Au dixième jour du confinement, Jérôme Durain accumule les frustrations. Le sénateur de Saône-et-Loire, également élu à la région Bourgogne-Franche-Comté, aimerait être davantage sur le terrain, mais « le confinement nous empêche d’avoir l’expérience sur le terrain de ceux qui sont en première ligne » nous confie-t-il par téléphone.
Alors depuis le 17 mars, le sénateur organise ses rendez-vous à distance, par visioconférence. Entretien avec le préfet, réunions par téléphone avec ses collègues élus à la région, il s’adapte : « dans la méthode c’est quelques chose de nouveau, on n’a pas la même qualité d’échanges. Mais on s’y habitue.»
Avec le préfet, justement, il a été question de la crise du covid-19 en Saône-et-Loire, un « territoire qui n’est pas différent du reste de la France : où il y a les mêmes questions d’approvisionnement, d’achat de masque… » et quelques situations « hallucinantes », raconte Jérôme Durain, « comme des hôpitaux qui demandent des lingettes désinfectantes aux particuliers ».
A l’image de beaucoup d’autres départements en France, les EHPAD et les Agences régionales de Santé manquent de masques. « La situation commence à marquer un pic : Mâcon est assez touché, et nous avons eu les premiers cas liés à des Covid dans les EHPAD. Dans deux EHPAD notamment, il y a eu six décès en deux heures.»
Il y a une autre situation que le sénateur socialiste surveille de près, c’est celle des dernières lois d’urgence examinées au Parlement la semaine dernière. Là encore, « il y a la frustration de ne pas être au Sénat car ce sont des débats très importants » dit Jérôme Durain. Le projet de loi d'urgence pour faire face à l'épidémie de Covid-19 donne de larges pouvoirs à l’exécutif : une situation qui doit être surveillée, selon l’élu socialiste. «J e ne veux pas être dans le procès d’intention, explique-t-il. Depuis le début de ce quinquennat, la place du Parlement est faible. Il faut protéger chaque exécutif de la tentation qui est la sienne d’aller au bout de ses pouvoirs. Cette tentation doit être endiguée par un Parlement très attaché aux libertés individuelles. C’est un rôle constant des parlementaires de veiller aux libertés fondamentales». Et le sénateur d’évoquer le « tracking » et d’autres outils numériques qui pourraient être employés pour surveiller les déplacements des Français, « tout cela n’est pas anodin » ajoute le sénateur, membre de la commission des lois de la Chambre Haute.
Au moment de raccrocher, Jérôme Durain conclut : « même s’il y a un mouvement d’unité nationale, il faudra à un moment venu, s’interroger sur la gestion par l'exécutif de ce moment particulier de notre histoire », surtout si ce type de crise est amené à être de plus en plus fréquent, glisse-t-il en conclusion.