Le gouvernement s'est déclaré prêt mardi à relancer le projet du canal Seine-Nord, une initiative devant permettre de relier la Seine et le réseau fluvial de l'Europe du Nord, qui était en "pause" depuis le premier juillet.
"Tous les éléments sont sur la table pour trouver une solution pour le canal Seine-Nord Europe", a déclaré la ministre des Transports Elisabeth Borne dans un entretien au Courrier picard.
"Nous avons trouvé un compromis", a complété dans le même journal son homologue du Budget Gérald Darmanin, en référence aux désaccords entre le gouvernement et les collectivités locales qui bloquaient le projet.
"Aujourd'hui, l'État est prêt à avancer avec les collectivités sur la base d'un nouveau montage qu'elles proposent", déclare Mme Borne.
Le canal, long de 107 kilomètres entre Compiègne, près de Paris, et Aubencheul-au-Bac, non loin de la frontière belge, a vocation à être le maillon manquant entre la Seine et le réseau fluvial de l'Europe du Nord, pour le transport de marchandises entre les pays du Bénélux et la région parisienne.
Selon Gérald Darmanin, trois obstacles avaient justifié la suspension en juillet du projet maintes fois repoussé: la "gouvernance", le "financement", et "l'emprunt et les risques".
Le premier a été levé en "régionalisant" la gouvernance de la société de projet, qui deviendra un établissement public local, même si l'Etat conservera une minorité de blocage.
Le deuxième a été résolu en confiant aux collectivités locales le soin d'avancer l'argent nécessaire pour démarrer les travaux en attendant les financements de l'Etat et de l'Union européenne, qui fonctionne "sur factures".
"En échange, l'État confirme le principe du financement d'un montant d'un milliard d'euros", a précisé le ministre. "Il ne s'agira pas de crédits budgétaires, mais de taxes affectées, ce qui permet de responsabiliser tous les acteurs".
Enfin, troisième obstacle "levé", les collectivités locales assumeront "l'emprunt et les risques attenants au projet".
Le canal Seine-Nord faisait partie, comme le tunnel ferroviaire entre Lyon et Turin, de la vingtaine de projets d'instrastructures de transports concernés par la "pause" décrétée par le gouvernement début juillet, alors que 10 milliards d'euros manquent dans les cinq ans à venir pour honorer les engagements pris par l'Etat.
Mme Borne et M. Darmanin font cette annonce le jour où Emmanuel Macron se rend à Amiens, une région dont plusieurs élus locaux sont favorables au projet.