La Cour des comptes épingle le dernier budget Hollande

La Cour des comptes épingle le dernier budget Hollande

Selon l’audit commandé par Emmanuel Macron a son arrivée, le déficit atteindra en 2017 3,2% et non 2,8% comme annoncé. De quoi justifier de futures économies pour le gouvernement. Emmanuel Macron entend respecter la règle européenne de limitation à 3% de déficit, qu’il n’a jamais remise en cause.
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« Insincères ». C’est le jugement de la Cour des comptes sur les finances du pays. Le Canard enchaîné a pu consulter l’audit des finances publiques qu’Emmanuel Macron a commandé à son arrivée aux Sages de la rue Cambon. Résultats : le déficit du PIB s’élèvera en 2017 à 3,2% et non 2,8%, comme annoncé en 2016 par les ex-ministres socialistes Michel Sapin et Christian Eckert. Une mise en cause de la fin du quinquennat Hollande.

L’ancien ministre Stéphane Le Foll, proche de François Hollande, « conteste » les accusations « d'insincérité » et dit craindre « une mauvaise manière » de l'exécutif pour « lancer le débat sur le prochain budget ».

Mise en garde du Sénat fin 2016

L’audit doit être rendu public jeudi. « Nous attendons sous 48h les résultats de l’audit de la Cour des comptes et nous craignons que le Sénat ait eu raison quand il a refusé de voter le budget 2017 en 2016 », affirmait hier à Public Sénat le président LR de la Haute assemblée, Gérard Larcher. Les sénateurs LR avaient en effet alerté fin 2016. La majorité sénatoriale LR/UDI avait refusé d’examiner le budget en séance pour dénoncer… son « insincérité » (voir notre article). En des termes moins diplomates, le président de groupe, Bruno Retailleau, avait dénoncé « un budget bidon ». « Il est maquillé comme une voiture volée ce budget… » avait même lancé son collègue Philippe Dallier. Le rapporteur général du budget au Sénat, le sénateur LR Albéric de Montgolfier, avait vu juste : en 2017, « le déficit sera plus proche de 3,2% selon nous » estimait le sénateur de l’Eure-et-Loire.

Année préélectorale

Ce décalage entre les prévisions et la réalité s’explique notamment par certaines décisions du dernier budget Hollande, qui arrivait en année préélectorale. L’exécutif avait par exemple décidé du dégel du point d’indice. Le plan de soutien à l’élevage, de 700 millions d’euros, s’étalant sur la période 2015/2017, a pu avoir un impact. De nouvelles baisses d’impôts prévues aussi par Michel Sapin pour cette année sont autant de manques à gagner pour les caisses de l’Etat.

Ce carton rouge de la Cour des comptes pourrait en réalité arranger les affaires du gouvernement. Le ministre de l’Economie a anticipé les résultats de l’audit de la Cour des comptes. Dans un entretien accordé au Figaro samedi dernier, Bruno Le Maire a prévenu : le gouvernement va devoir « prendre des décisions difficiles pour repasser sous la barre des 3 % de déficit public ». « Le précédent gouvernement n’a pas budgété des dépenses quasi certaines, comme la recapitalisation d’Areva, et laissé filer la dépense depuis le début de l’année », a-t-il accusé. L’audit de la Cour tombe ainsi à point nommé pour justifier les coupes budgétaires qui s’annoncent. D’autant qu’Emmanuel Macron entend respecter la règle européenne de limitation à 3% du déficit.

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