La marche d’Emmanuel Macron au Louvre : « Huit siècles d’histoire en trois minutes et demi »
Emmanuel Macron ne sera pas un Président « normal ».  Dès le soir de son élection, il le fait comprendre et théâtralise son accession à la fonction suprême, lors d’une longue marche sur l’esplanade du Louvre. Ainsi, le 8e chef d’Etat de la Ve République entend-il resacraliser la figure présidentielle ?

La marche d’Emmanuel Macron au Louvre : « Huit siècles d’histoire en trois minutes et demi »

Emmanuel Macron ne sera pas un Président « normal ».  Dès le soir de son élection, il le fait comprendre et théâtralise son accession à la fonction suprême, lors d’une longue marche sur l’esplanade du Louvre. Ainsi, le 8e chef d’Etat de la Ve République entend-il resacraliser la figure présidentielle ?
Public Sénat

Par Béatrix Moreau

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Dimanche 7 mai 2017, 2nd tour de la présidentielle.
Ce soir là, 40 000 personnes se sont rassemblées sur l’esplanade du Louvre, en plein cœur de Paris. Les premiers résultats viennent d’être annoncés, Emmanuel Macron est président de la République, ses supporters l’attendent, impatients. La nuit est tombée, les premiers airs de l’Hymne à la joie retendissent, et un homme seul s’avance vers l’estrade, l’air grave, son manteau noir flottant au vent. Une image forte symboliquement, et le début d’une longue marche solennelle, « d’une promenade à travers huit siècles d’histoire, depuis Philippe Auguste jusqu’à François Mitterrand » estime l’ancien chef du protocole de la présidence Paul Poudade : « En trois minutes et demi il a représidentialisé la fonction ».

Paul Poudade : « En trois minutes et demi, Emmanuel Macron a représidentialisé la fonction présidentielle, le soir de son élection au Louvre. »
01:34

Une fonction désacralisée ?

En renouant avec cet héritage, Emmanuel Macron marque une rupture avec ces deux prédécesseurs, qui, à l’inverse, « ne se sont pas rendus compte de ce qu’était la fonction présidentielle » assène Paul Poudade. Dès 2007, en effet, Nicolas Sarkozy bouscule les codes et le protocole lors de son investiture. Sa famille recomposée, venue assister à la cérémonie, offre des images « touchantes, certes, mais transgressives » analyse l’historien Jean Garrigues. « On assiste à un mélange entre le public et le privé, à une publicisation de l’intime » regrette-t-il « la fonction est banalisée, voir trivialisée ». Plus généralement, reprend Paul Poudade « vous ne rentrez pas en short à l’Elysée après avoir couru dans les rues de Paris ».

Qui décide du protocole ?

Pour autant, le rituel de l’investiture porte toujours la marque du nouveau Président. Ainsi, lorsqu’il accède au pouvoir en 1974, Valéry Giscard d’Estaing souhaite entretenir son image « jeune et proche des Français et renverse les codes du gaullisme » rappelle Jean Garrigue. Il rompt notamment avec la tradition et refuse de porter le grand collier de la Légion d’honneur remis lors de la cérémonie d'investiture. Une initiative reproduite depuis par ses successeurs, mais « rien n’empêche Emmanuel Macron de le revêtir dimanche » souligne Paul Poudade, dans le fond, « c’est lui qui décide du protocole ».
Si tel est son choix, il pourrait être ainsi le premier président à porter l’ornement depuis Georges Pompidou en 1969.

 

1er diffusion vendredi 12 mai à 23h

Partager cet article

Dans la même thématique

juppé Ok
9min

Politique

Présidentielle : de 1995 à 2022, que donnaient les sondages plus d’un an avant l’élection ?

Edouard Balladur élu en 1995, DSK en 2012, Alain Juppé en 2017… Et Jordan Bardella en 2027 ? Voici les résultats des élections présidentielles, si l’on était dans un monde parallèle. Celui des sondages, à 18 mois environ du scrutin. Car si les sondages peuvent donner la tendance du moment, ils ne sont pas des prédictions, l’histoire nous l’a monté. Mais parfois, ils ont aussi vu juste, très en amont…

Le

Paris: Questions au gouvernement Senat
4min

Politique

Budget 2026 : quel calendrier pour la reprise des débats ?

Après l’adoption de la loi spéciale pour assurer la continuité de l’Etat, le gouvernement devra reprendre les débats au Parlement, début janvier, pour espérer faire adopter un budget pour l’année 2026. Une opération délicate dans un paysage politique fragmenté et avec un calendrier contraint.

Le