L'eurodéputé RN Jean-François Jalkh et l'ex-eurodéputée Sophie Montel, qui a depuis quitté le parti frontiste, ont été mis en examen pour "provocation à la discrimination raciale" dans une enquête sur un guide publié avant les municipales de 2014, a-t-on appris mercredi de sources concordantes.
Tous deux ont été mis en examen fin octobre et mi-novembre, a indiqué une source proche du dossier, confirmée par le parquet de Nanterre. Steeve Briois, actuel premier vice-président du RN, a été placé sous le statut intermédiaire de témoin assisté le 5 novembre.
Ces mises en examen interviennent dans le cadre d'une information judiciaire ouverte après une plainte en 2014 de l'association Maison des Potes mettant en cause les responsables de la publication du "Guide pratique de l'élu municipal Front national".
Dans ce document édité plusieurs mois avant les municipales de mars 2014, le FN (devenu RN) exhortait ses futurs élus à réclamer notamment l'application de la "priorité nationale dans l'accès aux logements sociaux".
M. Jalkh était alors directeur des publications du FN et Mme Montel chargée de la coordination des élus au sein du secrétariat général. M. Briois, alors secrétaire général, avait préfacé le guide.
Sollicités par l'AFP, M. Jalkh et M. Briois ainsi que leurs avocats n'étaient pas joignables. L'avocat de Mme Montel, qui a quitté le FN en 2017, n'a pas souhaité faire de commentaires.
"Il était temps" a réagi auprès de l'AFP le vice-président de l'association Maison des Potes, Samuel Thomas, qui regrette la "lenteur" de la justice dans ce dossier. "Ce qu'on souhaite surtout c'est que la justice tranche rapidement et qu'on puisse démontrer que le parti a réclamé la commission d'une infraction pénale à caractère raciste de la part de ses élus locaux".
Dans ce dossier, le Parlement européen avait levé l'immunité de M. Jalkh en novembre 2016, puis celles de Steeve Briois et Sophie Montel en octobre 2018.
A l'époque, M. Briois, également maire d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), avait dénoncé une "nouvelle persécution judiciaire".
Cette affaire relève "de la liberté d'expression", avait alors assuré Mme Montel. "En tant qu'élus d'opposition, on a tout à fait le droit de dire qu'on est contre une loi, et qu'on aspire à modifier cette loi", avait-elle poursuivi.
M. Jalkh figurait parmi les prévenus du procès des kits de campagne électoraux du FN, qui s'est achevé le 29 novembre à Paris. Deux ans de prison avec sursis ont été requis à son encontre.