En commission des lois, ce matin, le président du groupe socialiste Patrick Kanner et Jean-Pierre Sueur ont demandé l’audition du nouveau ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti. L’audition pourrait être élargie aux élus n’appartenant pas à la commission des lois. « Compte tenu de ses déclarations antérieures, le groupe Socialiste et Républicain souhaite interroger le nouveau ministre sur plusieurs points essentiels » précise un communiqué citant « la réforme pour l’indépendance du parquet », « la question de la Justice des mineurs », « l’expérimentation des cours criminelles départementales et les moyens budgétaires alloués à la Justice ».
Dans l’émission « Bonjour chez vous », le vice-président socialiste de la commission des lois, Jean-Pierre Sueur s’interroge sur d’anciennes déclarations d’Éric Dupond-Moretti sur sa volonté de maintenir le lien entre le parquet et l’exécutif. « Parce que la réforme constitutionnelle, dont on parle depuis des années et qu’on attend, vise à couper le lien, à faire que le parquet soit indépendant du pouvoir exécutif » a-t-il rappelé.
Jean-Pierre Sueur demande l'audition d'Eric Dupond-Moretti au Sénat
Jean-Pierre Sueur voudrait également connaître la position du nouveau garde des Sceaux sur l’expérimentation des cours criminelles départementales, composées de magistrats professionnels. L’avocat, Éric Dupond-Moretti était lui un fervent défenseur des jurés populaires des cours d’Assises.
Dans la même émission, le président du groupe LR du Sénat, Bruno Retailleau a lui aussi appelé de ses vœux l’audition du garde des Sceaux. « Je peux vous dire que Philippe Bas (le président LR de la commission des lois) va l’auditionner ». « Je lui demande solennellement de nous dire si oui ou non, il veut prolonger la politique de Mme Taubira ? Parce que la politique de Mme Belloubet était celle de Mme Taubira. Une conception où on n’envoie surtout pas les gens en prison » a-t-il estimé.
Antiracisme: Bruno Retailleau demande à Eric Dupond-Moretti de clarifier sa position
Lors de la passation de pouvoir, place Vendôme, mardi, Éric Dupond-Moretti a souligné les « conditions de vie inhumaines et dégradantes » des détenus en France. Il a également promis que son ministère serait « celui de l'antiracisme et des droits de l'Homme ». « Lequel antiracisme ? » « J’attends qu’il clarifie » a demandé le sénateur de Vendée qui distingue « l’antiracisme traditionnel » selon lequel « on combat ceux qui accordent à la couleur de peau une sorte de valeur ». « Mais aujourd’hui, le nouvel antiracisme (…) enferme les gens dans leur couleur de peau » (…) il y a une forme de racialisation des rapports sociaux ».