« L’atterrissage du pouvoir » : du candidat au président, l’évolution des mots de Macron

« L’atterrissage du pouvoir » : du candidat au président, l’évolution des mots de Macron

Hier candidat, aujourd’hui président de la République, Emmanuel Macron fait régulièrement l’objet de critiques et polémiques sur le choix de ses mots.Parfois maladroites, souvent spontanées, les formules qu’il emploie ont marquées les esprits, à l’image des « illettrés » ou des « fainéants ».Ces mots, souvent analysés, ont également évolué depuis qu’il est entré à l’Élysée. Entre « réformer », « transformer » ou « refonder », le chef de l’État dispose de nombreux outils de langage. Mais ces derniers ont-ils la même signification et la même portée ? Est-ce le signe d’un renoncement ou celui de l’apprentissage ?Décryptage d’un proche du président, l’écrivain Philippe Besson, d’une ancienne plume de Nicolas Sarkozy, Camille Pascal et d’un linguiste, Dominique Maingueneau sur le plateau de Déshabillons-les.
Public Sénat

Par Caroline Lebrun

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

La transformation linguistique de Macron

Durant la campagne, le candidat utilisait le mot « réforme » et « réformer » pour parler de son action à venir, notamment lors de son dernier grand discours à Pau.

Un mot qui n’est pas sans connotation, comme l’explique Philippe Besson, auteur d’« Un personnage de roman » sur le parcours d’Emmanuel Macron : « réformer » implique un changement coûteux pour les français, qui « s’apparente à un sacrifice ».

Peu à peu, ce sont les mots « transformer » et « réparerr » qui s’opposent dans dans les discours du président mais aussi du Premier Ministre. Le linguiste Dominique Maingneneau souligne que ces nouveaux mots sont connotés « plus positivement ». Par leurs langages, les deux hommes opèrent une différenciation de leurs fonctions, l’un indiquant la direction à suivre, l’autre appliquant les directives.

meeting_macron_pau.jpg
AFP

Une improvisation maladroite, à l’origine des polémiques 

Le président se livre au périlleux exercice des discours en direct. En effet, selon Philippe Besson, il y a chez Emmanuel Macron « une part d’improvisation non négligeable ».

Cette tendance pourrait donc être, pour l’écrivain, à l’origine de formules maladroites telles que les « fainéants », «les gens qui ne sont rien », ou encore « la France n’est pas réformable ».

L’auteur ajoute que la médiatisation intense de nos jours accentue ce phénomène.

emmanuel_macron_entretien.jpg
AFP

Le poids des mots

Si le contenu des réformes prime sur leurs formes, il ne faut pour autant pas sous-estimer le poids des mots qui sont utilisés. Une ambivalence remarquée par Camille Pascal, ancienne plume de Nicolas Sarkozy à l’Élysée : « ce changement de vocabulaire témoigne du changement de fonction entre candidat et président de la République. C’est l’atterrissage du pouvoir ».

Camille Pascal ajoute : «  le président est à la fois roi de France et le Premier Ministre anglo-Saxon. Il descend dans l’arène, puis remonte sur son trône ».

Le réprésentant de la plus haute institution de l’État doit rester vigilent aux mots qu’il emploie. Le risque de cette volatilité et liberté linguistique est que le quinquennat soit noirci par les polémiques, et que l’image du chef de l’État soit dégradée.

En somme, des mots qui, à force, pourraient bien se transformer en maux présidentiels.

 

Retrouvez l'intégalité de l'émission Déshabillons-les : «Macron : les mots du Chef », le samedi 21 octobre à 15h.

Dans la même thématique

« L’atterrissage du pouvoir » : du candidat au président, l’évolution des mots de Macron
4min

Politique

Budget 2025 : « Le message qui est envoyé est dramatique, ce n’est pas un coup de rabot, on y est allé à la hache », déplore Guillaume Gontard

Avant la commission mixte paritaire sur le budget, les oppositions formulent leurs réserves sur le texte issu du Sénat. Sur le plateau de Parlement Hebdo, l'écologiste Guillaume Gontard dénonce un budget « totalement austéritaire », le député RN, Gaëtan Dussausaye, évoque un « budget de punition sociale ». Néanmoins, le fond des critiques et la position à adopter en cas de recours au 49-3 divergent.

Le

DOUAI : GERALD DARMANIN
5min

Politique

Narcotrafiquants : Gérald Darmanin annonce une première prison de haute sécurité fin juillet

Alors qu’approche l’examen à la chambre haute, de la proposition de loi sénatoriale et transpartisane sur le narcotrafic, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin a annoncé, la mise en place d’une première prison de haute sécurité fin juillet, et deux autres d’ici deux ans, pour détenir « plus de 600 » narcotrafiquants « particulièrement dangereux ».

Le

« L’atterrissage du pouvoir » : du candidat au président, l’évolution des mots de Macron
2min

Politique

Budget 2025 : « La copie qui sort du Sénat propose plus de 6 milliards d’économies par rapport au projet initial du gouvernement », se félicite Jean-François Husson

Ce 23 janvier, le Sénat a adopté le projet de loi de finances pour 2025. « Une satisfaction » pour son rapporteur général, le sénateur Les Républicains Jean-François Husson. Le travail n’est toutefois pas terminé : le texte doit encore aboutir à un accord entre sénateurs et députés en commission mixte paritaire.

Le