La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a assuré ce mercredi à la sortie du Conseil des ministres qu’Emmanuel Macron a acté qu’il n’y avait pour le moment pas « de socle plus large que celui qui est en place aujourd’hui » pour gouverner. Mais, après les consultations des responsables de partis mardi, « le président continue à écouter et à tendre la main ».
« La détermination de Sarko, l’humanité de Chirac » : les soutiens de Xavier Bertrand au Sénat saluent sa candidature à la présidentielle
Par Pierre Maurer
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C’était un secret de polichinelle. Xavier Bertrand sera candidat à l’élection présidentielle en 2022. Le président ex-LR des Hauts-de-France l’a officialisé ce mercredi soir dans une interview au Point. « Oui je serai candidat. Je suis totalement déterminé. Dans la situation actuelle de la France, j’estime que c’est mon devoir », y affirme-t-il, déroulant les premiers axes de son projet. Jusqu’ici, l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy répétait à longueur de passages dans les médias être « déterminé » ou qu’il se « préparait », et faisait de sa réélection à la tête de sa région la première étape de sa course vers l’Elysée.
« Cela clarifie la situation »
Cette officialisation vient à point nommé pour ses soutiens LR de la chambre Haute. Sénateur du Pas-de-Calais, Jean-François Rapin s’en réjouit. « À un certain moment, il est important que le temps politique se fasse. On peut dire que c’est loin d’une élection, mais Chirac avait lancé sa candidature plus d’un an avant la présidentielle. La vie politique est rythmée par des annonces », fait-il valoir. Soutien de Bertrand, le sénateur Les Indépendants de l’Aisne, Pierre-Jean Verzelen, abonde : « Il ne peut plus faire un plateau télé sans qu’on lui pose la question. Qui a la capacité à rassembler ? Qui dans les sondages est le mieux placé ? Qui marque l’envie ? Xavier Bertrand », lance-t-il. Ces dernières semaines, Xavier Bertrand s’est affirmé comme le premier des candidats à droite, atteignant généralement les 14-15 % d’intentions de vote. À l’écouter, le président de la Manufacture fait figure de synthèse à droite : « Bertrand a un avantage : il a l’énergie et la détermination d’un Sarko et le côté humain de Chirac. Il est très concret. »
« Je le soutiens complètement », salue Marc-Philippe Daubresse, sénateur LR du Nord. Il explique le timing de cette annonce par l’incertitude qui plane toujours sur la tenue des élections régionales et départementales en juin. « Je pense que c’est ce qui l’a déterminé à se déclarer plus vite. L’une des raisons de l’échec de Sarkozy en 2011, c’était qu’il s’était déclaré trop tard », estime-t-il. Olivier Paccaud, sénateur LR de l’Oise et proche de Bertrand est satisfait : « Il faut être clair et direct et Xavier Bertrand est depuis longtemps candidat à la candidature et c’est une bonne chose. Cela clarifie la situation ». Picards tous les deux, ils ont eu l’occasion de travailler ensemble. Olivier Paccaud a pu constater ses qualités d’homme d’Etat ». « C’est un homme proche du peuple », insiste-t-il.
Contacté par téléphone, le vice-président LR du Sénat Roger Karoutchi apprend tout juste la nouvelle. Et n’est pas surpris. « Je croyais que c’était déjà le cas. Comme quoi le teasing ça marche ! », s’esclaffe-t-il. « C’est bien que la droite ait plusieurs candidats potentiels. Il faudra évidemment que toutes celles et tous ceux qui veulent y aller le disent dans les semaines à venir. Il faudra se mettre d’accord », prévient-il. Du côté du président des sénateurs LR Bruno Retailleau, lui aussi candidat à la présidentielle et favorable à une primaire à droite, on ne souhaite pas faire de commentaire. « Pour ne pas parasiter les régionales », assure son entourage.
Dans les rangs des adversaires politiques, le président des sénateurs socialistes et figure politique des Hauts-de-France, Patrick Kanner se dit « un peu interloqué » par cette annonce. « Nous sommes en plein débat sur la tenue des régionales. Xavier Bertrand avait dit qu’il annoncerait sa candidature au mois de mai. Et puis il prend tout le monde de court. Il doit avoir le don d’ubiquité ! », raille-t-il. « La question qui se pose pour les nordistes, c’est quelle est la vraie priorité de Xavier Bertrand aujourd’hui ? », enchérit-il. « Il se situe dans une démarche très gaullienne, au-dessus des partis. Mais n’est pas de Gaulle qui veut », enfonce Patrick Kanner qui fustige un Xavier Bertrand mélangeant « son destin personnel au destin des nordistes qui ont besoin d’un président de région à temps plein ».
« Je ne souhaite plus m’inscrire dans la logique d’un seul parti »
Dans son entretien, comme le souligne Patrick Kanner, Xavier Bertrand affirme en effet vouloir offrir une candidature « au-dessus des partis » et refuse de participer à une primaire de la droite. « Je ne souhaite plus m’inscrire dans la logique d’un seul parti », affirme-t-il au Point. « La direction du parti est pour un système de départage. Mais le mettre en place au mois d’octobre, c’est un peu tard », remarque Marc-Philippe Daubresse. « Ce n’est pas nouveau non plus son refus de la primaire. Le parti est tellement divisé sur la question… », ajoute Jean-François Rapin. « Je pensais que tout le monde était vacciné contre les primaires, c’est un système à perdre », s’agace, lui, Pierre-Jean Verzelen. L’affrontement fratricide entre François Fillon et Nicolas Sarkozy, puis avec Alain Juppé en 2016 reste un traumatisme à droite.
Ses partisans se prêtent déjà à rêver d’une dream team de la droite, une sorte d’union de tous les candidats putatifs. « On peut imaginer Xavier Bertrand travailler sur le domaine de président de la République, Pécresse sur le rôle de Premier ministre, et Retailleau dans un ministère régalien », échafaude Marc-Philippe Daubresse. « Ce serait très heureux que les trois mieux placés chez les sympathisants de notre parti se mettent ensemble pour travailler sur tous les sujets », enjoint-il. « J’espère que Bruno Retailleau sera l’un des futurs grands ministres de Xavier Bertrand ! Le fait d’annoncer une candidature maintenant fait partie d’une stratégie qui sera critiquée mais qui sera assumée. Annoncer la couleur très franchement, c’est une bonne chose pour notre famille politique », embraye Olivier Paccaud, évacuant le risque des divisions. « Il semble essayer de réconcilier toutes les tendances de la droite. Il a un programme très tourné sur la sécurité, le régalien. Il y a aussi un volet sur la décentralisation etc », observe Christine Lavarde sénatrice LR des Hauts-de-Seine.
Jean-François Rapin persiste. « Est-ce qu’on fait confiance à celui qui est haut dans les sondages ? Ou est-ce qu’on attend que les autres montent ? Les soutiens sont là, Damien Abad par exemple. Xavier Bertrand est le meilleur candidat ! », martèle-t-il. Mais à gauche, Patrick Kanner ne lui prédit pas un avenir victorieux. « Xavier Bertrand crée beaucoup de confusion par une démarche très personnelle. C’est un homme seul. Est-ce que son aventure peut fonctionner ? J’en doute… » En vieux routier de la politique, Roger Karoutchi préfère appeler au calme : « Restons extrêmement zen ».