La police du quotidien doit être synonyme de moyens humains
La future police du quotidien (PSQ) séduit de nombreuses municipalités. Malgré le flou qui entoure le projet, elles veulent...

La police du quotidien doit être synonyme de moyens humains

La future police du quotidien (PSQ) séduit de nombreuses municipalités. Malgré le flou qui entoure le projet, elles veulent...
Public Sénat

Par Gregory DANEL, avec les bureaux de l'AFP en régions

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

La future police du quotidien (PSQ) séduit de nombreuses municipalités. Malgré le flou qui entoure le projet, elles veulent expérimenter cette promesse d'Emmanuel Macron mais préviennent: sans moyens supplémentaires, elle fera un "flop".

Lille, Lens, Roubaix, Grenoble, Toulouse, Villeurbanne, Saint-Denis, Clichy, Aulnay, Saint-Herblain... Depuis l'annonce de son lancement mi-août par le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, au moins une trentaine de communes, selon une source proche du dossier, se sont portées candidates à l'expérimentation qui doit débuter début 2018.

Un double pari puisque seule une quinzaine de sites seront retenus pour l'expérimentation, comme l'a annoncé le directeur général de la police nationale (DGPN) Eric Morvan, mais aussi parce que contours et contenu de cette police de sécurité du quotidien restent encore vagues.

"On ne sait pas ce que le ministre met derrière ces mots", commente Renzo Sulli, maire (PCF) d'Echirolles (Isère), qui avec ses homologues de Grenoble et Saint-Martin-d’Hères, s'est porté candidat pour expérimenter la PSQ.

"Malgré tous les moyens déployés", il y a toujours "20 points de vente de drogue sur ma ville", souligne Bruno Beschizza, maire (LR) d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), qui fut le théâtre de "l'affaire Théo", jeune homme victime d'un viol présumé à la matraque lors d'une interpellation par la police.

"Quand le ministre de l'Intérieur dit: +on va mettre en place un nouveau système+, je dis banco", affirme l'élu.

Seule certitude, le gouvernement ne veut pas que la future police du quotidien soit un retour à la police de proximité, symbole de la politique sécuritaire de Lionel Jospin, brutalement supprimée par Nicolas Sarkozy.

"La police de proximité à Lille avait donné de très bons résultats", relève pourtant la maire (PS) Martine Aubry, l'une des premières à se porter candidate à l'expérimentation.

- "Sous tension" -

La police de proximité avait permis de renouer "de très bons rapports avec la population", après une "période de grande tension", ajoute-t-elle. "Aujourd'hui, les rapports sont plus éloignés, parce que les policiers ne sont pas assez nombreux." Il faut "mettre à nouveau les policiers dans la rue, dans les micro-quartiers", poursuit Mme Aubry, qui attend encore du concret sur cette nouvelle police dont "le gouvernement n'a pas défini vraiment la mission exacte et, surtout, les moyens".

La question revient systématiquement dans la bouche des élus interrogés par l'AFP. "Si ça n'apporte pas de moyens supplémentaires, ça fera vite flop", estime le maire d'Echirolles.

"Si c'est un recyclage d'effectifs, l'efficacité attendue ne sera pas au rendez-vous", abonde Jean-Luc Moudenc, le maire (LR) de Toulouse.

Quatorze ans après sa suppression, la "pol prox" a laissé plus ou moins de nostalgie; en revanche, les suppressions de postes sous Nicolas Sarkozy, qui "ont mis les forces de l'ordre sous tension", font l'unanimité contre elles.

"On a obtenu en 2016 sous Cazeneuve 30 policiers supplémentaires soit un quart de ce qui a été détruit par Sarkozy", relève Eric Piolle (EELV), maire de Grenoble. "Il est primordial que la PSQ amène des moyens supplémentaires pour permettre de répondre aux délits de basse intensité qui parasitent le quotidien des nos concitoyens."

"Quotidien? Ca veut dire que c'est durable, tous les jours, on crée des liens avec les habitants, les commerçants. Les opérations coup de poing sont utiles mais ce n'est pas ça qui déstabilise les groupes de dealers qui vendent leur came au vu et au su de tout le monde. Il faut leur contester le territoire!", avance le maire d'Echirolles.

Selon les communes, les attentes fortes liées à la PSQ diffèrent comme varient le niveau et les formes prises par la délinquance (atteintes aux personnes, aux biens, les incivilités, les occupations illicites de l'espace public, trafic, etc).

Adjoint au maire (PS) en charge de la sécurité à Villeurbanne, près de Lyon, Didier Vullierme se dit convaincu que la PSQ "peut apporter des réponses", mais il sait aussi que "tout ne se résoudra pas d'un coup de baguette magique du jour au lendemain".

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris : session of questions to the government at the Senate
9min

Politique

Face à un « budget cryptosocialiste », la majorité sénatoriale veut « éradiquer tous les impôts » votés par les députés

Ils vont « nettoyer » le texte, le « décaper ». Les sénateurs de droite et du centre attendent de pied ferme le budget 2026 et le budget de la Sécu. Après avoir eu le sentiment d’être mis à l’écart des discussions, ils entendent prendre leur revanche, ou du moins défendre leur version du budget : plus d’économies et faire table rase des impôts votés par les députés.

Le

Marseille: Amine Kessaci candidate
4min

Politique

Assassinat du frère d’Amine Kessaci : le militant écologiste engagé contre le narcotrafic était « sous protection policière et exfiltré de Marseille depuis un mois »

Le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. L’hypothèse d’un assassinat d’avertissement est privilégiée et pourrait faire basculer la France un peu plus vers ce qui définit les narco Etats. C’est ce que craignaient les sénateurs de la commission d’enquête sur le narcotrafic. Le sénateur écologiste de Marseille Guy Benarroche, proche d’Amine Kessaci a pu s’entretenir avec lui, ce matin.

Le

La police du quotidien doit être synonyme de moyens humains
2min

Politique

Assassinat du petit frère d’Amine Kessaci : revoir le documentaire sur le combat contre le narcotrafic du militant marseillais 

Mehdi, le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. En 2020, c’est l’assassinat de son grand frère Brahim, qui avait conduit le jeune garçon à s’engager en politique. Son parcours est le sujet du documentaire « Marseille, des larmes au combat », Anaïs Merad, à revoir sur Public Sénat.

Le

La police du quotidien doit être synonyme de moyens humains
3min

Politique

Projet de loi anti-fraudes : « C’est un objet politique qui vise essentiellement à montrer du doigt la fraude sociale »

Invités sur le plateau de Parlement Hebdo, le sénateur Bernard Jomier (Place Publique) et le député Sylvain Berrios (Horizons) sont revenus sur le projet de loi pour lutter contre les fraudes fiscales et sociales, examiné par la Chambre haute depuis mercredi. La majorité rassemblant les élus de la droite et du centre au Sénat ont affermi le texte en commission, y ajoutant une batterie de mesures qui ne fait pas consensus.

Le