La ministre de la Justice Nicole Belloubet a choisi le haut magistrat Rémy Heitz pour succéder à François Molins au poste sensible de procureur de Paris, a annoncé mercredi le porte-parole de la chancellerie sur Twitter.
La ministre a proposé ce magistrat de 54 ans au Conseil supérieur de la magistrature (CSM), qui rendra un avis non contraignant pour le gouvernement. Ancien "M. Sécurité routière" de Jacques Chirac et actuel directeur des affaires criminelles et des grâces (DACG), Rémy Heitz sera ensuite officiellement nommé sur décret présidentiel.
La succession de François Molins, 65 ans, qui doit quitter la tête du parquet de Paris en novembre après sept ans à ce poste pour rejoindre la Cour de cassation, est depuis une semaine au coeur d'une polémique, l'Elysée étant accusé de s'immiscer dans le pouvoir judiciaire, après avoir rejeté des candidatures retenues par la chancellerie.
Le Premier ministre Edouard Philippe - qui a reçu cet été, selon une source gouvernementale, deux prétendants au poste finalement recalés - a dit mardi qu'il "(assumait) parfaitement" son intervention, de façon à "être certain que celui qui sera proposé (...) sera parfaitement en ligne". Le chef du gouvernement a déclaré vouloir lui-même être "parfaitement à l'aise avec ce procureur".
L'opposition de l'exécutif aux trois postulants auditionnés en juillet par la garde des Sceaux avait entraîné le 24 septembre le lancement d'un nouvel appel à candidatures, hérissant le monde de la magistrature.
Le candidat jusque-là favori de la ministre de la Justice, le procureur de Lyon Marc Cimamonti, ayant été proposé au poste de procureur général à Versailles, c'est Rémy Heitz qui semblait tenir la corde ces derniers jours pour prendre la suite de François Molins, devenu d'attentat en attentat le visage de l'antiterrorisme.
M. Heitz avait été nommé en août 2017 à la direction de la DACG, un poste qui passe pour être le plus important de la Chancellerie, après celui de garde des Sceaux.
Connu pour avoir été le délégué interministériel à la sécurité routière de 2003 à 2006, son parcours atypique l'a mené à la fois dans les ministères et dans les différents arcanes de la magistrature. Vice-procureur de Paris pendant six mois en 2001, il a également présidé le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis), le deuxième plus grand de France, entre 2011 à 2015.