François Bayrou écarte une suspension de la réforme des retraites
A quelques heures du discours de politique générale, le premier ministre a commencé à donner ses arbitrages aux présidents des groupes du socle commun.
Par Public Sénat
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L’orage gronde et se tient prêt à éclater en Catalogne. Après une grande manifestation contre les violences policières, ce mardi, suivi d’un discours ferme sur l’unité espagnole du roi Felipe VI, la tension entre la région et Madrid devrait monter d’un cran avec la proclamation prochaine de l’indépendance catalane. « Nous allons déclarer l’indépendance quarante-huit heures après le décompte des résultats officiels » a ainsi déclaré Carles Puigdemont, chef de l’exécutif régional, sur la BBC. Une crise politique aux portes de la France qui inquiète les sénateurs. « J’invite l’Union européenne à se saisir rapidement du sujet. Il faut qu’on élève le débat » alerte le président sortant de la commission des Affaires européennes, Jean Bizet. Le sénateur Les Républicains estime qu’il est impossible de reconnaitre l’indépendance de la Catalogne mais plaide pour une plus large autonomie de la région.
« Je demanderai la nomination de deux rapporteurs sur ces questions pour faire des propositions ».
« Il faut donner un peu plus de souplesse, de lisibilité et de repères » explique-t-il. D’autant plus que la « contagion » n’est pas loin. Les yeux sont évidemment rivés vers l’Ecosse. « L’Europe doit faire comprendre à la Catalogne qu’elle n’aura pas d’avenir. Bruxelles ne reconnaitra pas une telle entité, ce serait un très mauvais signal » martèle Jean Bizet. Ce serait aussi rouvrir une page douloureuse de l’histoire de France, marquée par les différents volontés autonomistes, parfois violentes, en Corse, en Bretagne ou encore au Pays basque. « Je crois que ces sujets sont derrière nous et je ne voudrais surtout pas les rouvrir en France » prévient Jean Bizet.
De son côté, le vice-président sortant de la commission, le socialiste Simon Sutour, refuse catégoriquement de fermer les yeux sur la crise politique qui mobilise l’Espagne. « Monsieur Rajoy et le Parti populaire (PP, droite) portent une lourde responsabilité dans les évènements. Pas uniquement par l’usage de la force disproportionnée lors du scrutin mais aussi dans les évènements qui l’ont précédé » assène-t-il.
En 2010, le Premier ministre conservateur obtient en effet du tribunal constitutionnel la caducité d’un accord de large autonomie négocié entre son prédécesseur José Luis Zapatero, et la Catalogne, le tout approuvé par un référendum local. « Depuis, la situation s’est radicalisée » souligne Simon Sutour, qui estime qu’un véritable référendum d’indépendance, légal et accepté par Madrid, ne donnerait « pas forcément une majorité de ‘oui’. » Pour Rajoy, le pari est osé. En restant ferme face à la Catalogne, il peut ainsi espérer renforcer sa légitimité et sa popularité en cas de nouvelles élections. S’il échoue, il prend le risque de perdre un poids lourd de son économie.
Désormais, c’est l’Europe qui doit prendre les choses en main, affirment les sénateurs. « Ce n’est plus un problème interne à l’Espagne, c’est un problème interne à l’Europe » assure le Simon Sutour. Justement, le Parlement s’est emparé du sujet lors d’un débat ce mercredi. « Il est grand temps de dialoguer, de parler, de trouver une voie en dehors de l'impasse et de travailler conformément à l'ordre constitutionnel espagnol », a plaidé le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, lors d'un débat d'urgence devant les députés européens à Strasbourg. Des paroles d’apaisement qui arrivent bien tard, tant le divorce semble entamé. Ce mercredi soir, Carles Puigdemont s’exprimera dans une allocution très attendue. La réaction de Madrid sera scrutée de près.
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