Une présidence particulière. Alors que la présidence allemande de l’Union européenne prendra fin début janvier, la commission des Affaires européennes du Sénat reçoit, ce jeudi, l’ambassadrice de France en Allemagne pour faire le bilan de ces six mois de présidence, affectés par la crise sanitaire. « C’est une année exceptionnelle que nous vivons et que nous allons continuer à vivre », soutient Anne-Marie Descôtes. « Exceptionnelle du fait du contexte de la crise, mais aussi sur le plan des relations franco-allemandes, qui ont connu une intensité de travail particulière. » L’ambassadrice décrit ainsi une forte coopération entre les deux pays membres de l’Union européenne dans la gestion de la crise sanitaire, malgré l’obligation d’un repli décisionnel national pour les Etats-membres.
« La pandémie nous a tous obligés à réduire le nombre de contacts physiques », soutient Anne-Marie Descôtes. « Nous avons même vécu en mars cette décision douloureuse de la fermeture des frontières, qui reflétait une forme d’inquiétude, et même de panique devant cette pandémie. Et l’absence de compétences européennes dans le secteur de la santé a fait que chacun a pris des décisions à titre national. » L’ambassadrice décrit une collaboration accrue entre la France et l’Allemagne dans la gestion de la crise, avec notamment 120 patients français accueillis dans les hôpitaux allemands, et « un ou deux patients » allemands accueillis en France afin de libérer des places dans les hôpitaux d’Allemagne. Le plan de relance européen est donc, pour Anne-Marie Descôtes, le symbole « de notre travail en commun » et représente « quelque chose de nouveau et de très fort en termes d’expression de solidarité et sur la capacité à trouver ensemble les moyens de sortir de la crise. »
« Nous devons nous inscrire dans la continuité »
Les principales conséquences de la crise sanitaire, sur le plan européen, sont doubles, pour l’ambassadrice française. D’abord la mise en évidence d’un besoin de moyens renforcés pour « rendre l’Union européenne plus autonome », mais également la nécessité d’une coopération très forte et continue entre les gouvernements français et allemand. « L’Allemagne a montré à quel point sa santé économique était dépendante de la nôtre et de celle de ses autres voisins et qu’il fallait renforcer le marché intérieur de l’Union européenne », soutient Anne-Marie Descôtes. Et, plus que jamais, la diplomate revendique la nécessité de travailler sur la souveraineté européenne. « Dans ce contexte ce n’est pas seulement le plan de relance qu’il faut retenir, mais tout l’agenda de souveraineté », affirme-t-elle. « Le président de la République et la Chancelière ont d’ailleurs identifié des domaines clés pour positionner l’Europe de manière plus forte dans le contexte géopolitique, et un certain nombre de projets phares ont été portés par les deux pays, en étroite coordination avec la commission européenne. »
Et alors que s’achève la présidence allemande, Anne-Marie Descôtes défend la nécessité, pour la France, de travailler « dans la continuité de ce mandat » au moment de sa présidence, en 2022. « Notre présidence arrive en 2022, et il faut faire en sorte que les sujets qui n’ont pas pu aboutir puissent trouver leur aboutissement sous notre présidence avec les maîtres-mots « reconstruction- puissance-appartenance » », revendique-t-elle. « Une relation franco-allemande forte est nécessaire pour assurer la stabilité de l’UE et asseoir sa souveraineté dans un contexte international toujours plus instable, et nous sommes pleinement concentrés sur les grands enjeux d’avenir autour du numérique et du green deal », conclut l’ambassadrice.