« La loi n’oblige pas Adrien Quatennens à démissionner, la morale devrait l’inciter à réfléchir », estime Laurent Jacobelli

« La loi n’oblige pas Adrien Quatennens à démissionner, la morale devrait l’inciter à réfléchir », estime Laurent Jacobelli

Condamné à quatre mois de prison avec sursis pour violence conjugale, Adrien Quatennens, qui a été temporairement suspendu du groupe LFI à l’Assemblée nationale, n’entend pas quitter son siège de député. Invité de la matinale de Public Sénat mercredi, le député RN de Moselle Laurent Jacobelli dénonce un « un signal terrible ».
Romain David

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Adrien Quatennens ne renoncera pas à son mandat de député. L’élu de la France insoumise, condamné à quatre mois de prison avec sursis et 2 000 euros de dommages et intérêts pour préjudice moral dans l’affaire de violence conjugale qui l’oppose à son épouse, est sorti de son silence médiatique dans un long entretien au journal La Voix du Nord publié mardi soir. Suspendu pour une durée de quatre mois de son groupe politique à l’Assemblée, ce proche de Jean-Luc Mélenchon estime avoir payé « bien assez cher sur tous les plans ». Il considère qu’il ne doit son poste qu’aux électeurs, « impatients », assure-t-il, de le revoir dans l’hémicycle. « Démissionner après avoir été condamné pour un acte que j’ai reconnu créerait un précédent dangereux et ouvrirait la porte à toutes les instrumentalisations politiques de la vie privée », soutient encore l’insoumis.

Un argumentaire qui fait bondir certains de ses adversaires politiques. « La loi ne l’oblige pas à démissionner, la morale, peut-être, devrait l’inciter à réfléchir », a commenté le député RN Laurent Jacobelli ce mercredi matin, au micro de « Bonjour chez vous » sur Public Sénat. « Elle est belle la gauche morale ! Ces donneurs de leçons qui, du matin au soir, analysent vos gestes pour vous critiquer, définissent ce que sont le bien et le mal. En général, le mal ce sont les autres et le bien ce sont eux. Au moment de l’épreuve des faits, lorsque l’un d’eux est jugé pour violences envers une femme, alors rien ne se passe », s’agace-t-il.

« LFI, c’est un peu comme une secte, tout ce qu’il se passe à l’intérieur est pardonné »

Laurent Jacobelli estime que la sanction prononcée par La France insoumise est insuffisante. « Ils envoient un signal terrible. C’est un manque de conviction et une forme de cynisme, ils sont là pour être élus, pas pour défendre des causes », dénonce Laurent Jacobelli. « LFI, c’est un peu comme une secte, tout ce qu’il se passe à l’intérieur est pardonné », relève-t-il.

« Dans la minute où c’est arrivé chez nous, la personne a été exclue du groupe, du mouvement, de toutes ses fonctions. C’est clair. Et pas pour deux semaines ou deux mois, nous, c’est définitif », martèle le député de la Moselle. Une référence au cas de l’eurodéputé Hervé Juvin, condamné mi-octobre à 10 000 euros d’amende en appel pour violences sur son épouse. L’élu, qui n’était pas adhérent du RN mais siégeait à ses côtés au Parlement européen et au conseil régional des Pays-de-la-Loire, a été prié par Jordan Bardella de quitter les deux groupes.

Laurent Jacobelli dénonce une défense « assez critiquable »

Alors qu’Adrien Quatennens avait publiquement reconnu en septembre avoir donné « une gifle » à son épouse, celle-ci a dénoncé deux mois plus tard, par voie de communiqué, des violences « physiques et morales » répétées depuis « plusieurs années ». « L’enquête a conclu à ce que j’avais reconnu : une gifle donnée dans un contexte de dispute, il y a plus d’un an et jamais reproduite, et l’envoi de trop nombreux SMS amoureux suite à une annonce de divorce incomprise », se défend Adrien Quatennens auprès de La Voix du Nord. Il évoque largement la crise traversée par son couple depuis le premier confinement, tout en dénonçant l’étalement de sa vie privée dans les médias.

« La défense de Monsieur Quatennens me semble assez critiquable », poursuit Laurent Jacobelli. « Il explique que finalement sa femme l’a bien cherché. C’est ce qu’il dit grosso modo, il dit qu’elle avait été assez dure avec lui… Le sous-texte, c’est un peu ça », avance le député RN.

Outre sa suspension pour quatre mois du groupe LFI, Adrien Quatennens devra se soumettre à un stage de responsabilisation sur les violences faites aux femmes, s’il veut à nouveau pouvoir siéger avec les autres insoumis. « Je prends ma juste part. Mais je refuse d’en prendre davantage et de continuer à subir cet acharnement disproportionné », a-t-il encore commenté dans La Voix du Nord, laissant également entendre que le ministère de l’Intérieur serait indirectement impliqué dans sa condamnation. Selon des informations de 20Minutes et du Figaro, Gérald Darmanin entend porter plainte en diffamation.

Dans la même thématique

FRA – FRANCOIS BAYROU – PALAIS ELYSEE
7min

Politique

Dans le camp présidentiel, François Bayrou n’aura pas que des amis

Après la nomination de François Bayrou à Matignon, tout le monde, au sein du bloc central, salue la décision d’Emmanuel Macron. Mais hors micro, on comprend que le président du Modem n’a pas que des soutiens au sein de l’ex-majorité présidentielle. Pour durer, il devra aussi savoir convaincre son propre camp.

Le

the republicans received at the elysee
4min

Politique

Bayrou à Matignon : la droite attend le projet du Premier ministre pour savoir « s’il est l’homme de la situation »

Après l’annonce de la nomination de François Bayrou à Matignon, les sénateurs LR du Sénat sont dans l’expectative. La participation de la droite au prochain gouvernement, dépendra de l’engagement du Premier ministre sur les priorités qu’il a fixé notamment sur la maîtrise de l’immigration et bien sûr du maintien en poste du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.

Le

« La loi n’oblige pas Adrien Quatennens à démissionner, la morale devrait l’inciter à réfléchir », estime Laurent Jacobelli
6min

Politique

François Bayrou à Matignon : « Il ne semble pas disposé à être un Premier ministre collaborateur »

Emmanuel Macron vient de nommer François Bayrou Premier ministre. Le président du MoDem devient ainsi le premier centriste de la Vème République à accéder à Matignon, il doit désormais composer son gouvernement et se protéger du risque de censure. Allié fidèle mais critique d’Emmanuel Macron, il devra réussir à parler aussi bien aux socialistes qu’à la droite. Analyse sur le plateau de Public Sénat.

Le