« La carte scolaire sent bon la IVe République », raille le sénateur LR Max Brisson

« La carte scolaire sent bon la IVe République », raille le sénateur LR Max Brisson

Lors des questions d’actualité au Sénat, le sénateur LR Max Brisson a interpellé le ministre de l’Education nationale Pap Ndiaye sur les fermetures de classes et la logique de la carte scolaire. Il dénonce une vision comptable « qui sent bon la IVe République » 
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Lors des questions d’actualité au Sénat, ce mercredi 1er mars, le sénateur LR des Pyrénées Atlantiques Max Brisson a introduit sa prise de parole en rendant hommage à l’enseignante tuée mercredi dernier dans le lycée Saint-Thomas-d ‘Aquin, à Saint-Jean-de-Luz. « Ce drame absolu n’a pas grand-chose à voir avec la difficile détection des situations de détresse des adolescents. De ces sujets, nous reparlerons quand l’émotion sera passée » a-t-il amorcé.

Sur un ton vindicatif, il a ensuite interpellé le ministre de l’Education nationale Pap Ndiaye sur les fermetures de classes, notamment en milieu rural, une mesure dite de carte scolaire, qui conduit les inspecteurs d’académie « à sortir leurs règles à calcul pour compter les élèves et décider du sort des postes et des classes ». La carte scolaire repose en effet sur une analyse annuelle des effectifs des élèves, à partir de laquelle sont répartis les postes d’enseignant, et sont ainsi définis le nombre de classes dans les écoles.

Fermetures de classes et baisses de dotations se profilent pour 2023

En décembre, le ministère de l’Education a présenté la répartition par académie des postes dans l’enseignement public pour septembre 2023, marquée par plus de 1 000 suppressions d’emplois, notamment dans l’académie de Paris. Une politique jugée paradoxale après l’organisation en urgence de concours de recrutement de professeurs il y a six mois. Par ailleurs, plus de 200 classes vont fermer dans les écoles et les collèges en 2023, en raison de la baisse démographique et des suppressions de postes. Une décision qui ne passe pas. « Tel est le verdict du rituel immuable de la carte scolaire, qui sent bon la IVe République » a déploré le sénateur Max Brisson sans cacher son agacement.

« Nous veillons à ce que le taux d’encadrement continu de s’améliorer, en particulier dans les zones rurales » a quant à lui assuré le ministre Pap Ndiaye, qui a justifié la fermeture des classes par les évolutions démographiques fournies par les statistiques. S’il confirme que la carte scolaire dépend des variations annuelles et des déménagements des familles, il a tenu à rappeler que ce dispositif « nous amène à fermer des classes ici, à en ouvrir là ». A la fin de son discours, le ministre a cependant reconnu : « Nous sommes encore au stade des ajustements »

« Au ministère de l’Education nationale, l’entrée dans la modernité, c’est pour quand ? »

En effet, le nombre d’élèves diminue au fur et à mesure des années. Les établissements scolaires devraient compter près de 64 000 élèves en moins l’année prochaine, une réalité qui s’explique par la baisse de la natalité en France (on compte aujourd’hui 100 000 naissances de moins qu’il y a 10 ans). D’après les projections de l’Education nationale, ce chiffre pourrait continuer à baisser pour atteindre les 6,1 millions en 2026. Dans ce contexte, l’enseignement public va connaître pour la rentrée 2023 une baisse de 667 postes.

Dans son interpellation, le sénateur reproche justement au gouvernement d’adopter une vision comptable de la gestion des classes sur le territoire : « Monsieur le Ministre, jusqu’à quand resterez-vous le seul de vos collègues qui adapte chaque année les postes au comptage à l’unité près de ses usagers ? A quand une procédure pluriannuelle de la carte scolaire, adaptée à notre époque ? Bref, au ministère de l’éducation nationale, l’entrée dans la modernité, c’est pour quand ? » a-t-il interrogé avec ironie le ministre, sous les applaudissements des sénateurs de son groupe.

Parents, enseignants et élus craignent une détérioration du service public

Depuis le mois de décembre, la fermeture des classes dans les écoles a fait l’objet de débats tendus et a provoqué plusieurs manifestations. De Paris au Finistère en passant par la ville de Montpellier, la logique dite de carte scolaire est contestée par les parents, enseignants et élus, qui craignent une détérioration du service public. Au lendemain de l’annonce des fermetures de classes, la Fédération nationale des conseils de parents d’élèves (FCPE) avait notamment interpellé sur Twitter : « 187 postes supprimés dans le primaire, 182 postes dans le secondaire, 1 école sur 3 touchées à Paris… stop à la saignée »

Dans le journal officiel du Sénat le 23 février, le sénateur Philippe Paul avait quant à lui tenu à nuancer : « La baisse démographique ne peut être ignorée, la dimension structurante des établissements scolaires dans les communes de petite taille ne peut pas l’être non plus ».

 

 

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