L’assemblée parlementaire franco-allemande est née

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Fortifier l'amitié entre les deux voisins, et du même coup, le projet européen dans une passe difficile: la nouvelle assemblée...
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Par Ludovic LUPPINO

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Fortifier l'amitié entre les deux voisins, et du même coup, le projet européen dans une passe difficile: la nouvelle assemblée franco-allemande, rodée lundi à Paris, sera un "aiguillon", mais sans pouvoir décisionnaire.

Avec cette alliance parlementaire, "nous donnons à la coopération franco-allemande, déjà singulière, une nouvelle dimension", s'est félicité le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand (LREM) en louant une nouvelle institution "qui n'a pas d'équivalent connu".

Avec son homologue du Bundestag, Wolfgang Schäuble (CDU), le titulaire du Perchoir a signé l'accord parlementaire, déjà approuvé par les deux chambres.

La date choisie n'était pas anodine, 62 ans "jour pour jour" après la signature du traité de Rome, qui a jeté les bases de l'Union européenne en instituant la Communauté économique européenne (CEE).

"Cela souligne notre volonté de placer la coopération bilatérale dans un contexte européen", a souligné Wolfgang Schäuble. Il espère ainsi, comme Richard Ferrand, consolider le projet européen, affaibli par la montée des eurosceptiques, à l'approche des élections européennes du 26 mai.

"Le moteur franco-allemand doit tourner à pleine régime", a estimé la ministre des Affaires européennes Nathalie Loiseau, qui s'apprêtait à remettre sa démission pour mener la liste LREM aux Européennes.

Le Rassemblement national a dénoncé "une petite opération de communication", établissant dans un communiqué un lien entre l'officialisation imminente de la tête de liste et l'installation de l'assemblée.

Celle-ci réunit 50 députés français et 50 allemands et siègera en principe au moins deux fois par an, alternativement en France et outre-Rhin.

Ses missions: veiller à l'application des décisions communes des exécutifs, suivre les affaires internationales d'intérêt commun et encore travailler à améliorer la vie des populations transfrontalières.

"Nous pourrons nous quereller sur le fond car nous aurons besoin de discuter franchement" mais les débats contribueront à "renforcer notre amitié", a parié Wolfgang Schäuble, ancien ministre des Finances connu pour son rigorisme.

Ce "projet un peu fou", selon l'une de ses chevilles ouvrières, Christophe Arend (LREM, Moselle), est l'aboutissement d'un long cheminement. Schäuble et le prédécesseur de M. Ferrand, François de Rugy, avaient appelé en janvier 2018 à la conclusion d'un nouveau traité de coopération franco-allemande, lors du 55e anniversaire du "Traité de l'Elysée", conclu en 1963 entre Paris et Berlin.

Le 22 janvier dernier, Emmanuel Macron et Angela Merkel ont signé le traité d'Aix-la-Chapelle visant déjà à renforcer les relations bilatérales, mais vivement critiqué par les nationalistes des deux pays.

- "Harmonie nombriliste" -

Si l'assemblée franco-allemande n'aura pas de pouvoir décisionnaire, l'élue d'opposition Cécile Untermaier (PS) a souhaité, lors de sa première réunion lundi, qu'elle incarne "une force de persuasion" pour faire avancer l'Europe sur des sujets comme la transition énergétique, et lutter contre "une concurrence fiscale exacerbée" entre les pays de l'UE.

"Ce que Français et Allemands ne feront pas pour l'Europe, personne ne le fera à leur place", a plaidé Jean-Louis Bourlanges (MoDem).

Michael-Georg Link, du Parti libéral-démocrate (FDP), a appelé "à ne pas se replier sur les Etats solitaires", en critiquant un élu eurosceptique de l'AfD (extrême droite) qui a selon lui lundi "fait semblant d'être en 1919 alors que nous sommes en 2019".

Patrick Hetzel (LR) a salué "la volonté de faire vivre un travail en commun", et réaffirmé son attachement au maintien du siège du Parlement européen à Strasbourg. Annegret Kramp-Karrenbauer, la dirigeante du parti conservateur allemand et dauphine de la chancelière Angela Merkel, a récemment exprimé le souhait que le siège soit à Bruxelles.

Pour sa part, le chef de file des communistes André Chassaigne a émis des doutes sur le fait que cette assemblée puisse insuffler "une dynamique nouvelle", alors que le couple franco-allemand est "de moins en moins entendu" et que "l'harmonie nombriliste conduira à d'autres déconvenues" selon lui. Comme les Insoumis, le groupe PCF n'avait pas voté le 11 mars en faveur de cette initiative au Palais Bourbon.

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