La campagne sans écho de Benoît Hamon

La campagne sans écho de Benoît Hamon

Le candidat socialiste se démultiplie sur le terrain et sur les plateaux de télévision, mais l’attention médiatique concentrée sur l’affaire Fillon et la défiance d’une partie des socialistes handicapent sa campagne.
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Après des jours de négociations avec les écologistes et d’atermoiements, Benoît Hamon imaginait enfin pouvoir entrer de plain-pied dans la campagne. Mais la semaine qui s’est écoulée a été compliquée, ou du moins, n’a pas eu les effets escomptés.

Occultées par les rebondissements de l’affaire Fillon, les propositions que le candidat égrène au fur et à mesure de ses déplacements peinent à imprimer. Pour lui, ce feuilleton qui s’est ouvert le 25 janvier « parasite » la campagne et « sature le débat démocratique ».

« Je n'en peux plus »

Aujourd'hui en Corse, le socialiste n'a pas caché son agacement face au « feuilleton interminable de François Fillon et ses amis ».

« C’est difficile de faire percer des sujets de fond », reconnaît l’un des membres de son équipe. Benoît Hamon a pourtant multiplié ses interventions dans les médias et ses déplacements sur le terrain. Le 1er mars, depuis Brest, il s’engage à assurer pour tout le territoire un « panier de services publics fondamentaux », situés à moins d’une demi-heure du domicile de chaque foyer français. La mesure est éclipsée par l’annonce de la convocation de François Fillon par la justice.

Le lendemain, le candidat arpente les allées du Salon de l’agriculture durant près de huit heures et présente son « contrat écologique et social » pour les agriculteurs. La visite se déroule sans accrocs, mais surtout sans retombées, l’attention étant concentrée sur les départs en cascade dans le camp Fillon et la présentation du programme d’Emmanuel Macron.

Même scénario vendredi. Ses propositions en faveur des TPE et des entrepreneurs, notamment l’ouverture des droits aux indemnisations chômage pour les indépendants passent au second plan, derrière l’éclatement de l’unité à droite.

« On n’arrive pas à percer le mur d’actualité médiatique »

« La campagne est complètement escamotée, au profit de la chronique liée à l’affaire Fillon », regrette Alexis Bachelay, l’un des cadres de la campagne de Benoît Hamon :

« Même quand on parle à travers des propositions du sujet de la transparence, du statut des élus, ça n’arrive pas à percer le mur d’actualité médiatique, essentiellement concentré autour de la droite, de François Fillon, alors même que nous sommes à moins de 50 jours de l’élection présidentielle. »

« On n’arrive pas à percer le mur d’actualité médiatique », déplore Alexis Bachelay
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Images : Stéphane Hamalian

Contestation au sein du Parti socialiste

Benoît Hamon peine à se faire entendre dans la campagne, il se heurte en même temps à la difficulté de s’entendre avec son propre camp.

La fronde des députés réformateurs ne s’est pas arrêtée. Ce week-end, le député Jean-Louis Gagnaire annonce avoir parrainé Emmanuel Macron. L’élu de la Loire critique sans ménagement la campagne menée par Benoît Hamon depuis les primaires :

Samedi, dans une interview publiée sur le JDD.fr, Patrick Kanner met en doute au grand jour les capacités de Benoît Hamon à rassembler le parti socialiste. Il lui réclame des « preuves d’amour ». Le ministre de la Ville n’exclut pas de voter Emmanuel Macron. Qu’importe, « ma campagne n'est pas là pour donner des preuves d'amour aux ministres, elle est là pour parler aux Français », réplique Benoît Hamon le lendemain dans Punchline.

Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion et Stratégies d’Entreprise de l’Ifop, est d’avis que l’affaire Fillon n’est qu’une raison parmi d’autres dans les difficultés de la campagne de Benoît Hamon. « Il y a des difficultés structurelles », détaille-t-il. Candidat d’un parti de gouvernement sortant, il pâtit de l’impopularité du président de la République. Et de l’autre côté, son statut de frondeur ne lui rend pas non plus service : son élection « s’est faite au prix d’une série de fractures internes au Parti socialiste », juge Jérôme Fourquet.

Jérôme Fourquet : « il y a des difficultés structurelles » dans la campagne de Benoît Hamon
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Images : Stéphane Hamalian

Si Patrick Kanner s’inquiète d’un « faux plat qui dure », un sondage est toutefois venu redonner du baume au cœur de l’équipe Hamon. Selon une enquête TNS Sofres pour Le Figaro, Benoît recueillerait 16% d’intentions de vote (en progression de 2 points), à un point derrière François Fillon.

Le débat du 20 mars attendu

Cette nouvelle semaine qui s’ouvre pour Benoît Hamon sera une nouvelle occasion d’occuper le terrain. En déplacement à Bastia ce lundi, le socialiste se rendra mardi à Marseille, une visite centrée sur le thème de la dépendance, sur lequel il devrait dévoiler ses propositions.

D’un côté, une volonté d’être présent sur la thématique du vieillissement de la population, et de l’autre, un discours qui s’adresse aux jeunes. Ce jeudi, son livre Pour la génération qui vient sortira en librairie. Autre rendez-vous attendu le jour-même : il sera l’invité de L’Émission politique sur France 2, trois mois jour pour jour après son premier passage qui avait lancé la dynamique de sa campagne pour les primaires. L’équipe du candidat attend avec la même impatience le débat du 20 mars qui sera organisé entre les principaux candidats sur TF1. « Benoît Hamon est plutôt considéré comme à l’aise dans ces exercices-là », note Alexis Bachelay.

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