L’exécutif « déterminé » à soutenir le bras de fer dans la bataille du rail

L’exécutif « déterminé » à soutenir le bras de fer dans la bataille du rail

"Déterminé" à tenir "le cap" de la réforme de la SNCF après avoir lâché un peu de lest, l'exécutif se prépare à soutenir le bras...
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Par Jérémy MAROT

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"Déterminé" à tenir "le cap" de la réforme de la SNCF après avoir lâché un peu de lest, l'exécutif se prépare à soutenir le bras de fer d'une grève au long cours des cheminots face aux "conservatismes" et à la "gréviculture".

C'est une semaine en forme d'épreuve de force pour le gouvernement alors que la grève "s'annonce dure, suivie au moins pour la première, peut-être les deux premières semaines", a souligné lundi sur BFMTV le rapporteur LREM de la réforme ferroviaire à l'Assemblée, Jean-Baptiste Djebbari.

"On s'attend à un mouvement social très lourd, très fort, avec un impact très dur sur les usagers du train", selon une source gouvernementale. "Face à ça, à nous d'être dans le respect du cap qui est fixé", a-t-elle insisté, quand M. Djebbari a évoqué une réforme "nécessaire" que "le gouvernement et le Parlement sont déterminés à mener".

Alors que plane le spectre d'une coagulation des revendications (Air France, étudiants, fonctionnaires...), voire des semaines de grèves de novembre 1995, le ministre de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin a lui aussi insisté dimanche sur "la détermination tranquille et totale" du gouvernement.

Une formule employée au mot près par Edouard Philippe mardi devant les députés de la majorité à qui il demandé de rester soudés face à l'adversité, "plus dans la logique de la tortue romaine que dans l'attitude du sniper embusqué", selon une source parlementaire.

Après un premier test social d'envergure lors des manifestations du 22 mars, l'exécutif entre donc dans le vif d'un conflit assorti d'une bataille de l'opinion.

"Sur le cœur politique" des électeurs d'Emmanuel Macron, "le soutien est très très fort", veut-on croire au gouvernement, mettant en avant la méthode de "concertation" face à "l'opposition de principe", dixit M. Djebbari, de certains syndicats.

Selon un sondage Ifop pour le Journal du dimanche, le soutien à la grève progresse dans l'opinion mais n'est pas majoritaire, avec 46% de Français qui trouvent le mouvement "justifié".

- "Sortir de la gréviculture" -

"Personne ne peut comprendre que les syndicats de cheminots engagent une grève longue et pénalisante alors que le gouvernement est dans le dialogue", a estimé dimanche dans Le Parisien la ministre des Transports, Elisabeth Borne.

Elle a également argué que la concertation avec les partenaires sociaux n'était qu'à "mi-chemin" et que le débat parlementaire commençait tout juste mardi en commission.

"L'important serait peut-être de sortir de la gréviculture", a lancé lundi sur France Inter le porte-parole de La République en marche, Gabriel Attal.

Comme preuve de bonne volonté, l'exécutif met aussi en avant un recours atténué aux ordonnances et "des garanties de haut niveau" apportées aux cheminots, sur l'ouverture échelonnée à la concurrence et la "portabilité des droits" sociaux en cas de transfert du salarié à une autre entreprise ferroviaire.

Et M. Djebbari a concédé que "les cheminots se sont sentis humiliés, ont senti un +SNCF bashing+ qui aujourd'hui les radicalise un peu. Et ça je souhaite qu'on arrive à le débloquer".

Outre le front syndical, le gouvernement devra endiguer celui de l'opposition politique, qui ne manque pas de s'engouffrer dans la brèche.

Douze partis de gauche, dont La France insoumise, le PCF, Génération.s, EELV ou le NPA, ont apporté vendredi leur soutien aux syndicats contre "la casse de la SNCF" préfigurant selon eux celle de tout le service public.

"À présent, la grande bataille sociale est engagée", a écrit lundi soir sur son blog le leader de la LFI Jean-Luc Mélenchon en estimant que "tout est en place pour un bras de fer de longue durée". "N’attendez pas les consignes! Agissez! Auto-organisez-vous! Fédérez-vous! Que mille étincelles s’allument et il fera jour dans la nuit macroniste", a-t-il encore exhorté.

Le PS a apporté son soutien "aux grévistes" mais aussi "aux usagers" selon son premier secrétaire Olivier Faure, tout en demandant que "le gouvernement arrête de mettre un pistolet sur la tempe" avec les ordonnances.

A droite, on a jusque-là surtout pointé un "problème de méthode", selon le président du Sénat Gérard Larcher, et on s'est inquiété de la fermeture de "ce que les Parisiens appellent à tort les petites lignes du quotidien", comme le vice-président de LR, Guillaume Peltier.

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