Le ministre des affaires étrangères a commencé son discours liminaire par un rappel à la vigilance quant au coronavirus : « On vit en France comme si le virus était en train de partir définitivement. Mais au niveau mondial la pandémie est en phase d’accélération (…). Le bilan global aujourd’hui dépasse les 11 millions et demi de cas et plus de 500 000 décès », a alerté Jean-Yves Le Drian. Il a également affirmé que les frontières étaient actuellement ouvertes avec 14 pays, « Selon des critères qui sont régulièrement revus ». Questionné sur l’absence de tests aux aéroports de Paris, le ministre a précisé que « tout résident venant d’un pays considéré comme rouge doit faire une quatorzaine volontaire.»
Covid-19: "Au niveau mondial la pandémie est en phase d’accélération " alerte Jean-Yves Le Drian
Fermeté sur l’embargo sur les armes en Libye
L’audition de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées devait se concentrer sur la Méditerranée en raison de la montée des tensions notamment entre la France et la Turquie autour de la situation en Libye. Sur ce point, Jean-Yves Le Drian a voulu mettre les points sur les i : « J’entends beaucoup de choses sur le fait que la France aurait choisi le camp du maréchal Haftar et j’entends cela souvent de la part de commentateurs qui ne connaissent pas l’histoire, je vais recadrer tout ça », a-t-il indiqué avant de préciser que le Maréchal Haftar avait été reconnu de manière légitime par le Parlement issu des élections de l’été 2014 en Libye. « À ce moment-là, l’objectif principal de l’Armée Nationale Libyenne regroupée autour du Maréchal Haftar, était de lutter contre Daech. (…) À ce moment, nous appuyons, par des conseils et par un soutien politique, l’ANL reconnue internationalement pour son combat contre Daech. Je vous rappelle qu’on est en 2014-2015, ce sont les attentats en France. »
Le ministre des Affaires étrangères a ensuite ajouté que la situation a actuellement changé et que la situation en Libye est proche d’une guerre civile « On assiste à un Syrianisation, de la Libye. Une syrianisation pas juste symbolique puisque les forces qui soutiennent le gouvernement d’entente nationale de Fayez el-Sarraj, sont des forces organisées par les Turcs autour de milices de la région Ouest de la Libye, fournies en proxys ou en éléments de combat par la Turquie, avec des combattants de la zone d’Idlib… transportés par avion pour combattre en Libye. C’est spectaculaire » a-t-il précisé. Interrogé ensuite sur le risque de voir réapparaître des membres de Daech en Europe, Jean-Yves Le Drian répond qu’il est « vraisemblable que les éléments militaires syriens qui accompagnent les Turcs soient infiltrés par d’anciens responsables de groupes djihadistes. « C’est pour ça que la situation est grave » a affirmé le ministre. Il a donc à plusieurs reprises insisté sur l’importance de faire respecter les accords de Berlin en janvier 2020 et a appelé à plus de fermeté sur l’embargo sur les armes.
Jean-Yves Le Drian : "On assiste à un syrianisation, de la Libye"
« C’est au pays de prendre en main son destin »
En référence à l’incident, qui a eu lieu entre la France et la Russie lors de la mission de l’Otan, Jean-Yves Le Drian affirme que la France « dénonce les manœuvres de la Turquie et demande une clarification : « Nous nous sommes retirés de la mission de l’Otan tant qu’il n’y aura pas de clarification, nous ne mettons plus de moyens nationaux » a-t-il indiqué. Le 10 juin dernier, la frégate française Le Courbet avait en effet été visée par des radars de conduite de tir de la marine turque.
Jean Yves Le Drian : « Nous attendons des clarifications avec la Turquie »
Jean-Yves Le Drian est également revenu sur la situation au Liban où il devrait se rendre dans les prochains jours : « La prise de conscience du risque d’effondrement des partenaires libanais n’est pas assez importante », a-t-il regretté. Il déplore également que les discussions commencées avec le FMI soient rompues. Le ministre est également revenu sur le soutien financier aux écoles chrétiennes et a insisté sur la souveraineté nationale du Liban « C’est au pays de prendre en main son destin. (..) Je n’y vais pas pour négocier, c’est à eux de prendre leurs responsabilités », a-t-il expliqué.
Le ministre des Affaires étrangères a aussi affirmé son inquiétude quant à l’Iran dont le Parlement est à nouveau aux mains des conservateurs : « Je suis très préoccupé par le décorticage du JCPOA cela accentue le risque de prolifération nucléaire », a-t-il indiqué. Il a également rappelé que la priorité en Irak est la lutte contre Daech. « Le groupe est toujours en activité et peut gagner du terrain dans cette crise économique ».