Ce mardi, Marc Ferracci, ministre délégué de l’Industrie, était l’invité de la matinale de Public Sénat. Alors que le projet de loi de finances sera présenté jeudi, le ministre est revenu sur la proposition de Michel Barnier d’augmenter les impôts des grandes entreprises. Il a par ailleurs admis que la suggestion de Gérald Darmanin de mettre fin aux 35 heures « n’était pas une priorité ».
« La guerre n’a jamais cessé d’être là », déclare le Général Lecointre
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« Il y avait une sorte d’arrogance de l’Europe, dans ce refus de considérer que la guerre était une possibilité », analyse l’ancien Chef d’état-major des armées. Une arrogance doublée d’une « ignorance ». « Cette ignorance n’était pas délibérée » concède-t-il, mais a « établi une distance très importante entre la société et son armée ». Une distance déplorée par cette dernière. Il y a pour le Général Lecointre un « désarmement moral de notre société », lié à une « perte de conscience de cette violence qui existait dans le monde et qui existe toujours », une violence « qui existe aussi au cœur des hommes ». Les vives réactions lorsqu’Emmanuel Macron a émis l’éventualité d’envoyer des troupes sur le sol ukrainien, témoignent de cette « perte de conscience ». Cette annonce a eu l’effet d’un « brutal réveil » et a provoqué « l’effroi » des citoyens : « ‘Comment ça, la guerre est encore là’ » ? Et bien « oui », répond l’ancien Chef d’état-major des armées. « La guerre n’a jamais cessé d’être là ».
« L’action militaire ne peut pas être clandestine »
Nous pourrions penser que l’« ignorance » vis-à-vis de l’armée, est justifiée. Que celle que l’on surnomme « la grande muette » doit œuvrer dans l’ombre, pour assurer la sécurité des citoyens. Le général Lecointre pense tout l’inverse, « la clandestinité est la pire des choses », dit-il. Puisque « l’engagement des armées engage la responsabilité des citoyens », nul ne doit l’ignorer. Or, l’ancien Chef d’état-major des armées observe une sorte de rejet. Un rejet de la guerre et, par extension, un rejet de l’armée. Il se souvient d’un retour de mission en Côte d’Ivoire. Il avait demandé à ses soldats d’aller voir les professeurs d’école de leurs enfants et de leur proposer d’intervenir dans les classes en s’appuyant sur une exposition photo qu’ils avaient composée. L’idée était d’aller expliquer leur action pendant ces cinq mois et demi en Côte d’Ivoire. Pas un seul professeur n’a accepté de les recevoir. Et pourtant, communiquer sur l’action de l’armée, expliquer son rôle dans les collèges, les lycées, les universités, est essentiel pour essayer de faire comprendre aux gens « ce qui peut valoir que vous alliez tuer au risque de votre vie ».
Il s’agit là de l’ordre le plus dur que puisse donner le politique à l’armée. Pour que les soldats y adhèrent, il est nécessaire qu’ils y voient du « sens ». Cette « question du sens » est primordiale et « remonte au politique » affirme François Lecointre. L’ancien Chef d’état-major des armées explique qu’ « il faut absolument que le chef militaire qui est à cette articulation entre le politique et le militaire fasse tout pour que l’engagement soit le plus légitime possible et qu’il soit le mieux compris possible par les soldats », pour ne pas qu’il y ait « d’obstacle éthique à l’exécution de l’ordre » donné. Le Général souligne le caractère « indispensable » de la relation du Chef d’état-major de l’armée avec le Président de la République pour « le bon fonctionnement de la Ve République ». « Une relation de très grande proximité », mais aussi « une relation de confrontation, dans la confiance ».
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