Siège du Sénat de la Ve République, le Palais du Luxembourg a abrité différentes assemblées de l’Histoire de France, et notamment la Chambre des Pairs, sous la Monarchie, de 1814 à 1848. A l’époque, les Pairs de France formaient la seconde chambre du Parlement.
« Nous avons différentes étapes dans l’histoire du Palais du Luxembourg mais également dans l’histoire de la représentation politique et les Pairs de France représentent un de ces étapes », explique Hélène Conway-Mouret, vice-présidente du Sénat.
Une fonction législative et judiciaire
Durant cette période, les Pairs de France examinaient les textes de loi mais ils avaient aussi une fonction de juges. Le Palais du Luxembourg abrita plusieurs procès pour atteinte à la sûreté de l’Etat.
Parmi ces parlementaires, on retrouve des familles nobles mais aussi des personnages historiques.
Victor Hugo, le plus célèbre des Pairs
« Le plus célèbre d’entre eux c’est Victor Hugo », rappelle Jean-Marc Ticchi, responsable de la division Archives du Sénat. « On peut citer aussi le duc de Richelieu le duc de Montmorency. Chateaubriand a également été pair de France. Il a quitté la Chambre sur un coup d’éclat quand Louis Philippe est arrivé au pouvoir en 1830. »
A l’origine de l’hémicycle actuel
C’est aux Pairs de France que l’on doit la construction de l’hémicycle actuel du Sénat qui accueille les débats.
« A l’époque, l’hémicycle se trouvait au milieu de l’actuelle salle des conférences », raconte Jean-Marc Ticchi. « Mais il ne pouvait contenir que 100 places or il y avait 200 pairs de France. On a choisi de construire un nouvel hémicycle sur le jardin du Luxembourg qui se trouve ici. »
Des parlementaires nommés par le Roi
Sous la Monarchie, c’est le roi qui nomme les parlementaires de la seconde chambre. Toutes les lettres de nominations ont été conservées dans des registres, et seront exposées au Sénat lors des Journées du Patrimoine.
« Nous sommes heureux avec la délégation à l’événementiel du Sénat de pouvoir accueillir pour la deuxième fois en 200 ans ces documents précieux qui ne sont pas accessibles au public puisqu’ils sont aux Archives nationales avec lesquels nous coopérons », se réjouit Hélène Conway-Mouret.
Les lettres royales de nomination conservées aux Archives nationales
Direction donc les Archives nationales, à Pierrefitte-sur-Seine, où sont conservées précieusement les lettres du roi Louis XVIII adressées à chaque Pair de France. On y retrouve Marie Ranquet, conservatrice aux Archives nationales, en charge des registres de ces lettres.
« Un point intéressant ce n’est pas du papier mais du parchemin, cela montre la solennité de l’acte et en plus c’est extrêmement résistant dans le temps. »
Dans chaque lettre, le roi Louis XVIII se place sous la grâce divine et s’inscrit dans la continuité avec la monarchie d’Ancien Régime.
Autre élément important, le blason du Pair de France qui est nommé. Un symbole décrit avec précision dans chaque lettre.
Talleyrand, l’homme qui traversait les régimes
Au fil des lettres, on découvre la nomination de personnages haut en couleurs comme Talleyrand, l’homme politique qui traversa l’Ancien Régime, la Révolution, l’Empire et la Restauration. “On le retrouve nommé Pair de France en 1818 nommé Pair de France par le Roi. Pour Louis XVIII, c’est important de nommer à la fois des familles d’anciens régimes et des anciens généraux d’empire, afin d’avoir une assise politique.”
Pour l’une de leurs rares sorties des Archives nationales, les registres des Pairs de France vont rejoindre le Sénat et seront présentés au public lors des Journées du Patrimoine les 19 et 20 septembre.