Paris: French president visits Olmic Village
French President Emmanuel Macron, second left, talks to members of Team France with Tony Estanguet, left, President of the Paris 2024 Olympic and Paralympic Games Organizing Committee and France's Minister for Sports and Olympics Amelie Oudea-Castera, center, as he visits the Olympic Village, at the 2024 Summer Olympics, Monday, July 22, 2024, in Paris, France. //04SIPA_SIPA021/Credit:Michel Euler-Pool/SIPA/2407221313

Jeux Olympiques : Emmanuel Macron appelle à une « trêve politique »

En marge d’une visite du Village olympique, le président de la République a appelé à une « trêve politique » le temps des jeux. Une déclaration vécue comme une provocation à gauche.
Fabien Recker

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Poignées de main, selfies et encouragements : à quatre jours de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, Emmanuel Macron visitait ce lundi le village des athlètes à Saint-Denis. L’occasion de saluer les volontaires en charge de l’accueil des sportifs ainsi que les forces de l’ordre qui assureront la sécurité du site. Et d’appeler, devant les journalistes, à une « trêve politique » à l’occasion des Jeux.

Les JO « seront au cœur de la vie du pays et le monde sera en France grâce à eux », a déclaré le président, estimant que l’événement ne serait « pas du tout » gâché par sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale en juin, qui a plongé le pays dans le flou politique.

« C’est le pompier pyromane »

Un appel à la trêve qui fait écho à la récente déclaration de Gérard Larcher : lors du passage de la flamme olympique au jardin du Luxembourg, le 14 juillet, le président du Sénat avait lui aussi appelé à une trêve au nom des « valeurs de l’olympisme ». « Il y a une tradition de la trêve olympique » avait rappelé le deuxième personnage de l’Etat.

Le souhait présidentiel d’une pause dans l’arène politique n’en fait pas moins réagir vertement certains élus. « Je pourrais en rire si la situation n’était pas aussi grave », s’insurge Rachid Temal, sénateur socialiste du Val d’Oise. « C’est Emmanuel Macron qui a préféré dissoudre, et qui a fait que pendant quatre semaines on a parlé que de politique au lieu de parler des Jeux et de faire monter l’adhésion (…) C’est le pompier pyromane, qui met le feu à tous les étages et ensuite dit venez m’aider ».

« Sa parole est démonétisée »

Le président de la République tenterait-il de s’appuyer sur les Jeux Olympiques pour sortir par le haut d’une séquence politique compliquée ? Si les grands événements sportifs peuvent booster la popularité des dirigeants politiques, cette fois, les chances d’Emmanuel Macron de surfer sur la vague des JO pour se racheter auprès des Français paraissent minces.

« On voit bien qu’il communique sur le sport, mais c’est un peu vain » analyse la communicante Emilie Zapalski. « Sa parole est démonétisée et sa crédibilité entachée. Les gens n’ont pas compris la dissolution, qui a été vécue comme un mauvais coup avant les JO, générant beaucoup de stress et d’anxiété. »

Une ambiance « bon enfant »

Pas de quoi gâcher l’humeur du chef de l’Etat, qui affichait une mine réjouie dans le Village olympique ce matin. Tant pour l’accueil des compétitions que sur le plan sécuritaire, « nous sommes prêts et serons prêts tout le temps des jeux » a-t-il promis. Flanqué de ses ministres des Sports et de l’Intérieur ainsi que de Tony Estanguet, architecte en chef de Paris 2024, il a conclu son déplacement par un déjeuner en compagnie de la délégation française.

Le tout dans « une ambiance bon enfant » raconte Vincent Capo-Canellas, sénateur centriste de la Seine-Saint-Denis, présent lors de la visite présidentielle. « On a senti le président heureux de marquer cette étape avant la réussite des jeux. Qu’il ait d’autres soucis, chacun peut le mesurer ».

A défaut de trêve politique, Emmanuel Macron peut compter, de fait, sur une trêve parlementaire. Démissionnaire, le gouvernement gère les affaires courantes mais ne peut pas présenter de projet de loi au Parlement. Et l’incapacité du Nouveau front populaire, arrivé en tête des législatives, à s’entendre sur un candidat au poste de premier ministre, permet au président de la République de jouer la montre – en ne nommant pas de successeur à Gabriel Attal avant les JO.

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