« La France va devoir former une coalition à l’allemande », selon un eurodéputé Vert allemand

La situation politique française, après les législatives, vue par un eurodéputé allemand Vert, habitué à la culture du compromis aux longues négociations pour former des majorités et des coalitions de gouvernement. Les conseils qu’ils donnent à ses homologues sont à retrouver dans l’émission Ici l’Europe, sur France 24 et Public Sénat.
Alexandre Poussart

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

C’est un soulagement qui a d’abord été ressenti outre-Rhin, dimanche soir, du côté du gouvernement et de la majorité de centre gauche allemands, à l’annonce du résultat des législatives en France. « On s’attendait à une victoire du Rassemblement national mais ils sont arrivés en 3e position : les Français ont voté en majorité contre le RN, maintenant il reste à savoir pour quelle politique ils ont voté », s’interroge Daniel Freund, eurodéputé allemand Vert, dans l’émission Ici l’Europe, sur France 24 et Public Sénat.

Une paralysie française qui pourrait freiner l’Union européenne

Après le soulagement, c’est l’inquiétude qui revient face à une situation de paralysie politique française, l’absence de gouvernement issu de ces élections, ce qui pourrait freiner la coopération franco-allemande, moteur de l’Union européenne. « Ce qui me fait peur ce sont ceux qui arrivent en disant nous allons gouverner seuls, alors qu’ils n’ont pas de majorité », assure Daniel Freund. Une allusion à peine voilée à Jean-Luc Mélenchon qui, dimanche soir quelques minutes après l’annonce des résultats, annonçait sa volonté d’appliquer le programme du Nouveau front populaire, « rien que le programme, tout le programme » en gouvernant quand c’est possible par décrets.

« La coalition, ce n’est pas tous les jours facile, mais c’est ça la démocratie ! »

Selon Daniel Freund, « même si la France n’a pas cette culture depuis des décennies », « elle va devoir former une coalition à l’allemande ». En Allemagne, le système électoral plus parlementaire et proportionnel a habitué les principaux partis politiques de droite comme de gauche à former des coalitions pour gouverner ensemble. C’est ce qu’a fait à plusieurs reprises, la chrétienne-démocrate de la CDU Angela Merkel en gouvernant avec les Sociaux-démocrates du SPD. Un parti qui mène actuellement, autour du Chancelier Olaf Scholz, une coalition de gouvernement avec les Verts et les Libéraux du FDP.

« Je ne vais pas vous mentir, cette coalition est difficile à mener. Ce n’est pas tous les jours agréable, quand on est écologiste, de gouverner avec des Libéraux et des Sociaux-démocrates. Mais nous ne disons que si les électeurs allemands votent ainsi, c’est qu’ils s’attendent qu’à la fin il y ait un accord de coalition. »

L’eurodéputé prend l’exemple du Parlement européen, élu à la proportionnelle intégrale, et dont la majorité repose actuellement sur une coalition entre la droite du Parti populaire européen, le centre de Renew et la gauche des Sociaux-démocrates. Une majorité qui a parfois besoin des Verts pour faire passer certains textes. « Pour moi en tant qu’eurodéputé Vert, c’est difficile de trouver des compromis avec la droite du Parti populaire européen, avec les libéraux de Renew, mais c’est ça la démocratie ! »

Prendre le temps de la négociation

« Une chose est sûre, il va falloir du temps aux partis français pour bâtir cette coalition, elle ne va pas se faire du jour au lendemain. Regardez le temps qu’il a fallu pour former une coalition en Belgique ces dernières années. » En 2020, en Belgique, une alliance de gouvernement s’est formée entre 7 partis, libéraux, chrétiens-démocrates, socialistes et Verts, après 16 mois de négociations, un record dans l’histoire politique tumultueuse belge. Espérons qu’on n’en arrive pas là…

Partager cet article

Dans la même thématique

Blois: Exclusive Olivier Faure with staff at the Socialist Party s summer university
7min

Politique

Retraite à 62 ans, 900 euros de plus pour les bas salaires, économies réduites à 21 milliards d’euros : « L’autre chemin » du PS pour le budget

Le Parti socialiste a présenté, lors de son université d’été à Blois, ses contre-propositions budgétaires. Entre hausse d’impôts pour les très riches et baisse des aides aux entreprises, le PS veut étaler l’effort de réduction du déficit. En cas de nomination à Matignon d’un premier ministre de gauche, Olivier Faure espère pouvoir passer des compromis pour adopter ce budget. Et si Emmanuel Macron lui proposait, on comprend qu'il ne dirait pas « non »...

Le

« La France va devoir former une coalition à l’allemande », selon un eurodéputé Vert allemand
7min

Politique

A Blois, le PS d’Olivier Faure « prêt » à entrer à Matignon

La rentrée politique des socialistes s’est transformée en démonstration de l’unité de la gauche, hors LFI, avec qui la rupture est consommée. « Nous sommes volontaires pour être les suivants », a lancé le numéro 1 du PS, Olivier Faure. « Maintenant, il doit nous laisser nous y coller. Ça, c’est la responsabilité d’Emmanuel Macron », demande la patronne des Ecologistes, Marine Tondelier.

Le

SIPA_01165078_000044
6min

Politique

Municipales à Paris : après l’investiture de Rachida Dati, le dilemme de Renaissance

Les Républicains ont évité une guerre fratricide, en soutenant officiellement la candidature de Rachida Dati aux municipales à Paris en mars prochain. La liste de la ministre de la Culture devra comporter une majorité de candidats LR de quoi laisser ouverte l’hypothèse d’une liste d’union avec les macronistes parisiens, qui ne se bousculent pas pour apporter leur soutien à la maire du VII arrondissement de Paris.

Le