« Elle a été piégée ! On a exploité la détresse et la frustration d’une candidate après une défaite », regrette-t-on dans l’entourage d’Agnès Buzyn. Difficile pour ses proches d’expliquer autrement la sortie médiatique de leur championne : « Ariane Chemin [la journaliste du Monde à l’origine des confidences d’Agnès Buzyn] a profité de sa relation de confiance avec Agnès Buzyn pour obtenir des déclarations ambiguës ». Quoi qu’il en soit, cela ne remet pas en cause la volonté de l’ancienne ministre de la Santé de briguer le poste de maire de Paris.
Une majorité présidentielle en plein désarroi
« Elle reste candidate. De toute façon, elle n’a pas le choix. Elle devra reprendre sa campagne après la crise, de gré ou de force, il n’y a pas d’alternative » confie-t-on au sein de son équipe de campagne. Officiellement donc, il ne s’agit que d’un mauvais moment à passer. Officieusement, certains ne cachent pas leur amertume. « Après l’affaire Griveaux, c’est un nouveau coup de poignard dans le dos. On ne s’en sortira pas. Les militants sont à bout de forces. Beaucoup ne repartiront pas au combat pour le second tour » parie un militant LREM engagé dans la campagne.
Le parti présidentiel devra-t-il à nouveau changer de candidat à Paris ? Si pour l’heure l’urgence est à la gestion de la crise sanitaire, les calculs politiques vont bon train. Deux lignes semblent s’affronter au sein des Marcheurs. Il y a les plus magnanimes : « Agnès Buzyn a eu un moment de désarroi. Tout le monde s’accorde à penser qu’elle n’aurait jamais dû faire ces déclarations dans la presse. Mais il s’agit d’un syndrome post-électoral, ça arrive » reconnaît un sénateur LREM, qui voit toujours en Agnès Buzyn la seule option crédible à Paris. Et les plus rancuniers, pour qui la question d’un nouveau candidat va vite se poser : « Elle a souhaité devenir maire de Paris alors qu’elle avait, en tant que ministre de la Santé, conscience des risques sanitaires qui pesaient sur la France. Elle a perdu les élections et reproche ensuite au gouvernement de ne pas avoir anticipé ces risques. C’est irresponsable. Elle n’est plus crédible ! Sa carrière politique est terminée ! » s’agace un ministre. Plus prosaïque, une tête de liste LREM dans la capitale résume la situation : « Pour l’instant, on est tous confinés à la maison, ça ne sert à rien de polémiquer. Il faut traverser la crise du coronavirus. On réglera les comptes ensuite ».
Une campagne (presque) suspendue
Au sein de la garde rapprochée d’Anne Hidalgo, les déclarations d’Agnès Buzyn ont également surpris. « C’est tellement grave que ça en devient hallucinant. Nous sommes actuellement pleinement mobilisés dans la gestion de la crise, mais il faudra un jour mettre au clair les responsabilités. Le Premier ministre et le Président de la République devront s’expliquer sur la gestion de cette crise » souffle-t-on dans l’entourage de la maire de Paris. « Cela pose des questions par rapport au second tour. Agnès Buzyn est-elle réellement en mesure d’être candidate après cette affaire ? Je ne le pense pas » ajoute ce même proche d’Anne Hidalgo.
Du côté de Cédric Villani, si la campagne a été mise en suspens, on assure que le second tour n’aura rien à voir avec le premier. « Les cartes vont être complètement rebattues. LREM va devoir passer le flambeau à un troisième candidat [après Benjamin Griveaux et Agnès Buzyn], ou alors laisser chaque tête de liste faire ce qu’elle veut dans son arrondissement. Si c’est cette deuxième option qui est retenue, les choses vont devenir illisibles. Il existe une troisième option pour LREM : celle de se retrouver autour de Cédric Villani… » confie malicieusement l’une des têtes de liste du candidat. La bataille de Paris n’a pas dit son dernier mot.