États d’urgence, restrictions des libertés individuelles… les mesures prises pour lutter contre l’épidémie de coronavirus en Europe inquiètent. Au sein de l’Union européenne, un pays en particulier a suscité des inquiétudes : le cas hongrois.
L’État d’urgence y a été voté dès le 11 mars puis prolongé deux semaines plus tard pour une durée illimitée. La Commission européenne s’inquiète notamment des dérogations au droit du travail permises par l’état d’urgence en Hongrie, ainsi que de possibles atteintes à la protection des données. Mais la source d’inquiétude majeure reste la diffusion de « fausses nouvelles » sur le virus ou sur l’action du gouvernement devenue passible de 5 ans de prison. Pour les organisations de défense de la presse, cette mesure ouvrait la voie à la censure.
Censure ou restriction légitime ?
SI l’ambassadeur de Hongrie en France, Georges Karolyi souligne que les mesures prises à Budapest ont permis de limiter le nombre de victime, -500 fin mai- il affirme que dans ce contexte exceptionnel il est « légitime de veiller à la diffusion de fausses nouvelles et surtout de fausses nouvelles alarmistes. » Il affirme aussi que la définition des fausses nouvelles adoptée par le gouvernement hongrois est la même que celle de l’Union européenne.
Concernant le caractère illimité de la mesure, qui faisait craindre aux ONG une dérive autoritaire du pouvoir, l’ambassadeur explique qu’elle a été décidée pour que : « La date de validité de l’état d’urgence -soit- la même que celle de la durée du danger qui l’a motivé. »
Vers la fin de l'état d'urgence en Hongrie
D’ailleurs avec le recul de l’épidémie sur le continent européen, le gouvernement hongrois a déposé une motion au parlement, le 26 mai dernier, pour mettre fin aux pouvoirs spéciaux accordés au Premier ministre Viktor Orban. Le pays devrait ainsi sortir de l’état d’urgence le 20 juin.
Des propos loin de rassurer Emmanuel Maurel, qui rappelle que « ça fait des années maintenant que les autorités européennes et un certain nombre d’ONG dénoncent des dérives avérées de M. Orban et de son parti. » Mais pour l’éurodéputé, la restriction des libertés a été observée dans d’autres pays, à commencer par la France. Une situation exceptionnelle qui, pour l’eurodéputé, appelle à la vigilance : « il faut que la réponse des pouvoirs publics soit proportionnée à la crise et conforme à l’État de droit ». Et il s’inquiète de « tentations dans plusieurs pays y compris en France de limiter la liberté expression au nom de lutte contre cet ennemi invisible qu’est le virus ».
Vous pouvez revoir sur notre site le débat entre Emmanuel Maurel et Georges Karolyi dans l'émission Europe Hebdo.