A l’instar de cette année 2020, la Saint-Sylvestre n’aura rien de commun avec les précédents réveillons. Cent mille policiers et gendarmes seront déployés sur tout le territoire pour faire respecter le couvre-feu. Certains départements ont interdit la vente d’alcool sur recommandation du ministère de l’Intérieur et les soirées privées sont d’ores et déjà traquées.
Un jour de l’an sous surveillance alors que la situation sanitaire reste critique et que la campagne vaccinale démarre tout doucement. « Ils sont dans une position très martiale, ça ne sert à rien, souffle le sénateur socialiste Rachid Temal. Il y a une infantilisation des Français qui ont pourtant démontré une responsabilité individuelle depuis le début de la crise, que ce soit sur le respect du confinement ou le port du masque. »
Je ne dis pas qu’il faut lâcher la bride mais il ne faut pas trop en rajouter
« Je ne dis pas qu’il faut lâcher la bride mais il ne faut pas trop en rajouter », abonde le sénateur centriste, Loïc Hervé, pour qui l’exécutif rechigne encore trop à faire appelle à la responsabilité individuelle. « Les Français ont vécu une année compliquée, beaucoup d’efforts ont été faits et un retour à la vie normale paraît compliqué, il faut faire attention », prévient le sénateur de la Haute-Savoie.
« Comment le discours du président de la République peut être un discours de responsabilisation si on voit des barrages policiers à tous les coins de rue », s’interroge encore Loïc Hervé. Emmanuel Macron prendra en effet la parole ce soir pour les traditionnels vœux du 31 décembre.
Qu’on empêche les noubas, ça ne me choque pas
« Qu’on empêche les noubas, ça ne me choque pas », réagi pour sa part le sénateur LR des Hauts-de-Seine, Roger Karoutchi. Il souligne par ailleurs que le chiffre de 100 000 policiers et gendarmes est identique à celui du dernier réveillon. Mais comme pour ses collègues, c’est surtout la communication autour du vaccin qui est remise en cause et la lenteur tant décriée au Sénat des premières vaccinations. Une forme de déséquilibre qui est pointée du doigt par les sénateurs. « J’aimerais bien que l’exécutif mette autant de force pour la campagne vaccinale », résume Loïc Hervé.
« Regardez en Italie, il y a des campagnes de communication positives autour du vaccin. En France, il manque un discours fédérateur, on reste sur une posture répressive qui s’avère très anxiogène. Les Français ont bien compris les dangers du virus, ils voient et vivent la crise sociale et économique », rappelle Rachid Temal.
C’est une pandémie, c’est compliqué à gérer on ne le nie pas mais il faut de l’humilité
Éprouvés par des restrictions sanitaires inédites, les Français voient arriver l’année 2021 sous des auspices peu encourageants. Un renforcement du couvre-feu doit être mis en place dans les départements où le taux d’incidence augmente et l’apparition d’un variant plus contagieux du virus, dont un premier cas a été détecté en France, constitue « un risque élevé » pour l’Europe s’il venait à se propager sur le continent, selon le centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC).
« C’est une pandémie, ce n’est pas de la faute du gouvernement, c’est compliqué à gérer on ne le nie pas mais il faut de l’humilité », estime Rachid Temal qui rappelle le « fiasco » de la gestion des masques dont le Sénat a pointé les manquements dans un rapport en décembre.
En décembre, on nous disait que la stratégie vaccinale était au point et on voit bien que ce n’est pas le cas aujourd’hui
Un scénario qui se répétera avec le vaccin ? Probable pour le sénateur socialiste : « En décembre, on nous disait que la stratégie vaccinale était au point et on voit bien que ce n’est pas le cas aujourd’hui ».
Durant les débats sur la stratégie vaccinale au Sénat, nombre de parlementaires ont effectivement appelé à davantage de transparence, « le gouvernement n’a pas droit à l’erreur », insistaient-ils. Un débat qui ne manquera évidemment pas de reprendre à la rentrée parlementaire.