Jérôme Rodrigues et François Boulo, deux figures « gilets jaunes » en terre insoumise

Jérôme Rodrigues et François Boulo, deux figures « gilets jaunes » en terre insoumise

L'un tacle Jean-Luc Mélenchon, l'autre explique pourquoi il ne veut pas d'une 6e République: malgré des convergences, les figures...
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Par Baptiste BECQUART

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L'un tacle Jean-Luc Mélenchon, l'autre explique pourquoi il ne veut pas d'une 6e République: malgré des convergences, les figures "gilets jaunes" Jérôme Rodrigues et François Boulo ont secoué les Universités d'été de La France insoumise (Amfis), samedi à Toulouse.

Alors que quelques centaines de "gilets jaunes" manifestaient dans plusieurs villes, difficile de prime abord d'imaginer ces deux figures de la contestation protéiforme des derniers mois se couler dans le rituel annuel très structuré des Insoumis, aux 1.500 militants, aux 250 intervenants et 130 conférences et ateliers organisés dans un austère centre de Congrès.

Et chacun à leur manière, Jérôme Rodrigues et François Boulo ont énergisé des "Amfis"à l'atmosphère plus ouatée que de coutume, mois de tensions internes et de mauvais résultats électoraux obligent.

Ne serait-ce que dans les couloirs, le premier - tout droit arrivé de la côté basque où il a manifesté contre le G7 - n'est pas passé inaperçu, avec son oeil en moins, sa barbe fournie et sa voix forte et éraillée pour répondre aux nombreuses sollicitations.

A l'estrade d'une conférence avec son comparse "gilet jaune" et Raquel Garrido, il s'exprime debout, pieds nus, panoplie T-shirt jaune et noir, short en jean et casquette. "Je vais mettre une cartouche à Jean-Luc Mélenchon: la République c'est nous!", s'exclame-t-il sous les rires et, somme toute, les applaudissements, en référence à la phrase du leader insoumis, "La République c'est moi", pendant les perquisitions au siège de LFI en octobre dernier.

"Ok il était énervé, mais c'est sur ce genre de phrases que l'opinion publique ne croit plus en la politique", tonne-t-il. Les oreilles du chef de file ont dû siffler, depuis l'Amérique latine où il attend de rencontrer l'ancien président brésilien Lula dans sa prison...

- "Trouble" et flottements -

Face à ce tempérament nerveux, rentre-dedans, provocateur, François Boulo, lunettes cerclées, cheveux plaqués sur la nuque, détonne, ce qui fait s'esclaffer Jérôme Rodrigues: "Vous avez vu le premier de la classe? Moi je suis le mec du radiateur, qui lui pique son goûter!"

Mais avec la méthode et la confiance de l'avocat, d'une voix légèrement traînante, François Boulo n'hésite pas à donner une leçon de stratégie aux Insoumis.

Il goûte peu à la VIe République qu'ils réclament: "Les slogans c'est bien pour être identifié, mais il ne faut pas qu'ils fassent peur, il faut que ça rassure. Or votre changement de régime ça fait très peur. Alors que si on obtient le RIC, on a de fait changé de régime, Macron part direct!"

S'ensuit un plaidoyer pour le général De Gaulle: "C'était un patriote qui défendait l'intérêt général de la Nation". Murmures dans la salle. Les mêmes que lorsque Jérôme Rodrigues livre son point de vue sur la nécessité d'un chef: "On (les +gilets jaunes+) veut pas de leader mais derrière: +Jérôme on fait quoi samedi, on vote pour qui?+ Le monde est monde depuis qu'il y a des (individus) alphas, que des gens doivent être emmenés, galvanisés. (...) Si le responsable est fort, l'équipe sera forte".

"Ca, ça me trouble", réagira auprès de l'AFP Michel, militant de longue date venu d'un village voisin. "C'est pour ça qu'il y a toute cette difficulté à converger. Mais on fait avec, on est avec eux, on ne veut pas être devant".

Les deux figures ont néanmoins exprimé de nombreux accords avec les Insoumis. François Boulo s'est montré très complice avec Manon Aubry dans une conférence sur l'évasion fiscale. Jérôme Rodrigues, lui, a fait passer une onde de silence ému en confiant ses angoisses, après avoir perdu un oeil à cause d'un lanceur de balles de défense (LBD): "Je suis le visage de la répression, je le vois tous les jours dans le miroir".

A la fin de son intervention saccadée, il lève le poing avec le reste de la salle, au cri de "Résistance!", le slogan insoumis. Il souffle: "On n'a pas le même maillot, mais on transpire pour la même cause: le mieux vivre."

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