Le gouvernement a affiché mercredi sa détermination à être fin prêt pour lancer la semaine prochaine le "grand débat national" malgré le flou...
L’exécutif sous pression avant le coup d’envoi du grand débat
Le gouvernement a affiché mercredi sa détermination à être fin prêt pour lancer la semaine prochaine le "grand débat national" malgré le flou...
Par Jérôme RIVET et Marc PREEL
Temps de lecture :
5 min
Publié le
Mis à jour le
Le gouvernement a affiché mercredi sa détermination à être fin prêt pour lancer la semaine prochaine le "grand débat national" malgré le flou qui demeure sur sa finalité et son organisation après la démission de Chantal Jouanno.
"Nous serons prêts", a assuré le Premier ministre Edouard Philippe à l'issue du séminaire gouvernemental de rentrée.
Le temps presse puisque ce débat doit débuter la semaine prochaine dans toute la France après son lancement par Emmanuel Macron qui adressera une "lettre aux Français" avant d'effectuer un premier déplacement mardi dans l'Eure, deux mois après le début du mouvement des "gilets jaunes". Un mouvement pour lequel l'approbation des Français est en baisse de 10 points en un mois, mais qui reste majoritaire (60%), selon un sondage Elabe.
Beaucoup de points restent à régler, en particulier le pilotage de ce débat après la démission soudaine mardi soir de Chantal Jouanno, la présidente du Conseil national du débat public (CNDP).
Chantal Jouanno, à Paris le 28 octobre 2015
AFP/Archives
"Je regrette" cette démission, qui, en intervenant "tard dans le processus", ajoute "une complexité supplémentaire", a reconnu Edouard Philippe.
Sans s'avancer, il a indiqué qu'il détaillerait lundi les modalités finales du débat, après d'ultimes réunions à Matignon avec les partenaires sociaux et les élus. Afin d'offrir, selon lui, "l'ensemble des garanties qui permettront aux Français de constater que ce débat impartial (...) est transparent et surtout utile". "Débattre, c’est aussi tenir compte de ce qui a été dit (...) et nous affirmons clairement notre volonté de tenir compte de tout ce qui aura été dit", a-t-il assuré.
D'ores et déjà, une partie des "gilets jaunes" et de l'opposition, Rassemblement national et La France insoumise en tête, mettent en doute à la fois l'utilité et la sincérité de cette consultation.
Cette "grande entourloupe" "ne sert à rien", a affirmé le député LFI Eric Coquerel, pour lequel le gouvernement la voit "comme un grand enterrement du mouvement" des "gilets jaunes".
Pour Marine Le Pen (RN), le débat est déjà "coulé parce qu'il a été lancé sous l'égide d'une gigantesque hypocrisie, puisque le gouvernement a expliqué à maintes reprises (...) que de toute façon ils ne changeront pas".
Parmi les élus qui veulent y croire, figure le maire de Bordeaux Alain Juppé (ex-LR), qui va installer des cahiers de doléances dans les mairies de quartier de sa ville, l'un des bastions des manifestations des "gilets jaunes".
Le pouvoir d'achat, "l'injustice fiscale" et l'appauvrissement des services publics en milieu rural sont arrivés en tête des préoccupations exprimées par les habitants des quelque 5.000 petites communes où la consultation a été menée ces dernières semaines.
- "Grand déballage" -
Pour tenter d'éviter que ce débat ne se transforme en "grand déballage" et face à la pression notamment des antimariage pour tous, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a précisé que les thèmes de l'IVG, de la peine de mort et du mariage pour tous n'étaient "pas sur la table" et qu'il n'était "pas question" de revenir sur ces "avancées conquises de haute lutte".
Mais d'autres questions sensibles risquent d'embarrasser l'exécutif: le retour de l'ISF, la suppression de la taxe d'habitation pour les 20% plus riches ou encore le salaire des hauts fonctionnaires.
Chantal Jouanno a elle-même jugé "légitime" qu'on s'interroge sur sa rémunération de 14.666 euros bruts mensuels.
"Comment les Français pouvaient accepter cela" alors que l'on "demande beaucoup aux Français les plus modestes?", a commenté le député LR Fabien Di Filippo, auteur d'une proposition de loi visant à plafonner la rémunération dans la haute fonction publique.
Après s'être montré extrêmement discret en public depuis début décembre, Emmanuel Macron s'est rendu mercredi après-midi à Créteil (Val-de-Marne) pour inaugurer la nouvelle Maison du handball avant le départ pour le Mondial de l'équipe de France. Il y a été accueilli aux cris de "Macron démission" par environ 150 personnes rassemblées à proximité alors qu'un vaste périmètre de sécurité avait été mis en place.
Interrogé par des journalistes, il a botté en touche sur le grand débat, soulignant que "c'est un gros travail de préparation qui se poursuit".
Ce climat hostile laisse augurer des difficultés qui attendent le président, qui a prévu une série de déplacements en région pour le "grand débat", dont le premier mardi à Grand Bourgtheroulde, selon un député LREM, avant le Lot le 18 janvier.
Cette visite à Créteil intervient à trois jours de l'"acte IX" des "gilets jaunes" alors que le gouvernement a prévu de se montrer extrêmement ferme contre les casseurs et les manifestations non déclarées. A l'image de l'ex-boxeur professionnel Christophe Dettinger, jugé mercredi en comparution immédiate pour "violences volontaires" contre les forces de l'ordre, quelques jours après les images virales le montrant en train de frapper deux gendarmes à Paris.
Après une nuit de bombardements sur Kiev, Volodymyr Zelensky doit rencontrer Donald Trump ce dimanche 28 décembre en Floride pour finaliser un plan de paix. Un rapprochement qui pourrait infléchir la position de la Russie et accélérer la conclusion d’un cessez-le-feu.
Edouard Balladur élu en 1995, DSK en 2012, Alain Juppé en 2017… Et Jordan Bardella en 2027 ? Voici les résultats des élections présidentielles, si l’on était dans un monde parallèle. Celui des sondages, à 18 mois environ du scrutin. Car si les sondages peuvent donner la tendance du moment, ils ne sont pas des prédictions, l’histoire nous l’a monté. Mais parfois, ils ont aussi vu juste, très en amont…
Après un faible regain en novembre, le président de la République atteint à nouveau son plus faible niveau de confiance depuis 2017. Si la défiance touche l’ensemble de l’exécutif, Emmanuel Macron cristallise le désaveu tandis que sur la scène nationale, seul le RN est en progression.
Après l’adoption de la loi spéciale pour assurer la continuité de l’Etat, le gouvernement devra reprendre les débats au Parlement, début janvier, pour espérer faire adopter un budget pour l’année 2026. Une opération délicate dans un paysage politique fragmenté et avec un calendrier contraint.