La ville de Paris a annoncé mardi qu'elle s'opposait au projet de rénovation de la gare du Nord, trop "commercial" selon elle, une décision que la SNCF considère comme un "revirement", à l'instar de certains candidats à la mairie de Paris.
"Il faut revoir le projet" de rénovation de la gare du Nord, ont réclamé dans une tribune Jean-Louis Missika, l'adjoint à l'urbanisme de la maire de Paris Anne Hidalgo, et la maire du Xe arrondissement de Paris, Alexandra Cordebard.
Première gare d'Europe, la gare du Nord doit être rénovée de fond en comble d'ici aux Jeux olympiques de Paris en 2024. Un projet à 600 millions d'euros qui vise à tripler sa surface pour répondre à la hausse du trafic.
"La Ville de Paris ne sera pas aux côtés de la SNCF pour défendre le projet commercial", écrivent dans ce texte publié par Le Monde les deux élus socialistes, estimant que "la dimension commerciale ne doit pas prendre le dessus sur les services rendus aux usagers".
Tout en reconnaissant que la transformation de cette gare est "essentielle" en vue des Jeux olympiques de 2024, ils estiment que le projet retenu par la SNCF, qui fait la part belle aux commerces, "est le contraire de ce qui est nécessaire".
Ils assurent que "la Ville de Paris est prête à assumer sa part aux côtés de l'Etat et de la région Île-de-France" afin que la rénovation de la gare soit financée par des fonds publics plutôt que par une coentreprise entre SNCF Gares et connexions et Auchan, comme le prévoit actuellement le projet.
Guillaume Pepy, patron de la SNCF, a regretté mardi un "revirement" de la part de la Mairie de Paris et pointé le risque d'un report de plusieurs années.
"On a décidé de l'avenir de la gare du Nord sur un coup de tête", a aussi déploré auprès de l'AFP le candidat LREM à la mairie de Paris Benjamin Griveaux, dénonçant "un deal pour faire plaisir aux verts et aux communistes", à quelques mois du vote du budget et des municipales.
"Ca fait 5 ans que la mairie de Paris soutient le projet" et "83 jours" après avoir "voté favorablement en conseil de Paris" pour ce projet, la Ville de Paris "raye d'un trait de plume cinq années de travail", a-t-il déploré.
Le candidat écologiste (EELV) à la mairie de Paris, David Belliard, qui avait voté contre, a également rappelé qu'en juillet "le voeu voté au Conseil de Paris était globalement un voeu de soutien" au projet. "Trois mois après, on nous dit que ce projet est nul et qu'on n'en veut pas", s'agace l'élu, ironisant sur un "revirement" dans un moment où "tout le monde se dit écologiste".
En juillet, lors du vote d'une délibération portée par Jean-Louis Missika, seuls les élus écologistes, de Générations et macronistes de gauche (Démocrates et progressistes) avaient voté contre le projet, selon la note de l'Hôtel de Ville dont l'AFP a obtenu copie.
Mardi soir, les élus communistes, interrogés par l'AFP, ont pourtant assuré avoir voté contre cette délibération. Pour Nicolas Bonnet Oulaldj, leur chef de file, ce projet est synonyme de "déshumanisation avec moins d'agents, moins de personnel, qu'on remplace par du commerce et des machines".
Il n'y a "pas de revirement", a assuré mardi à la presse Jean-Louis Missika, puisque la mairie "dit depuis des mois que ce projet est déséquilibré et qu'il ne peut pas fonctionner".
Le 3 septembre, une vingtaine d'architectes dont Jean Nouvel et Roland Castro, avaient déjà lancé, dans Le Monde, la controverse sur ce projet qu'ils jugeaient "inacceptable" et "pharaonique", demandant qu'il soit "repensé de fond en comble".
Le projet doit désormais passer devant la commission nationale d'aménagement commercial qui rendra son avis le 10 octobre.