C’est un sommet en marge du sommet. Quelques heures avant que Versailles n’accueille pour deux jours le sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne, la droite européenne a tenu son propre sommet à Paris. Plusieurs dirigeants du Parti Populaire Européen (PPE) se sont réunis ce 10 avril au siège des Républicains à Paris pour aborder la guerre en Ukraine.
Cette fois, Valérie Pécresse sort d’une réunion officielle, dix jours après la photo moquée de son Conseil stratégique de défense, prise à son quartier général. Aux côtés du président du PPE, le Polonais Donald Tusk, elle précise que le PPE attend du sommet de Versailles la manifestation d’une « unité » et de la « détermination sans faille » de l’Europe. Mais aussi un « renforcement des sanctions » à l’égard du régime de Vladimir Poutine. « Il y a urgence à établir et à renforcer le rapport de force pour faire adopter un cessez-le-feu », appelle-t-elle, après avoir évoqué la « brutalité » des actes du Kremlin. « Même si nous allons payer un prix élevé, plus les sanctions iront loin, et plus la solidarité avec l’Ukraine sera grande, plus les chances d’éviter le scénario du pire seront grandes », renchérit Donald Tusk.
Le PPE n’est cependant pas allé jusqu’à demander un embargo sur les hydrocarbures russes. « La position n’a pas été unanime sur ce point », indique Valérie Pécresse. Donald Tusk reconnaît qu’une telle décision peut être « très difficile » pour certains pays. La Bulgarie est par exemple dépendante à 100 % du gaz russe. « Je peux comprendre ces problèmes », ajoute l’ancien président du Conseil européen (2014-2019).
« Je n’ai jamais eu aucune sympathie, ni aucune compromission avec Vladimir Poutine », insiste la candidate Valérie Pécresse
Prudence également sur la demande d’Ukraine d’intégrer l’Union européenne. « L’Ukraine a une vocation européenne mais il faut prendre garde à ne pas faire aux Ukrainiens des promesses qu’on ne pourrait pas tenir dans l’immédiat », insiste Valérie Pécresse. Le PPE ne poussera pas au-delà d’un renforcement du partenariat signé en 2014 avec Kiev. L’urgence aujourd’hui est « de soutenir l’Ukraine pour qu’elle garde son intégrité politique et territoriale », résume Valérie Pécresse.
La politique française s’est invitée malgré elle dans cette conférence de presse. Dans son discours, Donald Tusk a été le premier à en parler, en ciblant « l’internationale pro-Poutine ». « Poutine a construit un large réseau d’alliés et, peut-être, d’idiots utiles. Consciemment ou pas, de façon désintéressée ou pour l’argent, l’extrême droite, l’extrême gauche, et parfois des élus mainstream ont soutenu son action ou promu ses idées. » L’ancien Premier ministre conservateur de Pologne (Plate-forme civique) ne cible pas seulement l’américain Donald Trump, le Hongrois Viktor Orban ou l’Italien Matteo Salvini. Marine Le Pen et Éric Zemmour sont aussi nommément cités. « La dépoutinisation, ou en d’autres mots, libérer le domaine public européen, l’Europe politique et les médias, des influences du Kremlin, est devenue une nécessité du moment », appelle-t-il.
Avant de céder à nouveau la parole à Valérie Pécresse, Donald Tusk lui adresse une pensée, au sujet du débat qui opposera la présidente de l’Île-de-France à Éric Zemmour ce soir. « Je te souhaite plein de succès pour le débat. »
Même si elle souhaitait éviter tout commentaire sur la campagne présidentielle, Valérie Pécresse s’est retrouvée à souligner sa différence avec certains concurrents sur sa droite. « Je n’ai jamais eu aucune sympathie, ni aucune compromission avec Vladimir Poutine, alors que d’autres – vous les avez entendus – comme Éric Zemmour, rêvaient d’un Poutine français, expliquaient qu’il était l’agressé dans cette crise, ou bien Marine Le Pen à Moscou qui a dit que la politique de Vladimir Poutine était celle qu’elle voulait pour la France. »