"L'Europe est en train de mourir", a alerté samedi Jean-Christophe Lagarde lors d'un Conseil national de l'UDI, fustigeant "les euro-critiques et les euro-sceptiques", selon lui "véritables destructeurs de l'Union Européenne".
"La conviction se dessine en moi que l'Europe est en train de mourir (parce qu') on n'a pas voulu construire l'Europe", a tonné le dirigeant centriste devant les cadres de son parti à moins d'un an des élections européennes, considérant qu'il "ne se trouvait pas un dirigeant, ni même le président français", pour la sauver.
A ses yeux, "Emmanuel Macron est le président le plus européen depuis Valéry Giscard d'Estaing", mais il est "désormais totalement isolé sur la scène européenne". "Je ne lui en fais pas grief, je constate", a-t-il lancé à la veille d'un mini-sommet européen, destiné à préparer le sommet des 28 et 29 juin largement consacré à l'immigration.
Or "nous avons besoin de changer complètement l'Europe, de porter ce message", a lancé le patron de l'UDI.
M. Lagarde a appelé notamment à définir "+une Europe Puissance+ fédérée par un socle de valeurs communes et par des partages de souveraineté et une +Europe géographique+, espace de libre-échange que nous connaissons mais qui devra harmoniser ses règles de concurrence interne".
Dans le détail, il a souhaité un "ministère économique fédéral", un corridor "fiscal" et un corridor "social" pour rapprocher les taux d'imposition nationaux des entreprises et les minima sociaux dans l'UE, ainsi qu'un "parquet européen" et une police fédérale européenne" pour lutter contre le terrorisme et les réseaux criminels transfrontaliers.
Concernant la crise migratoire, cet élu de Seine-Saint-Denis a proposé un "ministère européen des migrations", qui "harmonisera le droit d'asile", chaque pays fixant "tous les ans le nombre et la typologie des étrangers qu'il souhaite recevoir".
- "On fait semblant" -
Invité de ce congrès national, le Belge Guy Verhofstadt, président du groupe centriste au Parlement européen, l'ALDE, dans lequel siègent les eurodéputés UDI, s'est fait longuement applaudir, en affirmant notamment que "le mal européen, c'est que ce n’est pas une entité fédérale."
Il a assuré au président de l'UDI qu'il "l'accompagnerait" dans sa démarche s'il faisait liste à part pour les européennes de mai 2019.
M. Lagarde avait indiqué début juin que la question serait tranchée d'ici janvier 2019.
Or La République en marche a, depuis de nombreux mois, évoqué l'idée d'une "grande liste centrale", réunissant une vaste coalition européiste à laquelle notamment le MoDem mais aussi l'UDI auraient vocation à participer - sans se prononcer sur le groupe dans lequel les élus de cette liste siègeraient au Parlement européen.
"J'ai toujours dit que j'étais d'accord avec ce que dit Emmanuel Macron, mais qu'il n'y avait pas tout" sur l'Europe, a glissé samedi à l'AFP le président de l'UDI.
"Soit on construit vraiment, soit on fait semblant. Ce que dit Macron aujourd'hui, c'est 30% de ce qu'il faut faire", a-t-il ajouté, appelant le président français à se prononcer sur ses propositions.