« Pudique. » Ce n’est pas forcément le mot qui vient le plus naturellement en tête quand on pense à Emmanuel Macron, mais c’est bien comme ça que Julien Bayou, secrétaire national d’EELV, qualifierait le refus du candidat Macron de qualifier Vladimir Poutine de dictateur dans « Face à la guerre », lundi soir : « Il a eu beaucoup de pudeur. Je comprends qu’on entretienne un dialogue parce qu’à un moment il faudra bien organiser la paix. Mais il y a eu de la naïveté ou de l’arrogance de recevoir Vladimir Poutine à Versailles en grande pompe, ce qui est tout à fait différent d’un contact diplomatique. » Voulant marquer le contraste, Julien Bayou rappelle que « ceux qui s’opposent et garantissent une fermeté européenne face à l’impérialisme russe ont toujours été les écologistes. » Ainsi, le secrétaire national d’EELV appelle à « dire les choses » et n’hésite pas à reprendre la qualification de « criminel de guerre » mise sur la table cette nuit par Joe Biden : « Vladimir Poutine a rasé Grozny, a rasé Alep. Il a envahi la Géorgie, il a envahi le Donbass en 2014. [Est-il donc un criminel de guerre ?] Oui, la Cour pénale internationale s’en est saisie et pourra apporter les preuves nécessaires. »
« Le pacifisme, ce n’est pas regarder une population se faire massacrer par un agresseur »
La diplomatie russe s’est immédiatement saisie de la sortie de Joe Biden, en la qualifiant d’impardonnable et en tentant de montrer que les Etats-Unis envenimaient la situation. « Celui qui envenime la situation c’est celui qui envahit un pays pacifique voisin », répond Julien Bayou qui en profite d’ailleurs pour égratigner « la complaisance » de l’extrême droite à l’égard de Vladimir Poutine : « Si le Front National peut mener campagne aujourd’hui, c’est uniquement parce qu’un oligarque russe a prêté les 8 ou 9 millions nécessaires. Le Front National est un actif russe, les soi-disant patriotes sont en fait le parti 'anti-France' pour reprendre des termes malheureux. »
Sur le dossier ukrainien et le rapport à la Russie de Poutine, Yannick Jadot a pris l’habitude de renvoyer dos-à-dos Marine Le Pen et Éric Zemmour d’un côté, et Jean-Luc Mélenchon de l’autre, mais Julien Bayou tient à nuancer la chose et critique plutôt la philosophie géopolitique du candidat LFI : « Jean-Luc Mélenchon est plutôt piégé dans une vision très 1950. Moi je crois que quand un pays pacifique, démocratique, qui est agressé, il faut pouvoir le dire. Pour Mélenchon, tout ce qui est antiaméricain est bien, je pense que la situation est un peu plus complexe. Le pacifisme, ce n’est pas regarder une population se faire massacrer par un agresseur. »