Johnny et les politiques : « Souvenirs, souvenirs »

Johnny et les politiques : « Souvenirs, souvenirs »

« On va plus loin » a rendu hommage à Johnny Hallyday. À cette occasion, les invités de l’émission se penchent sur les relations du « monument national » avec les hommes et femmes politiques français.   
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En près de 60 ans de carrière, il en aura vu défiler des Présidents de la République. Et connu personnellement, voire soutenu. Car Johnny Hallyday, mort dans la nuit de mardi à mercredi, a eu des amitiés politiques médiatiques et s’est souvent impliqué lors des campagnes présidentielles. Quitte à le regretter sur le tard.

Robert Hue, ancien secrétaire national du Parti communiste et ami de Johnny Hallyday depuis 1962, estime que le chanteur n’était pourtant pas un artiste engagé : « [Il] ne souhaitait pas que l’on dise ça ». Pour Bernard Debré, ancien ministre et député, qui a croisé Johnny à plusieurs occasions, au contraire, « l’homme pouvait être engagé » mais pas sa musique.

Johnny Hallyday se présentait comme un homme avec « une sensibilité de droite ». Ce que précise en détails, le journaliste Yves Derai, qui a co-réalisé un documentaire coproduit par Public Sénat, sur les relations entre les politiques et les artistes : « Hallyday a été plutôt fidèle à la droite, avec Chirac à plusieurs reprises, puis après avec Sarkozy (…) Il prend sa carte à l’UMP en 2006. Et puis il y a un moment de rupture, c’est 2012 (…) Là, pour la première fois, il va hésiter à soutenir Sarkozy et finalement, sous la pression d’amis un petit peu influents, il va finir par lâcher un communiqué de soutien à Sarkozy, mais du bout des doigts ».

Bernard Debré pense, de son côté, que le chanteur s’est surtout engagé politiquement, par amitié plus que par conviction : « C’était un homme d’une très grande simplicité et d’une très grande amitié. ». Quant à savoir si Johnny Hallyday  a servi « électoralement » aux politiques, l’ancien député émet un doute. De son côté, le communicant Jacky Isabello est persuadé que le soutien des artistes aux politiques n’est pas porteur : « En France, on a fait des études [sur le sujet], ça ne sert à rien. Les Français ont la politique chevillée au corps, ils adorent ça et ils savent très bien que les artistes français sont assez peu politisés ».

Yves Derai, lui n’est pas d’accord. Avoir le soutien de Johnny Hallyday, quand on est un politique, ça sert : « D’une certaine manière, Johnny c’est la France (…) Il a ce que personne n’a en France. Aucune célébrité ne peut se prévaloir de cette relation avec les Français, avec le public : des cadres sup’, des femmes, des jeunes, des gens simples (…) C’est qu’il y a quelque chose que les politiques rêveraient d’avoir ».

Robert Hue en est persuadé, tout en voulant sortir du débat droite/gauche : « [Johnny Hallyday] est l’expression populaire. Et donc à partir de là, quand on est dans une situation politique, on trouve beaucoup d’opportunités à dire que c’est bien d’avoir Johnny (...) Mais en fait (...) quand vous voyez aujourd’hui cette France qui pleure, elle pleure de gauche, elle pleure de droite. C’est ça, Johnny. Il ne faut pas vouloir récupérer Johnny sur une histoire contemporaine. C’est un peu plus complexe. »

Un parallèle entre Johnny et Chirac

Le sénateur (LR) de la Manche, Philippe Bas, ancien secrétaire général de l’Elysée de 2002 à 2005, va jusqu’à faire un parallèle entre Johnny et Chirac : « Ce qui caractérise Johnny Hallyday, c’est sa rencontre avec un public. Ce qui caractérise un homme politique, qui a un destin national comme Jacques Chirac, c’est sa rencontre avec le peuple. On peut faire tous les rapprochements possibles et ils existent. C’est vrai que Johnny Hallyday, c’est un homme de scène, il donne tout. Mais écoutez Jacques Chirac dans un grand meeting, voyez l’adhésion qu’il suscite auprès des militants et vous aurez quelque chose qui est de l’ordre de la rencontre de Johnny Hallyday  avec son public ».

Ces dernières années, Johnny Hallyday avait pris ses distances par rapport à la politique.

Et lors de la dernière campagne présidentielle, il s’est abstenu de tout soutien. Deux ans auparavant, il avait déclaré dans une interview à Paris Match : « J’ai dit trop de conneries qui se sont retournées contre moi. Je regrette la plupart des choses que j’ai pu dire souvent par maladresse. Cela m’a renvoyé à ce que je suis : un musicien qui n’est pas armé pour parler de politique ».

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