Avant la commission mixte paritaire sur le budget, les oppositions formulent leurs réserves sur le texte issu du Sénat. Sur le plateau de Parlement Hebdo, l'écologiste Guillaume Gontard dénonce un budget « totalement austéritaire », le député RN, Gaëtan Dussausaye, évoque un « budget de punition sociale ». Néanmoins, le fond des critiques et la position à adopter en cas de recours au 49-3 divergent.
« L’atterrissage du pouvoir » : du candidat au président, l’évolution des mots de Macron
Par Caroline Lebrun
Publié le
La transformation linguistique de Macron
Durant la campagne, le candidat utilisait le mot « réforme » et « réformer » pour parler de son action à venir, notamment lors de son dernier grand discours à Pau.
Un mot qui n’est pas sans connotation, comme l’explique Philippe Besson, auteur d’« Un personnage de roman » sur le parcours d’Emmanuel Macron : « réformer » implique un changement coûteux pour les français, qui « s’apparente à un sacrifice ».
Peu à peu, ce sont les mots « transformer » et « réparerr » qui s’opposent dans dans les discours du président mais aussi du Premier Ministre. Le linguiste Dominique Maingneneau souligne que ces nouveaux mots sont connotés « plus positivement ». Par leurs langages, les deux hommes opèrent une différenciation de leurs fonctions, l’un indiquant la direction à suivre, l’autre appliquant les directives.
Une improvisation maladroite, à l’origine des polémiques
Le président se livre au périlleux exercice des discours en direct. En effet, selon Philippe Besson, il y a chez Emmanuel Macron « une part d’improvisation non négligeable ».
Cette tendance pourrait donc être, pour l’écrivain, à l’origine de formules maladroites telles que les « fainéants », «les gens qui ne sont rien », ou encore « la France n’est pas réformable ».
L’auteur ajoute que la médiatisation intense de nos jours accentue ce phénomène.
Le poids des mots
Si le contenu des réformes prime sur leurs formes, il ne faut pour autant pas sous-estimer le poids des mots qui sont utilisés. Une ambivalence remarquée par Camille Pascal, ancienne plume de Nicolas Sarkozy à l’Élysée : « ce changement de vocabulaire témoigne du changement de fonction entre candidat et président de la République. C’est l’atterrissage du pouvoir ».
Camille Pascal ajoute : « le président est à la fois roi de France et le Premier Ministre anglo-Saxon. Il descend dans l’arène, puis remonte sur son trône ».
Le réprésentant de la plus haute institution de l’État doit rester vigilent aux mots qu’il emploie. Le risque de cette volatilité et liberté linguistique est que le quinquennat soit noirci par les polémiques, et que l’image du chef de l’État soit dégradée.
En somme, des mots qui, à force, pourraient bien se transformer en maux présidentiels.
Retrouvez l'intégalité de l'émission Déshabillons-les : «Macron : les mots du Chef », le samedi 21 octobre à 15h.