Après un épisode cacophonique autour du congé de deuil d'un enfant qui a fait tanguer la macronie, l'exécutif cherche à amadouer les députés de...
L’exécutif cherche à cajoler une majorité vexée
Après un épisode cacophonique autour du congé de deuil d'un enfant qui a fait tanguer la macronie, l'exécutif cherche à amadouer les députés de...
Par Jérémy MAROT avec l'équipe du Parlement
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Après un épisode cacophonique autour du congé de deuil d'un enfant qui a fait tanguer la macronie, l'exécutif cherche à amadouer les députés de la majorité, malmenés sur le terrain et en quête de davantage de considération dans la chaîne du pouvoir.
A un accès de tension et de grandes explications, a succédé mercredi la recherche de l'apaisement entre le sommet et les parlementaires. Car la journée de mardi avait été houleuse, marquée par une réunion de groupe où a transpiré "beaucoup d'émotion", dixit la députée LREM Coralie Dubost.
En cause: le tollé suscité par le rejet jeudi dernier à l'Assemblée d'une proposition de loi UDI-Agir qui visait à porter de cinq à 12 jours le congé de deuil pour un enfant.
En première ligne, les députés de la majorité ont essuyé le feu des critiques pour leur opposition, qui avait évidemment été préalablement concertée avec le gouvernement. Et l'effet double lame est venu d'Emmanuel Macron lui-même qui avait demandé samedi de "l'humanité" au gouvernement.
Une sortie perçue comme inélégante par certains députés, alors que sur le terrain "des collègues vivent des situations d'extrême violence quasi quotidienne" en portant l'action du gouvernement, souligne une députée LREM.
"Les choses sont rattrapables si l'exécutif et notamment le président prend la peine de s'y atteler", complète un autre "marcheur".
Un souhait qui a été entendu puisque le chef de l'Etat réunira les députés de la majorité mardi prochain, a indiqué son entourage.
L'opération réconciliation a été amorcée dès ce mardi soir par Emmanuel Macron qui "a appelé" le président du groupe "Gilles Le Gendre pour redire toute sa confiance et son affection aux députés, et saluer leur tâche dans ce moment difficile, leur travail et leur sang froid, et les valeurs qui inspirent notre action", selon l'entourage de M. Le Gendre.
La porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a également désamorcé la situation en évoquant "un défaut d'interprétation des propos du président qui n'avait évidemment pas vocation à dire que ni les parlementaires de la majorité, ni les membres du gouvernement, à titre individuel, étaient en défaut d'humanité".
- "Le sel d'une division" -
Edouard Philippe à l'Assemblée nationale, le 4 février 2020
AFP/Archives
"Les députés ne sont pas responsables, tu ne peux pas plaider autre chose que la bonne foi", insiste un conseiller de l'exécutif en soulignant que le Premier ministre avait lui-même reconnu "une boulette" et assumé "une part de responsabilité".
Mais "il faut qu'on retisse le lien qui s'est tendu avec les députés", métaphorise-t-il encore, alors que l'opposition LR ironise sur "les couacs en stock qui montrent l'amateurisme du gouvernement".
Car l'épisode symbolise aussi la relation ambivalente qu'entretient Emmanuel Macron avec une majorité élue dans le sillage de l'élection présidentielle et immédiatement taxée de "godillots". "Tout député que l'on est, on le doit d'abord à quelqu'un", résume une parlementaire du sud.
Dans la chaîne du pouvoir, le groupe LREM cherche comment peser sans ressusciter le spectre des "frondeurs" du quinquennat Hollande. Un vrai défi de "management" pour l'exécutif qui peine à trouver la bonne fréquence avec sa majorité.
A ce titre, des récents échos dans la presse ont été particulièrement mal reçus, à l'image de ce "ténor de la macronie" traitant dans Le Parisien les députés LREM de "cons", ou ce membre du gouvernement confiant au Figaro qu'un élu de la majorité "ne sert à rien" car "il est là pour voter, avoir une mission de temps en temps et surtout fermer sa gueule".
Des propos d'"une grave lâcheté", s'étrangle le député Guillaume Chiche qui met en garde: "ça, ça peut être le sel d'une division".
Si Edouard Philippe convie régulièrement par grappes des députés à Matignon, Emmanuel Macron est, lui, plus avare de ces marques de considération. En septembre dernier, il avait réuni quelque 200 députés et sénateurs LREM et MoDem mais avait autant manié le fouet que la caresse en exhortant ses troupes à ne pas être un "parti bourgeois" et en délivrant un discours ferme sur l'immigration qui avait heurté une frange du groupe.
Un an plus tôt en pleine affaire Benalla, à l'été 2018, devant les parlementaires, il s'était aussi fait plus menaçant que cajoleur en fustigeant les potentielles "voix dissonantes". "Les tireurs couchés d'un jour finissent abattus avec les autres", avait-il prévenu.
Au Sénat, la droite et une partie de la gauche tombent d’accord sur une chose : la procédure parlementaire permettra à la droite et le centre d’enterrer la suspension de la réforme des retraites. Un fait qui inspire de la sérénité à Claude Malhuret (Horizon) sur la possibilité de réécrire la copie de Sébastien Lecornu, et pousse au contraire Cécile Cukierman (PCF) à enjoindre les députés de gauche à le prendre en compte dans leur vote de la censure ce jeudi.
Avec le non-recours au 49.3, les socialistes ont été entendus par Sébastien Lecornu. Mais ils sont désormais contraints à voter le budget de la Sécurité sociale pour valider la suspension de la réforme des retraites. Un véhicule législatif confirmé par le Premier ministre, ce mercredi. Sans cette arme du parlementarisme rationalisé, les budgets de la Sécurité sociale comme celui de l’Etat seront également amendés par la droite. Ce qui pourrait amener à des copies finales difficiles à assumer pour les socialistes.
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