Interrogé sur les deux assassinats survenus à Marseille sur fond de guerre des gangs, le ministre de la Justice a annoncé une enquête administrative sur les conditions de détention, puisque le commanditaire agissait depuis sa cellule. Didier Migaud a également donné rendez-vous à la fin de l’année pour les débats sur la proposition de loi sénatoriale de lutte contre le narcotrafic.
La fronde sociale pousse Macron à s’inviter jeudi au JT de 13h00 de TF1
Par Laurence BENHAMOU
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Devant les protestations sociales, Emmanuel Macron viendra expliquer ses réformes aux Français jeudi au JT de 13H00 de TF1, animé par le vétéran Jean-Pierre Pernaut, rendez-vous favori des seniors, un électorat à reconquérir.
Durant cet entretien d'une heure, diffusé également sur LCI, le président expliquera le cap qu'il entend donner à la France à l'approche de son premier anniversaire à l'Elysée.
"Il s'agit de remettre de la perspective. Peut-être que des choses ont été mal comprises, car mal expliquées. Il faut toujours faire de la pédagogie", a indiqué à l'AFP le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, en marge d'un porte-à-porte de militants d'En Marche qui démarrent leur "grande marche européenne".
Durant une heure, Jean-Pierre Pernaut interrogera le chef de l'Etat sous une forme inédite, entrecoupée de "courts sujets et de reportages et témoignages, via lesquels des Français pourront interpeller ou s'adresser au chef de l'Etat", selon la chaîne.
"Ce n'est pas un format habituel mais il est important d'aller chercher des formes différentes d'expression, au delà des grands quotidiens et grands magazines", a commenté Benjamin Griveaux. "Le président a vocation à s'adresser à tout le monde et on sait que c'est un JT auquel les Français sont très attachés et qui vient de fêter ses 30 ans".
Ce rendez-vous de la mi-journée peut compter sur une audience fidèle d'en moyenne 5,3 millions de téléspectateurs.
Depuis son élection, il s'agira de la troisième interview télévisée d'Emmanuel Macron, peu friand de l'exercice, après celle du dimanche 15 octobre au 20H00 de TF1 (10 millions de téléspectateurs environ) et l'entretien "déambulatoire" sur France 2 une semaine avant Noël avec Laurent Delahousse (5,7 millions).
Il lui faut convaincre pour déminer le cumul de protestations sociales de ces derniers mois -- gardiens de prisons, personnels des Ehpad, fonctionnaires, retraités, étudiants, Air France, Carrefour, éboueurs...-- alors que le gouvernement enchaîne les réformes et que le bras de fer se poursuit à la SNCF.
- "Donner du sens" -
Les conflits perdurant malgré les interventions répétées d'Edouard Philippe, et aucun ministre n'ayant assez de poids politique pour défendre l'ensemble de l'action gouvernementale, une prise de parole présidentielle s'imposait.
Ce président qui concentre tous les pouvoirs et fait tout remonter à l'Elysée doit redonner une cohérence globale à son action en "donnant du sens" et ne pas se contenter d'une communication toute en images, souligne Gilles Finchelstein, directeur général de la Fondation Jean-Jaurès.
"C'est une bonne chose, on a besoin d'une clarification sur le sens de l'action menée", a aussi estimé le commissaire européen Pierre Moscovici en marge du congrès du PS.
Les mouvements sociaux ont réveillé les oppositions de gauche comme de droite. La France Insoumise espère une "convergence des luttes", Les Républicains et le FN défendent les retraités. Même certains membres de l'aile gauche de la majorité regrettent la faiblesse du volet social des réformes et espèrent des annonces prochaines sur le plan pauvreté, tandis que le groupe parlementaire est partagé sur le projet de loi asile-immigration.
D'ailleurs LREM, dont le premier secrétaire du PS Olivier Faure dénonce la "dérive vers une droite libérale", est désormais perçu comme un "parti de droite" par un Français sur deux.
Intervenant au JT de la mi-journée, le chef de l'Etat pourra s'adresser aux seniors et aux ruraux, que Jean-Pierre Pernaut met régulièrement en valeur avec des reportages sur les savoir-faire locaux traditionnels.
L'enjeu est notamment de reconquérir des retraités qui ont massivement voté pour lui mais qui lui reprochent maintenant la hausse de 1,7 point de la CSG et ont été des dizaines de milliers à manifester en mars.
Plusieurs fois au cours de ses récents déplacements il a été pris à partie par des seniors. "Vous nous avez vraiment pompés", lui a lancé une dame lors d'une visite à Tours. Le chef de l'Etat, qui appelle à la patience avant la baisse de la taxe d'habitation en octobre, lui a expliqué vouloir créer une solidarité entre générations, les retraités aidant les actifs.