Des débats passionnés s’annoncent encore au Sénat sur les manifestations récentes et sur le maintien de l’ordre. Quatre jours après les violents affrontements entre manifestants et gendarmes à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), des sénateurs de la majorité sénatoriale ont déposé une proposition de résolution « exprimant la gratitude et la reconnaissance du Sénat aux membres des forces de l’ordre déployées sur tout le territoire national ».
Ce texte sans valeur normative a une portée avant tout symbolique et sert aux parlementaires à interpeller le gouvernement. Celle-ci a été signée par Bruno Retailleau et l’ensemble des membres LR, mais également par un peu plus de la moitié du groupe Union centriste, l’autre composante de la majorité sénatoriale. Depuis le 16 mars, plus de 1 000 policiers, gendarmes et sapeurs-pompiers ont été blessés, selon le ministère de l’Intérieur. Le bilan du côté des manifestants n’est pas connu.
« On ne peut pas applaudir les forces de l’ordre après les attentats, pour ensuite les laisser se faire attaquer »
Inquiets de la multiplication des affrontements « directs » entre casseurs et forces de l’ordre, les signataires affirment notamment que cette violence est « aujourd’hui légitimée et encouragée par des élus qui tiennent des discours ambivalents » et soulignent qu’il est « inacceptable et dangereux de renvoyer dos à dos forces de l’ordre et casseurs ». Ils ajoutent que policiers et gendarmes sont « injustement la cible récurrente et privilégiée des critiques politiques, sans aucun égard pour l’ultra-violence qui les vise ».
Si les étiquettes politiques en question ne sont pas explicitées, Hervé Marseille, le président du groupe Union centriste se tourne par exemple vers la France insoumise. « Il s’agit d’une proposition de résolution pour soutenir les forces de l’ordre après ce qu’elles ont vécu ces dernières semaines. Nous considérons que la police ne tue pas, contrairement à ce qu’affirme Monsieur Mélenchon, mais sauve des vies », développe le patron de l’UDI. Et d’ajouter : « On ne peut pas applaudir les forces de l’ordre après Charlie Hebdo et les attentats du 13-Novembre, pour ensuite les laisser se faire attaquer, menacer. »
Au-delà d’une « profonde gratitude », d’une « reconnaissance » et de leur « soutien », les auteurs de cette proposition de résolution invitent le gouvernement à « prendre toutes les mesures qui s’imposent pour appréhender les casseurs et ramener l’ordre dans notre pays ».
Un débat électrique en séance se profile le 12 avril
Pour le moment, la proposition de résolution n’a pas encore été inscrite à l’ordre du jour, mais la conférence des présidents, programmée en fin de journée ce 5 avril, s’acheminerait sur la date du 12 avril comme date d’un débat dans l’hémicycle, selon nos informations.
Les échanges entre droite et gauche pourraient être animés, étant donné le niveau de tension atteint le 29 mars lors des questions au gouvernement, aussi bien au moment des réponses du ministre de l’Intérieur que des interventions du sénateur écologiste Thomas Dossus. « Ça va chauffer », anticipe déjà un collaborateur du groupe CRCE (communiste, républicain, citoyen et écologiste).
Au sein du groupe écologiste, le texte déposé semble particulièrement remonter ses membres. « Ça nous apparaît tellement manichéen, manipulatoire et outrancier », dénonce Guy Benarroche, sénateur EELV des Bouches-du-Rhône. « Il y a une vingtaine de considérants qui sont orientés, tantôt contre les écolos, tantôt contre LFI. C’est un amalgame éhonté d’idées reçues. Soutenir les forces de l’ordre, c’est surtout apporter une formation, appliquer des doctrines qui maintiennent la sûreté publique et qui ne viennent pas s’ajouter au désordre ou qui le provoquent », ajoute le parlementaire.
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