L’amendement Retailleau pour accélérer la fin des régimes spéciaux décalé, la gauche craint un débat « en catimini »
La commission des affaires sociales a demandé d’examiner l’amendement du président du groupe LR plus tard, pour arriver plus vite à l’article 8 sur les carrières longues. « Nous étions prêts à ferrailler » regrette le socialiste Patrick Kanner.
Faux départ. Après l’adoption la nuit dernière de l’article sur le report à 64 ans de l’âge légal de la retraite, les sénateurs s’attendaient à reprendre ce matin avec un morceau de choix : l’amendement de Bruno Retailleau pour accélérer la suppression des régimes spéciaux d’ici 2040. Finalement, non.
A la reprise, la présidente LR de la commission des affaires sociales, Catherine Deroche, annonce demander « la réserve » de l’amendement en question, après avoir découvert hier soir le dépôt de 236 sous-amendements du groupe communiste. De quoi prendre « une large partie de la matinée » pour les examiner. Avec l’accord du gouvernement, la commission a donc reporté après l’article 13 l’examen de la mesure, afin d’arriver plus vite aux articles 8 et 9, qui portent notamment sur les carrières longues et les mères de famille, et auxquels tient la majorité sénatoriale.
« Cet amendement doit être discuté en plein jour »
Il n’en fallait pas plus pour que l’hémicycle reparte dans une série de rappels au règlement de la gauche. « Par surprise, je ne dirai pas par déloyauté, […] vous utilisez les arguties pour ne pas aller au débat ce matin. Nous étions prêts à ferrailler », regrette Patrick Kanner, président du groupe PS. En réponse, le principal intéressé fait un rappel au règlement sur… un autre sujet. « Hier soir, la permanence du président Larcher a été privée d’électricité. Et ceux qui ont fait cela ont aussi coupé l’électricité d’une clinique », dénonce Bruno Retailleau, qui « attend de la gauche qu’elle dénonce aussi unanimement ces agissements ».
« Vous voulez retarder l’examen d’un amendement qui suscite beaucoup de colère dans notre pays, […] vous voulez l’examiner loin du regard des citoyens qui sont les premiers concernés. Cet amendement doit être discuté en plein jour », lance la communiste Céline Brulin, qui demande :
Avez-vous la réforme et votre soutien au gouvernement honteux ce matin ?
« Cette réforme vous la portez, c’est un peu une gestation pour autrui que vous avez fait pour le gouvernement »
« Cette réforme vous la portez, c’est un peu une gestation pour autrui que vous avez fait pour le gouvernement. Et l’accouchement est un peu difficile », raille à son tour le sénateur du groupe PS, Bernard Jomier, à l’adresse de Bruno Retailleau, farouche opposant à la GPA. Il s’étonne au passage qu’il « s’adresse au président Kanner » en évoquant les coupures d’électricité, « des faits regrettables et parfois délictueux ». Regardez :
« Bruno Retailleau nous propose de discuter en catimini ce soir de cet amendement. Ce n’est pas possible. Depuis le début, nous ne faisons pas d’obstruction, nous défendons pied à pied la réforme des retraites », ajoute de son côté la communiste Cathy Apourceau-Poly, qui demande, en vain, une suspension de séance (voir la première vidéo).
« Je comprends que Monsieur Retailleau, le matin, dès 10h30, ait besoin de sa dose idéologique »
La sénatrice EELV Raymonde Poncet Monge, très présente depuis le début de l’examen, lâche une dernière salve : « Je comprends que Monsieur Retailleau, le matin, dès 10h30, ait besoin de sa dose idéologique. Il y en a qui prennent de la vitamine C. Vous, vous avez besoin de vous injecter des doses idéologiques très tôt le matin pour vous donner de la force… »
« Vous avez souhaité depuis des heures et des heures manifester votre hostilité à cette réforme. Mais pendant ce temps-là, nous n’avons pas entamé le débat de fond », retorque le rapporteur LR, René-Paul Savary, « et maintenant, vous reprochez que nous soyons en retard par rapport à ce débat. Alors réfléchissez bien », exhorte le sénateur de la Marne, qui appelle à « ne pas déposer des sous-amendements qui vont encore retarder le débat ». Sans surprise, il n’a pas été écouté.
En avançant l’idée d’une « contribution modeste » pour recréer le lien entre communes et citoyens, le ministre François Rebsamen a relancé ce débat sensible de la fiscalité locale. Au Sénat, tous les sénateurs dénoncent la suppression de la taxe d’habitation par Emmanuel Macron. A la place, le sénateur Bernard Delcros, président de la délégation aux collectivités, soutient l’idée d’une « contribution » qui serait « différentiée, en fonction des revenus des habitants », via « une remise à plat » des impôts locaux.
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