore l’ancien sénateur.
Jean-Pierre Raffarin doute ainsi qu’Emmanuel Macron puisse bénéficier de « l’effet d’entraînement » qu’il a connu lors de son élection en 2017, et qui a vu déferler sur l’Assemblée nationale une importante vague de nouveaux arrivants. « La majorité présidentielle, je la trouve vaporeuse, elle n’est pas vraiment organisée et puissante comme doit l’être une majorité pour soutenir la réélection d’un président », relève-t-il. Il pointe notamment le rôle que pourrait être amené à jouer une personnalité comme Édouard Philippe, susceptible de bâtir de nouveaux ponts entre le camp présidentiel et la droite. « L’intérêt d’Édouard Philippe [qui vient de lancer sa propre formation politique, ndlr], c’est de faire en sorte qu’Emmanuel Macron soit élu. Je pense qu’il est nécessaire à une victoire aux législatives. »
Xavier Bertrand, le mieux placé pour battre Emmanuel Macron, mais avec une logique de rejet
« Je ne dis pas qu’Emmanuel Macron est assurément réélu, parce qu’un front anti-Macron est possible, si la droite choisit un candidat qui a un espace suffisamment large pour récolter les mécontents », nuance toutefois Jean-Pierre Raffarin. « L’élection présidentielle peut aussi être un choix par rejet du président, un front anti-sortant. Il conduirait des gens qui ont des positions différentes à voter contre Emmanuel Macron. De ce point de vue là, Xavier Bertrand est un réceptacle assez large pour avoir des gens de gauche et de droite qui pourraient voter pour lui », poursuit le président de la Fondation pour la Prospective et l’Innovation.
Un scénario peu enviable néanmoins, « car il est très difficile de gouverner quand on a été élu à cause du rejet », avertit Jean-Pierre Raffarin.