L’amendement Retailleau pour accélérer la fin des régimes spéciaux décalé, la gauche craint un débat « en catimini »
La commission des affaires sociales a demandé d’examiner l’amendement du président du groupe LR plus tard, pour arriver plus vite à l’article 8 sur les carrières longues. « Nous étions prêts à ferrailler » regrette le socialiste Patrick Kanner.

L’amendement Retailleau pour accélérer la fin des régimes spéciaux décalé, la gauche craint un débat « en catimini »

La commission des affaires sociales a demandé d’examiner l’amendement du président du groupe LR plus tard, pour arriver plus vite à l’article 8 sur les carrières longues. « Nous étions prêts à ferrailler » regrette le socialiste Patrick Kanner.
François Vignal

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Faux départ. Après l’adoption la nuit dernière de l’article sur le report à 64 ans de l’âge légal de la retraite, les sénateurs s’attendaient à reprendre ce matin avec un morceau de choix : l’amendement de Bruno Retailleau pour accélérer la suppression des régimes spéciaux d’ici 2040. Finalement, non.

A la reprise, la présidente LR de la commission des affaires sociales, Catherine Deroche, annonce demander « la réserve » de l’amendement en question, après avoir découvert hier soir le dépôt de 236 sous-amendements du groupe communiste. De quoi prendre « une large partie de la matinée » pour les examiner. Avec l’accord du gouvernement, la commission a donc reporté après l’article 13 l’examen de la mesure, afin d’arriver plus vite aux articles 8 et 9, qui portent notamment sur les carrières longues et les mères de famille, et auxquels tient la majorité sénatoriale.

« Cet amendement doit être discuté en plein jour »

Il n’en fallait pas plus pour que l’hémicycle reparte dans une série de rappels au règlement de la gauche. « Par surprise, je ne dirai pas par déloyauté, […] vous utilisez les arguties pour ne pas aller au débat ce matin. Nous étions prêts à ferrailler », regrette Patrick Kanner, président du groupe PS. En réponse, le principal intéressé fait un rappel au règlement sur… un autre sujet. « Hier soir, la permanence du président Larcher a été privée d’électricité. Et ceux qui ont fait cela ont aussi coupé l’électricité d’une clinique », dénonce Bruno Retailleau, qui « attend de la gauche qu’elle dénonce aussi unanimement ces agissements ».

« Vous voulez retarder l’examen d’un amendement qui suscite beaucoup de colère dans notre pays, […] vous voulez l’examiner loin du regard des citoyens qui sont les premiers concernés. Cet amendement doit être discuté en plein jour », lance la communiste Céline Brulin, qui demande :

Avez-vous la réforme et votre soutien au gouvernement honteux ce matin ?

« Cette réforme vous la portez, c’est un peu une gestation pour autrui que vous avez fait pour le gouvernement »

« Cette réforme vous la portez, c’est un peu une gestation pour autrui que vous avez fait pour le gouvernement. Et l’accouchement est un peu difficile », raille à son tour le sénateur du groupe PS, Bernard Jomier, à l’adresse de Bruno Retailleau, farouche opposant à la GPA. Il s’étonne au passage qu’il « s’adresse au président Kanner » en évoquant les coupures d’électricité, « des faits regrettables et parfois délictueux ». Regardez :

« Bruno Retailleau nous propose de discuter en catimini ce soir de cet amendement. Ce n’est pas possible. Depuis le début, nous ne faisons pas d’obstruction, nous défendons pied à pied la réforme des retraites », ajoute de son côté la communiste Cathy Apourceau-Poly, qui demande, en vain, une suspension de séance (voir la première vidéo).

« Je comprends que Monsieur Retailleau, le matin, dès 10h30, ait besoin de sa dose idéologique »

La sénatrice EELV Raymonde Poncet Monge, très présente depuis le début de l’examen, lâche une dernière salve : « Je comprends que Monsieur Retailleau, le matin, dès 10h30, ait besoin de sa dose idéologique. Il y en a qui prennent de la vitamine C. Vous, vous avez besoin de vous injecter des doses idéologiques très tôt le matin pour vous donner de la force… »

« Vous avez souhaité depuis des heures et des heures manifester votre hostilité à cette réforme. Mais pendant ce temps-là, nous n’avons pas entamé le débat de fond », retorque le rapporteur LR, René-Paul Savary, « et maintenant, vous reprochez que nous soyons en retard par rapport à ce débat. Alors réfléchissez bien », exhorte le sénateur de la Marne, qui appelle à « ne pas déposer des sous-amendements qui vont encore retarder le débat ». Sans surprise, il n’a pas été écouté.

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris : Les Democrates group parliamentary niche at the National Assembly
9min

Politique

Tensions entre LR et macronistes : « La véritable heure de vérité, ce sera à l’automne avec le budget »

Les difficultés s’accumulent entre LR et l’ex-majorité présidentielle, entre tensions sur le texte énergies ou celui sur les modes de scrutin à Paris, Lyon et Marseille. Quand les macronistes accusent les LR de ne pas « pas avoir de colonne vertébrale », les sénateurs LR reprochent à leurs alliés d’être peu à l’écoute. De mauvais augure pour le budget…

Le

Banque d’images du Sénat – Wlad Simitch Capa Pictures
7min

Politique

Municipales à Paris, Lyon et Marseille : après l’échec de la commission mixte paritaire, le ton monte entre l’exécutif et les LR du Sénat

Le gouvernement entend laisser la réforme sur le mode de scrutin pour les municipales à Paris, Lyon et Marseille revenir à l’Assemblée nationale. L’exécutif reproche au Sénat d’avoir « dynamité » ce mardi 24 juin les négociations entre les deux chambres pour aboutir à un compromis sur ce texte. Les sénateurs, notamment à droite, dénoncent « un passage en force » et réclament l’abandon de cette réforme.

Le

Mairie de Paris, Jeux Olympiques 2024
4min

Politique

Municipales à Paris, Lyon et Marseille : députés et sénateurs échouent à trouver un accord sur la réforme du mode de scrutin

La commission mixte paritaire chargée de trouver un compromis entre l’Assemblée nationale et le Sénat sur la réforme du monde de scrutin à Paris, Lyon et Marseille, pour les élections municipales, a échoué ce mardi 24 juin, quelques minutes seulement après l’ouverture des négociations. Les sénateurs, très largement opposés à ce texte, invitent désormais le Premier ministre à y renoncer.

Le