Mairie de Paris, Jeux Olympiques 2024

JO 2024 : les agents de sécurité privée vont-ils faire défaut ?

A trois mois des Jeux Olympiques, des incertitudes planent sur le nombre d’agents de sécurité privée mobilisés. Le préfet de police de Paris, Laurent Nunez indique « ne pas être inquiet pour l’instant ». Du côté des professionnels du secteur, on évalue un manque de 8 000 agents sur 40 000 nécessaires.
Simon Barbarit

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C’était l’une des inquiétudes soulevées par la mission d’information du Sénat sur le suivi de la sécurisation des Jeux Olympiques. Y aura-t-il suffisamment d’agents de sécurité privée pour cet évènement planétaire qui accueillera 14 millions de visiteurs, cet été, en Île-de-France ?

Le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (COJOP), dont dépend la sécurité privée, a lancé plusieurs appels d’offres pour répondre à un besoin d’agents estimé à 18 000 par jour avec des pics à 24 000 comme lors de la cérémonie d’ouverture du 26 juillet. Début avril, 97 % des lots avaient été attribués. Pas de quoi donc « s’inquiéter pour l’instant », comme l’a affirmé, Laurent Nunez, préfet de police de Paris, invité de BFM TV, dimanche.

Toutefois, comme avait mis en garde le 10 avril dernier, Agnès Canayer, sénatrice (apparentée LR), co-rapporteur de la mission d’information du Sénat, l’ensemble des effectifs de sécurité privée ne seront connus qu’au « dernier moment ». « Le risque, c’est que les personnels considèrent au dernier moment que c’est trop compliqué de venir le jour J à un endroit donné parce qu’ils ne savent pas comment se déplacer, où ils vont être logés… », avait-elle expliqué.

« On a déjà un déficit chronique de 20 000 agents en France »

Sofiane Aboubeker, président de l’association des Métiers de la Sécurité, rappelle que les besoins en sécurité prévus pour les Jeux Olympiques sont évalués à 40 000 agents sur les 180 000 que compte le secteur. « Or, on a déjà un déficit chronique de 20 000 agents en France », rappelle-t-il évoquant une réorientation de certaines personnes depuis la crise du Covid 19.

L’Etat a donc dû débourser 46 millions d’euros pour acheter 20 000 formations via France Travail. 18 000 personnes ont été formées et 11 000 déjà embauchées par les entreprises attributaires des appels d’offres du COJOP, avaient précisé devant les sénateurs, Marc Guillaume, le préfet d’Ile de France en mars dernier. Il avait également une dernière vague de recrutement au mois de juin à destination des étudiants après leurs examens. La Fédération française de la sécurité privée évalue à 8 000 agents de sécurité privés à recruter pour compléter le dispositif.

Le président de l’association des Métiers de la Sécurité regrette, lui, que les programmes de formation fixés par l’Etat ne soient pas adaptés pour l’évènement. « Ils ont été allégés à 106 heures contre 186 auparavant. Mais ils ne peuvent être suivis à distance même la partie théorique. C’est uniquement en présentiel. Ce n’est pas comme ça qu’on va toucher un public plus jeune », estime Sofiane Aboubeker qui souligne comme la mission du Sénat que les 18 000 personnes formées seront des « primo arrivants dont on ne sait pas si le métier va leur plaire ».

C’est pourquoi, le rapport du Sénat préconisait de systématiser la reconnaissance des sites olympiques dont la livraison est achevée, afin de permettre aux entreprises de sécurité privée d’identifier rapidement les besoins de sécurisation et d’organiser des formations sur site. « Beaucoup d’entreprises ne se sont pas positionnées sur les appels d’offres car le cahier des charges des lots était insuffisant. Il n’y avait pas d’information sur l’amplitude horaire et le nombre de personnels nécessaire », confirme Sofiane Aboubeker.

L’Etat prendra le relais en cas de défaillance

Conscient des « difficultés de recrutement », le gouvernement a autorisé la semaine dernière les agents publics à cumuler leur emploi avec une activité salariée d’une entreprise de sécurité privée.

Quoi qu’il en soit, si les défaillances de la sécurité privée se confirment lors des JO, les forces de sécurité intérieure prendront le « relais », a rassuré Laurent Nunez. A ce sujet, la commission sénatoriale préconise « d’arbitrer le recours aux armées pour pallier le déficit éventuel d’agents de sécurité privée » et d’intégrer dans la planification la reconstitution « des chaînes de commandement en cas de remplacement d’agents de sécurité privée et les coûts financiers afférents ».

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