La continuité des services publics menacée par Omicron ? « Je crains qu’on  ne soit au bord du gouffre », s’inquiète Jean-Michel Arnaud

La continuité des services publics menacée par Omicron ? « Je crains qu’on ne soit au bord du gouffre », s’inquiète Jean-Michel Arnaud

Alors que des records journaliers de contamination au covid-19 s’enchaînent en France, des inquiétudes se posent sur l’état de fonctionnement des services publics de base. L’un des rapporteurs de la mission d’information du Sénat sur le covid-19 estime que le gouvernement va vite se retrouver au pied du mur.
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La France a enregistré pour la première fois le 3 janvier plus de 400 000 contaminations par jour du covid-19. L’extrême contagiosité du variant omicron va-t-elle entraîner des paralysies dans certains services publics, voire une « désorganisation de la société », comme le redoutait le Conseil scientifique fin 2021 ? La hausse des absences est en tout cas scrutée par le gouvernement. Le Premier ministre Jean Castex a réuni en début de semaine dix de ses ministres « afin de faire le point sur l’impact du variant Omicron et sur la continuité des services publics essentiels » (santé, éducation, transports, administrations, forces de sécurité ou encore énergie).

Interrogé par Public Sénat, l’un des deux rapporteurs de la mission d’information sénatoriale sur les mesures de restriction, fait part de sa préoccupation face à la vigueur épidémique. « Il y a une inquiétude sérieuse de voir une certaine rupture d’offres de services publics à la population. Je crains qu’on ne soit au bord du gouffre », réagit Jean-Michel Arnaud (Union centriste). Le sénateur des Hautes-Alpes ajoute : « Je pense que le gouvernement ne pourra pas tenir la position qui est la sienne. » La mission d’information pourrait auditionner des acteurs de l’Education nationale et de l’Hôpital dans les prochains jours, pour formuler de nouvelles recommandations.

Avec des jours où la barre des 1,5 million de tests est franchie, la présidente de la commission des affaires sociales du Sénat, Catherine Deroche (LR) s’inquiète de la stratégie à l’œuvre. « On teste à tout va avec des coûts colossaux. Le coût a du sens si cela débouche sur quelque chose de cohérent derrière. »

Un pic de 15 % d’enseignants absents attendu dans l’Education nationale

A l’Education nationale, ce mois de janvier est jugé « difficile », de l’aveu de Jean-Michel Blanquer, interrogé à ce sujet lors des questions au gouvernement qui se sont tenues au Sénat ce 5 janvier. Le ministre a indiqué que le taux d’absence cette semaine s’élevait à 7 %. Le pic pourrait grimper jusqu’à 15 %, tout en précisant que des moyens étaient actuellement déployés « pour aller au-delà des 9 % de moyens de remplacement ». Le sénateur Arnaud de Belenet (apparenté au groupe Union centriste), l’avait interpellé sur ces élèves des enseignants en arrêt maladie, renvoyés chez eux.

Fin décembre, Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique, s’attendait à ce qu’un moins un tiers des enseignants de France soit concerné par une absence par le virus d’ici fin janvier. « Parmi les enseignants, il y aura un tiers qui sera touché, voire plus, de façon directe ou indirecte. Ce sera la même chose pour les élèves », estimait l’épidémiologiste. Comprendre : des contaminations additionnées aux cas contacts, et ce, de façon cumulée.

La tension est montée d’un cran ce vendredi, contre un « protocole sanitaire ingérable ». Le SNUipp-FSU, syndicat majoritaire du premier degré, et le SE-Unsa (écoles, collèges et les lycées), appellent les enseignants à faire grève le 13 janvier. Ils veulent « obtenir les conditions d’une école sécurisée sous Omicron ».

Fortes tensions dans les effectifs dans les hôpitaux

A l’hôpital, les effectifs sont également victimes de la vague épidémique. Martin Hirsch, le directeur général de l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris, avait prévenu le 31 décembre que janvier allait « tanguer ». Il y a une semaine, le ministère de la Santé avait pris des devants en autorisant les personnels positifs asymptomatiques à déroger aux règles d’isolement, et à pouvoir continuer à travailler auprès de patients vaccinés et non vulnérables. Depuis plusieurs jours, de nombreux grands hôpitaux connaissent une forte tension. Le 3 janvier, à Perpignan, on comptait 300 agents en moins (dont la moitié de soignants). Fin décembre, le CHU de Lille devait composer avec « 600 infirmiers et aides-soignants absents par jour ».

Dans les transports, Omicron pousse aussi les opérateurs à réduire la voilure. En début de semaine, Île-de-France Mobilités relevait que 11 % du personnel dans les transports franciliens étaient en arrêt maladie, selon RTL. Dans plusieurs régions, le trafic des TER est également ralenti, mais la SNCF a également réduit le nombre de trains à cause de la baisse de fréquentation induite par le télétravail.

Les administrations et agences du service public (Pôle Emploi, Caisses d’allocation familiales) s’adaptent aussi à la période actuelle, service par service, avec des prises de rendez-vous d’usagers plutôt que des horaires de réception, ou des horaires de réponses élargis par téléphone. Le ministère de la Transformation et de la Fonction publiques se veut confiant, malgré la vigueur inédite de l’épidémie. « Il n’y a pas de risque d’une forme de déstabilisation du service public », nous assure-t-on au ministère.

Face à la dynamique très forte de l’épidémie, le gouvernement avait assoupli les modalités d’isolement le 3 janvier. Les personnes disposant d’un schéma vaccinal complet doivent désormais s’isoler pendant sept jours en cas de test positif. Cet isolement peut être levé au bout de cinq jours en cas de test négatif. Pour les personnes cas contact entièrement vaccinées, il n’y a plus de quarantaine.

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