« Le mouvement ne cesse pas, il se transforme », annonce Arnaud Rousseau, président de la FNSEA dans une conférence de presse faisant suite aux annonces de Gabriel Attal pour répondre à la crise agricole. Le président des Jeunes Agriculteurs, Arnaud Gaillot, s’est également félicité des mesures présentées par le Premier ministre et à appeler à « suspendre les blocages » et à « entrer dans une nouvelle forme d’action ». Le mouvement des agriculteurs, entamé le 18 janvier, bloque de nombreuses autoroutes, notamment autour de Paris.
« Ces quinze derniers jours, c’est l’histoire de nos 20 dernières années agricoles »
Revenus décents, libre-échange et concurrence déloyale, contraintes environnementales et normes européennes… « Ces quinze derniers jours, c’est l’histoire de nos 20 dernières années agricoles », avance Arnaud Rousseau qui salue une « mobilisation historique ». Le président de la FNSEA s’est dit « très touché du soutien que nous apporte l’ensemble de la nation » et salue « l’écoute de la part du Premier ministre pour essayer de comprendre quels sont nos enjeux ». Dans ses annonces, Gabriel Attal reprend quasiment l’intégralité des revendications des agriculteurs notamment l’inscription de la souveraineté alimentaire dans la loi, la mise en pause du plan « écophyto », la promesse de ne pas surtransposer les directives européennes et de s’opposer au traité de libre-échange avec le Mercosur ou encore des aides à hauteur de 150 millions d’euros pour les éleveurs. Arnaud Gaillot se félicite de « mesures fortes sur la transmission », alors que le Premier ministre « avait omis de parler de l’installation et de la transmission » vendredi dernier.
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Les deux représentants syndicaux ont également affirmé que la mobilisation allait se transformer et rentrer dans une nouvelle phase et ont posé plusieurs conditions pour ne pas reprendre les blocages. Pour les mesures immédiates, Arnaud Gaillot exige que les premiers résultats soient visibles dès le salon de l’agriculture, qui débutera le 24 février prochain. Concernant le reste des mesures, les deux syndicats donnent jusqu’à juin au gouvernement pour inscrire les mesures dans un projet de loi, notamment en ce qui concerne la souveraineté alimentaire et les indicateurs de celle-ci. « Si ces marqueurs ne sont pas remplis, nous n’hésiterons pas à relancer la mobilisation », annonce d’ailleurs Arnaud Gaillot. Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau a tout de même précisé qu’il attendait « la synthèse du gouvernement sur les annonces » avant de commencer à débloquer.
« Nous sommes dans deux situations opposées » concernant les revendications sur le plan national et sur le plan européen
Si les différents responsables insistent à ce point pour préciser que le mouvement n’est pas fini, c’est parce que les agriculteurs ont encore du mal à obtenir gain de cause sur leurs revendications européennes. « Technocratie », « politiques iniques », « décisions prises de loin », « surdité de l’Europe », Arnaud Rousseau ne manquait pas de qualificatifs pour critiquer les politiques agricoles européennes. « Nous sommes dans deux situations opposées » concernant les revendications sur le plan national et sur le plan européen précisait d’ailleurs Arnaud Rousseau. Alors qu’une manifestation d’agriculteurs venus de toute l’Europe se tenait devant le Parlement européen à Bruxelles, les représentants syndicaux veulent faire de l’agriculture le sujet majeur de la campagne des élections européennes 2024.
La FNSEA et les Jeunes agriculteurs souhaitent, entre autres, « protéger le marché intérieur européen » notamment face aux exportations ukrainiennes de volaille, revenir sur plusieurs éléments de la PAC dont le ratio de prairies permanentes et les jachères, un abandon du volet agricole du Pacte vert ou encore une modification de la directive IED. « Chacun sait que le commissaire européen à l’agriculture n’a pas été à la hauteur », affirme Arnaud Rousseau se plaignant d’une faible prise en compte de ces revendications par la Commission européenne. Le président de la FNSEA ne s’y trompe pas et presse Emmanuel Macron de reprendre à son compte les demandes des agriculteurs lors du conseil européen de ce jeudi. Le chef de l’Etat prendra la parole depuis Bruxelles en fin de journée.