Changement de pied à la CGT: le syndicat a décidé mercredi de marcher le samedi 26 mai aux côtés de plusieurs organisations syndicales, associatives et politiques, y compris La France insoumise, qu'elle a jusqu'à présent snobée au nom de son indépendance.
"Il s'agit de rassembler la jeunesse, les retraités, les salariés en emploi et hors de l'emploi, les précaires ainsi que toutes celles et ceux qui, solidaires des luttes en cours, ne sont pas encore engagés dans l'action", explique le syndicat dans son communiqué.
Il s'appuie sur les résultats d'une consultation interne, qui a donné le feu vert à la participation: 78 organisations CGT ont voté pour, six se sont abstenues et six ont voté contre, selon une source interne.
La CGT, qui n'a pas coutume de défiler les samedis, ajoute aussi avoir pris cette décision "compte tenu de l'urgence sociale".
Mais celle qui a coupé tout lien avec le PCF dans les années 1990 prend soin de préciser qu'elle reste "fidèle à ses principes d'indépendance".
Parmi les participants au mouvement du 26 mai, organisé par Attac, figurent des associations comme les Effronté.es, la Fondation Copernic, le Syndicat de la magistrature, mais aussi Solidaires, la FSU, l'Unef, Droit au logement, le PCF et La France Insoumise.
Or jusqu'à présent, Philippe Martinez, le numéro un de la CGT, s'est refusé à marcher aux côtés de La France insoumise. Comme le 5 mai, lors de la "Fête à Macron" organisée par l'Insoumis François Ruffin, à laquelle ont toutefois participé des syndicalistes CGT.
"Multiplier les dates génère de la division et n'est pas efficace", avait expliqué M. Martinez à quelques jours de la mobilisation.
En automne, il avait aussi refusé de battre le pavé à une manifestation organisée par Jean-Luc Mélenchon. "Quand on est un mouvement politique, les objectifs sont différents de quand on est un syndicat", avait-il alors argumenté, se montrant déjà méfiant devant toute récupération.
- "Photo de famille" -
Qu'est-ce qui justifie ce changement de position? Silence radio côté direction.
"Cela peut paraître un peu surprenant, mais la participation peut s'expliquer par le fait que cette fois, le mouvement a été coconstruit, avec plusieurs acteurs. Il ne s'agit pas d'un appel lancé par un parti politique seul", selon un dirigeant CGT.
La participation de la CGT le 26 "est liée au succès de la +Fête à Macron+. On a besoin d'élargir la mobilisation", estime un autre dirigeant, évoquant les résultats mitigés des manifestations organisées le 19 avril ou le 1er mai.
Le changement de pied du numéro un de la CGT n'est pas aisé. "Il n'a qu'une crainte: qu'il y ait une photo de famille avec lui et Mélenchon le 26 mai!", assure le haut dirigeant.
Une conférence de presse aura lieu jeudi dans les locaux de la confédération, à Montreuil, organisée par Attac et la Fondation Copernic. Signe du malaise: il n'est pas sûr que Philippe Martinez soit présent.
Lors du défilé du 26 mai, qui a déjà fait l'objet de plusieurs réunions préparatoires depuis avril, il est d'ores et déjà prévu qu'aucune personnalité politique ne marche en tête. Et les organisations syndicales et politiques marcheront séparément.
Jean-Luc Mélenchon a indiqué sur tweeter que "La marée du est un appel collectif de la CGT, de Solidaires, d'associations et d'organisations politiques. Réduire le collectif à la France insoumise est malintentionné".
La CFDT et FO ne seront pas de la partie.
"Je ne ferai pas ce chemin en arrière de l'indépendance du syndicalisme qui a été fait depuis 20-30 ans. C'est mortifère pour le syndicalisme", a expliqué Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT.
A Force ouvrière, qui vient de changer de tête, la position est la même. "C'est une manifestation d'ordre politique, nous n'avons pas à nous en mêler et nous ne nous en mêlerons pas", a relevé début mai Pascal Pavageau, qui a en commun avec Philippe Martinez de n'appartenir à aucun parti politique.