La France insoumise va tenter de devenir tout sauf un « parti traditionnel »
Ebranlée par une série de polémiques récentes et l'échec du mouvement social, La France insoumise se structure ce week-end à Clermont-Ferrand,...
Par Lucile MALANDAIN
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Ebranlée par une série de polémiques récentes et l'échec du mouvement social, La France insoumise se structure ce week-end à Clermont-Ferrand, dans un délicat équilibre entre "liberté d'action" et "cadre national", avec La République en Marche en guise de contre-exemple.
Fort de quelques 555.000 inscrits, le mouvement créé par Jean-Luc Mélenchon plus d'un an avant la présidentielle n'a toujours pas de chef, d'exécutif officiel ni d'instances de démocratie interne.
Il n'aura pas plus de tête à l'issue de sa Convention nationale, qui doit réunir ce week-end quelque 1.500 personnes essentiellement tirées au sort, mais il devrait marcher sur plusieurs jambes.
Actions, programme, groupe parlementaire, liens avec les luttes sociales, espace politique, comité électoral: le mouvement que Jean-Luc Mélenchon envisageait "gazeux" à la rentrée doit surtout ne ressembler à rien d'existant.
Ni tomber dans les écueils dont est déjà soupçonné le parti présidentiel, LREM, qui fonctionne selon LFI comme "un parti politique traditionnel" alors que les Insoumis aspirent à un "militantisme personnalisé".
Le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon (c), des militants du mouvement, lors d'une manifestation contre les réformes du gouvernement sur le Code du Travail, le 23 septembre 2017 à Paris
AFP/Archives
Parce que ses militants l'ont rejoint avant la présidentielle, pendant ou après, parce que chacun doit pouvoir choisir son mode d'engagement et le temps qu'il souhaite y consacrer, "le mouvement ne peut pas lui-même s'approprier ses propres soutiens, il ne peut les déclarer fondus dans une même entité assez homogène pour se doter d'une +direction politique+ qu'ils désigneraient par des votes après débats entre plateformes et ainsi de suite", explique M. Mélenchon dans une note de blog.
La France insoumise sera donc, décrit-il, "polycentrique". Soucieux de ne pas en être désigné le "chef" à proprement parler, le député des Bouches-du-Rhône souhaite "conduire cette transition qui fera de La France insoumise un grand mouvement permanent de la vie politique française".
Symbole peut-être de cette "transmission", il s'exprimera en ouverture de la Convention samedi, plutôt qu'en fermeture.
- 'Militants vaccinés' -
La méthode présidant à l'organisation doit être "la liberté d'action" mais dans "un cadre admis par tout le monde", celui du programme présidentiel "l'Avenir en commun", qu'un des pôles a pour tâche de continuer à enrichir. LFI se veut en effet un mouvement capable de prendre le pouvoir "immédiatement".
LFI se veut aussi un "mouvement utile", au plus près des Français, par un investissement dans "les colères immédiates et concrètes", décrit William Martinet, un des coordinateurs du pôle "auto-organisation". En ciblant les quartiers populaires, il s'agit, explique-t-il, de s'appuyer sur des luttes à petite échelle - comme un ascenseur en panne - pour "faire émerger un intérêt général qui donnera envie aux citoyens de se battre".
Y aura-t-il de la place pour des voix dissonantes? Le "coordinateur des campagnes", Manuel Bompard, évacue la question. Sur les grandes décisions, l'ensemble des Insoumis seront consultés via Internet. Pour le reste, une Assemblée représentative, qui devrait être pour au moins 60% tirée au sort, se réunira régulièrement.
"Il existe parmi nous une culture perfectionniste de l'action disciplinée qui ne s'accommode pas du jeu des postures, cliques et fractions", note M. Mélenchon.
Récemment, le mouvement a multiplié les polémiques: propos controversés de la députée Danièle Obono sur le parti des Indigènes de la République, logement social quitté en hâte par le député Alexis Corbière et Raquel Garrido, ou encore sortie de Jean-Luc Mélenchon sur l'opportunité de parler avec les nationalistes corses.
Mais "les militants insoumis sont vaccinés sur le rôle d'une certaine presse aujourd'hui, ils sont au contact avec la population et, au quotidien, la question qui se pose, c'est +comment je vais finir le mois?+", estime M. Bompard. Par ailleurs, assure-t-il, LFI enregistre toujours des inscriptions... Certes plus faciles à comptabiliser que les désinscriptions.
Les Insoumis découvriront enfin ce week-end les trois campagnes nationales qu'ils ont choisi de mener en 2018, parmi trente propositions allant de la lutte contre les déserts médicaux à celle contre la sélection à l'université, en passant par la promotion d'une limitation des écarts de salaire de un à 20 maximum dans les entreprises.
Les militants du parti Les Ecologistes élisent leur secrétaire national. Bien que critiquée, la sortante Marine Tondelier fait figure de favorite dans ce scrutin où les règles ont été changées. La direction s’est vue accusée par certains de vouloir verrouiller le congrès. Si les écolos ne veulent pas couper avec LFI, le sujet fait débat en vue de la présidentielle.
Après la série d’attaques visant plusieurs établissements pénitentiaires, coordonnées au sein un groupe de discussion sur Telegram, le préfet de police de Paris, Laurent Nunez regrette que la disposition de la loi sur le narcotrafic, permettant aux services de renseignement d’avoir accès aux messageries cryptées, ait été rejetée les députés. La mesure pourrait réapparaître dans une nouvelle proposition de loi du Sénat.
La question d’un report des élections municipales de 2032 est à l’étude au ministère de l’Intérieur, en raison de la proximité d’un trop grand nombre de scrutins, notamment la présidentielle. Si le calendrier devait être révisé, et avec lui la durée du mandat des maires élus l’an prochain, cela nécessiterait une loi. Ce serait loin d’être une première sous la Ve République.
Alors que les amis de Nicolas Mayer Rossignol, d’Hélène Geoffroy et de Fatima Yadani et Philippe Brun discutent pour fusionner, dans une union des opposants à Olivier Faure qui demandent la « clarté », le président du groupe PS de l’Assemblée, Boris Vallaud, se retrouve au centre des attentions. Mais « son but n’est pas d’être faiseur de roi, c’est de rassembler le royaume socialiste », soutient Rémi Branco, son porte-parole.