« La France vive » et écologique de Yannick Jadot

« La France vive » et écologique de Yannick Jadot

Entouré des cadres d’EELV, Yannick Jadot a dévoilé les premières propositions de son projet « La France vive » et en a profité pour attaquer le manque de transparence de François Fillon.
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« Quand j’entends les autres candidats à la présidentielle. J’ai l’impression d’entendre des stars des années 80. C’est sympa. Mais depuis 30 ans, ils disent toujours la même chose ». Lors de la présentation de son programme, ce mercredi, Yannick Jadot s’est positionné comme le candidat du « monde de demain », détournant au passage la formule classique « vive la France » en slogan « la France vive ». En attendant la publication de son programme dans un livre le mois prochain, le candidat écologiste a détaillé 76 propositions dont certaines issues d’une participation citoyenne.

Devant les anciens candidats de la primaire EELV, Cécile Duflot, Karima Delli, Michèle Rivasi, le secrétaire national du parti David Cormand et plusieurs parlementaires comme la sénatrice Esther Benbassa ou encore le député et ancien d’EELV Noël Mamère, Yannick Jadot a pris la parole pendant près d’une heure dans un espace de coworking du XIXème arrondissement de Paris.

« Le parti écologiste aujourd’hui, c’est Europe Ecologie les Verts, ce n’est pas le parti socialiste »

Crédité de 2% dans les enquêtes d’opinion, l’ancien dirigeant de Greenpeace peine à faire décoller sa campagne et s’agace de voir des prétendants à la présidentielle, à l’image de Benoît Hamon, braconner sur ses terres écologistes. « On ne fait pas des discours écolo pour dire c’est bien de faire de l’écologie quand on est en campagne électorale et faire l’inverse quand on est au pouvoir. Ce qui nous distingue, c’est la cohérence (…) Le parti écologiste aujourd’hui, c’est Europe Ecologie les Verts, ce n’est pas le parti socialiste » a-t-il tranché. Finaliste de la primaire EELV, la députée européenne Michèle Rivasi ne ferme, quant à elle, pas la porte à un rapprochement avec l’ancien ministre de l’Education. « Quand Benoît Hamon dit qu’il ne pourrait plus être socialiste sans être écologiste, je trouve que c’est une petite victoire (…) Ce qui me plait chez lui, c’est qu’il se projette vers l’avenir. Ce n’est pas un candidat du présent ». A l’inverse Michèle Rivasi ne semble pas miser sur le député écologiste, François de Rugy, pour défendre la couleur verte lors de la primaire de gauche. Qualifiant de « traitres » « ceux qui sont allés vers le parti socialiste alors qu’ils étaient écologistes ».

Lourde charge contre Fillon

En introduction, Yannick Jadot déclare que, s’il parvient, à récolter les 500 parrainages, il donnera à « un consortium de journalistes » ses déclarations d’intérêts sur les 5 dernières années.  Dans son viseur, la société de conseil de François Fillon créée en 2012 et dont l’existence a été révélée, ces dernières semaines, par le Canard Enchaîné. « Je vise la transparence. Je pense que les Françaises et les Français ont le droit de savoir pour qui a travaillé François Fillon avant de candidater à la magistrature suprême (…) avoir travaillé pour des entreprises dont on cache le nom. Je considère que c’est un problème démocratique et éthique. Le général de Gaulle ne se serait pas présenté à une élection présidentielle en cachant les entreprises pour lesquelles il aurait pu travailler » conclut-il.

Yannick Jadot n’oublie pas non plus ses adversaires. Il considère que certains font partie  « de l’amicale du Kremlin ». « Je vise Jean-Luc Mélenchon et ses ambigüités vis-à-vis de Poutine. Je vise Marine Le Pen et son adoration du personnage Vladimir Poutine. Je vise l’admiration de François Fillon vis-à-vis de Poutine ».

Un mot également pour Emmanuel Macron pourtant fréquemment complimenté par l’eurodéputé Daniel Cohn Bendit : « un candidat qui veut tout changer pour ne rien changer » selon Yannick Jadot qui pointe du doigt le rôle de l’ancien ministre de l’Economie dans le projet controversé du réacteur nucléaire d’Hinkley Point.

La constitutionnalisation de la République écologique

Sur l’écologie, Yannick Jadot reprend l’une des propositions de son ancienne rivale Cécile Duflot à savoir la constitutionnalisation de la République écologique. Et propose la sortie progressive du nucléaire d'ici 2035, avec arrêt des premiers réacteurs en 2017 avec un objectif de 23% d'énergies renouvelables dans le mix énergétique en 2020, 40% en 2030 et 100% en 2050. Yannick Jadot souhaite l’abandon « des grands projets inutiles » comme l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et restaurer la taxe poids lourds.

Moins de députés et une troisième chambre parlementaire

Le candidat écologiste souhaite réduire le nombre de députés à 400, élus à la proportionnelle, avec 20% de jeunes de moins de 30 ans et « développer des votations citoyennes sur des sujets du quotidien ». Plus flou sur le Sénat, pour lequel il indique vouloir « un vote plus direct ». « Mais l’idée de conserver une représentation des territoires est essentielle » complète-t-il. Promesse non tenue du candidat Hollande, le droit de vote des étrangers aux élections locales est aussi au programme avec la création d’un poste de vice-Premier ministre du développement durable et la transformation du conseil économique et social en troisième chambre disposant « d’un droit de véto suspensif sur toute mesure législative qui mettrait en cause le long terme ».

Le SMIC à 1800 euros bruts et la semaine de 4 jours

En matière économique, on peut retenir la création d’un « small business act » réservant 50% des marchés publics aux PME/PMI et start-up qui emploient localement, la fusion de l'impôt sur le revenu et de la CSG, le SMIC à 1800 euros bruts et la semaine de 4 jours.

Sur le plan sociétal, la légalisation du cannabis, la PMA pour toutes les femmes sans oublier le renforcement du droit à mourir dans la dignité figurent parmi ses propositions.

Avec « 200 à 250 » promesses de signatures, Yannick Jadot a admis que la quête des parrainages « n’est pas un sujet facile »  et profite pour lancer un appel aux maires de France.

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