Kanner : « A l’heure où je vous parle, Marie-Noëlle Lienemann n’est plus membre du groupe PS du Sénat »
« Furieux » après le départ du PS de Marie-Noëlle Lienemann, le président du groupe PS du Sénat, Patrick Kanner, prévient que la réunion de groupe « sera compliquée ». Si le doute persiste sur son maintien au sein du groupe, il espère surtout qu’elle « aura l’honneur de remettre sa démission de vice-présidente » du Sénat.

Kanner : « A l’heure où je vous parle, Marie-Noëlle Lienemann n’est plus membre du groupe PS du Sénat »

« Furieux » après le départ du PS de Marie-Noëlle Lienemann, le président du groupe PS du Sénat, Patrick Kanner, prévient que la réunion de groupe « sera compliquée ». Si le doute persiste sur son maintien au sein du groupe, il espère surtout qu’elle « aura l’honneur de remettre sa démission de vice-présidente » du Sénat.
Public Sénat

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Le départ de Marie-Noëlle Lienemann du Parti socialiste, aux côtés d’Emmanuel Maurel, n’est pas sans conséquences pour le groupe PS du Sénat. Car l’ancienne ministre du Logement est sénatrice de Paris. Peut-elle quitter le parti, tout en restant au groupe ? Pour Patrick Kanner, patron des sénateurs PS, la question se pose ouvertement.

« Je n’ai encore reçu aucune demande d’apparentement »

« Du fait qu’elle ait démissionné du PS, à l’heure où je vous parle, Marie-Noëlle Lienemann n’est plus membre du groupe » affirme à publicsenat.fr Patrick Kanner, qui ajoute aussitôt : « Jusqu’au moment où elle demande son éventuel apparentement. C’est ce qu’elle m’a dit il y a quelques jours. Mais je n’ai encore reçu aucune demande » affirme le sénateur du Nord, lundi 15 octobre en milieu de journée. Les sénateurs socialistes devraient encore en débattre demain en réunion de groupe et l’accepter… ou pas.

Le socialiste ne cache pas être « assez furieux » après l’annonce de la démission de Marie-Noëlle Lienemann, samedi lors du Conseil national du PS, et ses « déclarations désobligeantes pour le parti ». « On ne peut pas dire je n’ai pas quitté le PS sous Hollande, être élue le 24 septembre 2017 à Paris sur le collège des sénateurs parisiens, puis quitter le PS » souligne-t-il. Le président de groupe prévient :

« Elle doit tout à cette formation politique, qu’elle considère aujourd’hui comme un canard sans tête. Mais le Kanner a une tête, qui écoute et regarde. Je n’ai pas un tempérament à tendre la joue gauche… »

D’autant que lors des sénatoriales, la réélection de Marie-Noëlle Lienemann, à la quatrième place sur la liste, n’était pas acquise.

Autre enjeu : sa vice-présidence. Marie-Noëlle Lienemann occupe l’une des deux vice-présidences du Sénat qui revient au groupe PS, en raison de la taille du groupe. Après sa démission du PS, le groupe se retrouverait sous-représenté. Mais Patrick Kanner ne peut la démettre de ses fonctions. Les vice-présidents, questeurs et secrétaires du Sénat sont élus dans l’hémicycle par les sénateurs, sur proposition des groupes. Un poste de vice-président impose de présider à tour de rôle les débats dans l’hémicycle. Il donne aussi plus de moyens.

« Le groupe est très partagé »

« J’espère qu’elle aura l’honneur de remettre sa démission de vice-présidente, car elle ne la détient que par la volonté du groupe PS, dans le cadre d’un accord qu’elle a su passer avec Didier Guillaume à l’époque » rappelle au passage Patrick Kanner, selon qui « elle reconnaissait la semaine dernière qu’elle ne pouvait pas la garder. Cela revient de droit à un socialiste encarté ».

De quoi ouvrir les appétits chez les sénateurs socialistes. « Le groupe sera compliqué demain. Il est très partagé » prévient Patrick Kanner. Certains de ses ex-« camarades » attendent de pied ferme l’ancienne responsable du courant de la Gauche socialiste, qu’elle animait dans les années 90 avec un certain Jean-Luc Mélenchon. Elle entend aujourd’hui se rapprocher du leader de la France insoumise pour les européennes, après avoir créé un nouveau parti avec le MRC.

Sollicitée, Marie-Noëlle Lienemann n’a pas souhaité répondre sur ses intentions. La sénatrice ne s’exprimera pas avant demain.

Quitter le groupe ?

Reste le précédent, pas plus tard que la semaine dernière, de la sénatrice Sophie Taillé-Polian. Elle quitte aussi le PS pour rejoindre Génération.s, le mouvement de Benoît Hamon, tout en restant membre du groupe socialiste. « Sophie a fait l’objet d’un vote favorable à une très grande majorité. Elle n’a exprimé aucune insulte à l’égard du PS » fait valoir Patrick Kanner.

Une autre solution, peut-être plus simple et cohérente, se présente pour Marie-Noëlle Lienemann : quitter tout simplement le groupe PS. Elle aurait la possibilité de rejoindre les cinq sénateurs non-inscrits. Mais on l’imagine mal se retrouver aux côtés du seul sénateur FN, Stéphane Ravier. Le groupe RDSE a lui accueilli les écologistes Ronan Dantec ou Joël Labbé, mais il est pour l’essentiel composé de Radicaux, sensibles à la politique d’Emmanuel Macron. Reste le groupe communiste (communiste républicain citoyen et écologiste) qui accueille déjà la sénatrice EELV Esther Benbassa ou Guillaume Gontard, écologiste proche des communistes. Pour Marie-Noëlle Lienemann, dont les positions sur les questions économiques et sociales la rapprochent des sénateurs PCF, ce ne serait finalement qu’anticiper le rapprochement des gauches, au sein d’« un nouveau front populaire », qu’elle appelle de ses vœux.

Partager cet article

Dans la même thématique

General policy speech by Prime Minister at Senate
10min

Politique

Budget : comment le Sénat va réduire l’effort demandé aux collectivités de 4,6 à 2 milliards d’euros

La majorité sénatoriale veut revenir sur l’effort demandé par le gouvernement aux collectivités. Le premier ministre a déjà fait des gestes devant les régions et les départements. « Un premier pas », reconnaît le sénateur LR Stéphane Sautarel, mais insuffisant. Pour compenser l’allègement de l’effort sur les collectivités, la majorité sénatoriale entend renforcer les économies sur d’autres ministères, notamment sur la « jeunesse, la recherche ou la culture ».

Le

7min

Politique

Insécurité dans les territoires d’Outre-mer : « Nous, les maires, nous sommes en première ligne pour lutter, mais on n’a pas de moyens pour le faire »

A la veille de l’ouverture du 107e congrès des maires à Paris, des élus des Outre-mer se sont retrouvés à Issy-les-Moulineaux ce lundi 17 novembre. Alors qu’ils font face à une criminalité et une délinquance grandissantes, dans des territoires en proie au narcotrafic, les maires, aux côtés de la délégation sénatoriale aux Outre-mer, ont plaidé pour un « choc régalien ».

Le

Paris : session of questions to the government at the French National Assembly
6min

Politique

Budget 2026 : quels scénarios dans un calendrier de plus en plus contraint ?

Avec encore plus de 1 500 amendements restant à examiner en une semaine à l’Assemblée sur la partie recettes du projet de loi de finances, le calendrier budgétaire est de plus en plus contraint. Dans une assemblée divisée et avec le renoncement du gouvernement de recourir au 49.3, la possibilité d’une adoption des deux lois de finances avant le 31 décembre 2025 relève presque de la politique-fiction.

Le

Paris: Salon europeen de l Education
4min

Politique

Budget 2026 : Un rapport du Sénat dénonce « un coup dur porté à la jeunesse », avec une réduction de l’enveloppe dédiée au service civique

Comme en 2025, la mission sport, jeunesse et vie associative subie une sérieuse coupe dans le budget. Le service civique voit son enveloppe budgétaire réduite de 20 %, soit 114,4 millions d’euros par rapport à l’année dernière. « Se priver d’un dispositif qui fonctionne au moment où on a besoin de faire du lien social, c’est incompréhensible », regrette le rapporteur des crédits, Éric Jeansannetas (PS).

Le