Emmanuel Macron a défendu mercredi la "souveraineté" européenne face à la Chine, assurant que Pékin avait désormais "compris" que le continent avançait groupé, particulièrement lorsqu'il s'agissait de défendre son indépendance technologique.
"Je pense que la Chine a compris maintenant que l'Europe était organisée, que nous avions un agenda d'ouverture et de souveraineté et que nous avions la volonté d'avancer ensemble groupés comme un partenaire crédible et efficace", a assuré le président français devant la presse, au dernier jour de sa visite officielle en Chine.
M. Macron a estimé qu'il avait fallu "corriger les erreurs du passé", lorsque la Chine avait investi massivement dans des pays de l'UE comme la Grèce, en proie à de graves difficultés économiques.
"Nous avons conduit plusieurs pays à des réformes très dures, rapides, et à des privatisations forcées sans qu'il y ait d'acheteurs européens", a rappelé le chef de l'Etat français. "Force est de constater qu'on a mis plusieurs pays en situation d'avoir uniquement des acheteurs non-européens, c'est-à-dire des acheteurs chinois".
L'UE a depuis défini une liste de secteurs stratégiques qui peuvent être fermés aux investisseurs non-européens.
"Plus nous arrivons à montrer que l'Union européenne sait défendre ses intérêts stratégiques, a un agenda coordonné offensif et défensif, plus elle sera vue de manière crédible par la Chine", a estimé M. Macron.
Il a appelé à finaliser en 2020 l'accord Chine-UE sur l'investissement, à prendre une "initiative forte" avec la Chine sur le climat et à définir "avant l'été" avec ce pays la réforme prévue de l'OMC.
Interrogé sur les investissements du géant chinois des télécoms Huawei, soupçonné d'espionnage potentiel et mis à l'index par les Etats-Unis, M. Macron a assuré que la France était "un pays ouvert à tous les investisseurs".
"Je suis tout à fait heureux que Huawei, Nokia, Ericsson, ZTE et tous les autres soient des fournisseurs", a-t-il assuré.
"Je dis simplement qu'à un moment donné, sur une partie de notre réseau, ce sont des sujets de souveraineté, et donc l'Etat, les Etats européens, doivent avoir un droit de regard, (...) de la même manière que l'Etat chinois a un regard sur les éléments de technologie", a observé le président français.