La méfiance envers Macron domine chez les électeurs de gauche
"Macron ne peut pas dire qu'il est antisystème, ce serait nous prendre pour des idiots", s'emporte Hélène, DRH de 53 ans, qui pourrait tout de...
Par Baptiste BECQUART, Zoé LEROY, avec Anne LEC'HVIEN à Toulouse
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"Macron ne peut pas dire qu'il est antisystème, ce serait nous prendre pour des idiots", s'emporte Hélène, DRH de 53 ans, qui pourrait tout de même voter pour lui. Comme elle, des électeurs de gauche rencontrés à Lille et Toulouse, séduits ou non, ne se départissent pas d'une certaine méfiance.
"Emmanuel Macron, j'aime bien sa personnalité parce que c'est quelqu'un de direct", témoigne Lisa, fonctionnaire de 49 ans, sur un marché du quartier populaire Lille-Sud.
"Quand il dit par exemple +La meilleure façon de se payer un costard, c'est de travailler+, il a raison, on n'a rien sans rien", affirme-t-elle. Au vu des sondages, l'ancien ministre de François Hollande semble en mesure d'atteindre le second tour, contrairement à Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon.
Un militant du mouvement En Marche! distribue des tracts pour l'élection d'Emmanuel Macron à la présidentielle dans une rue de Lille, le 11 février 2017
AFP/Archives
Comme beaucoup, Lisa attend néanmoins le programme du candidat: "Je pense qu'il faut gratter un peu, voir ce que Macron propose réellement".
"Il n'a toujours pas sorti son programme, qu'est-ce qu'il attend? La dernière minute?", s'exclame Philippe, 53 ans, vendeur de fruits et légumes. "En tout cas, il est malin: les gens ne veulent plus de la droite, ni de la gauche et lui, il se dit ni de droite ni de gauche".
Mais "son passé de banquier" chez Rothschild "gêne une bonne partie des gens", croit savoir Candice, 19 ans, étudiante en sciences politiques à Lille 2. "Sinon, ce serait lui qui serait élu car le clivage gauche-droite est en voie d'extinction".
- 'Aspirateur de désespoir' -
Un militant du mouvement En Marche! distribue des tracts pour l'élection d'Emmanuel Macron à la présidentielle dans une rue de Lille, le 11 février 2017
AFP/Archives
"Il sort d'une grande famille, d'un milieu aisé. Il ne sait pas ce que c'est, quand c'est dur", cingle Antonio, employé franco-portugais de 43 ans.
"C'est un faux gauche", renchérit Blandine, 56 ans, assistante sociale, sur le marché Sébastopol, dans le centre de Lille, qui votera probablement pour Benoît Hamon. Selon cette électrice se revendiquant du centre gauche, Emmanuel Macron "a la jeunesse et le culot pour lui, il sait accrocher un auditoire. Mais est-ce qu'il a les capacités de mener le pays, j'ai des doutes!"
"Macron, je ne dirais pas qu'il est de gauche", appuie Hélène. "Mais peut-être que je voterai pour lui, parce qu'il est jeune, pragmatique, équilibré. Par contre son positionnement est mensonger, il ne peut pas dire qu'il est antisystème, ce serait nous prendre pour des idiots."
Najet, 48 ans, fonctionnaire territoriale à Toulouse, dit avoir été "déçue" par cinq ans de pouvoir socialiste mais toujours croire dans les "valeurs de solidarité, de partage, d'humanisme" de la gauche. L'ex-ministre de l'Economie ? "Un petit trublion", balaye-t-elle. "J'y crois pas, ça va se dégonfler. La com', c'est bien, mais il n'a pas de programme (...) Il n'a pas de ligne politique, c'est un aspirateur de désespoir, c'est tout".
"Il a déjà été au gouvernement, il a une histoire, il est pas nouveau comme il veut le faire croire", prolonge Christian, 55 ans, artisan-charpentier, qui hésite entre Mélenchon et Hamon. "C'est un mélange entre Juppé, Fillon, et Valls."
Chez certains, cette défiance s'applique aux trois principaux candidats classés à gauche.
Mohamed, entrepreneur immobilier, rencontré au quartier populaire de Fives, les vilipende tous: "Il y a un manque de candidats crédibles. Mélenchon sur le plan économique, il va faire quoi, mettre les riches sur la place publique? Hamon avec son revenu universel, quel message il envoie aux jeunes, +Votez pour moi je m'occupe de tout et restez bête+? Quant à Macron, il est bien mais trop jeune, et manque d'expérience pour affronter les tempêtes qui vont venir. Il était conseiller de François Hollande et a été l'architecte de l'augmentation des impôts."
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